Dans ces situations délicates, l’être humain se surpasse, oublie de dormir et de manger. L’inconscient du cerveau prend la main, diffuse des messages d’alerte biochimiques. L’organisme, en réponse, produit les hormones du stress. Ainsi les corticoïdes. Ils aident à se focaliser sur le travail. Ils stimulent l’éveil, la clairvoyance, l’assimilation des aliments, l’apport d’énergie aux muscles et au cerveau. Cette potion magique naturelle décuple la performance physique et mentale. On comprend tout l’attrait des corticoïdes artificiels pour les sportifs tricheurs.
Si la survie n’est qu’une question de secondes, les catécholamines, dont l’adrénaline, exacerbent l’enchaînement d’actions vitales sans que la volonté n’intervienne. Les endorphines anesthésient les douleurs qui paralysent. Plus tard, on comprend la pertinence de gestes dont on n’a, souvent, plus aucun souvenir. Parfois la réaction de l’organisme est telle qu’on se réveille le lendemain avec une jaunisse ou les cheveux blancs.
Mais attention, au fil des années et des aventures, cette capacité d’adaptation aux agressions épuise notre capital anti-stress. Impossible d’en connaître les limites avant de les avoir franchies. Alors, même si l’envie de se dépasser semble le gage d’une éternelle jeunesse, le corps fatigué a perdu ses ressorts. Il subit sans pouvoir réagir. C’est la porte ouverte aux maladies et au vieillissement prématuré. L’essentiel est dans l’écoute et la gestion de sa propre personne. Ne pas aller trop loin. Rester du bon côté de la ligne rouge.
Source : Dr. Jean-Yves Chauve, médecin officiel du Vendée Globe