Graham Dalton a expliqué hier matin à la conférence de presse de la VELUX 5 OCEANS ce qui était arrivé à A Southern Ocean Man AG pendant la nuit. Le bateau qui devait être remâté était au sec. Le mât pourtant bien protégé a été délogé des quatre ber sur lesquels il reposait par des bourrasques de 60 nœuds de vent qui ont sérieusement abîmées la première barre de flèche située à bâbord. La barre de flèche en carbone devra être minutieusement réparée afin d’assurer la structure et la solidité du mat. C’est essentiel pour les conditions météo dantesques que Graham devrait rencontrer dans les premières nuits de course.
Malgré tout, Graham Dalton continue à positiver : « Ce ne sera pas dimanche, mais je serai au départ. Je prends les choses telles qu’elles sont et la réalité reste ce qu’elle est. Seulement je préfère voir mon verre à moitié plein que vide ! »
L’Américain Tim Troy ne pourra vraisemblablement pas non plus prendre le départ de la course demain, son 60 pieds Margaret Anna n’étant pas à l’heure actuelle en conformité avec les règles de la classe IMOCA. Le bateau n’a en effet pas rempli les critères nécessaires à l’obtention du test de retournement. Ce test s’effectue une fois le bateau demâté, le skipper restant à l’intérieur une fois le bateau à l’envers. Avec les bateaux à quilles basculantes comme Margaret Anna, l’exercice se fait généralement assez vite puisque la quille une fois inclinée permet d’appuyer le re-basculement du bateau. Mais il a manqué quelques degrés à Margaret Anna pour obtenir le test. Sans ce dernier, la classe ne peut malheureusement pas délivrer le certificat de jauge nécessaire au bateau pour prendre le départ demain. Afin de solutionner son problème, Tim Troy a pris contact avec l’architecte de son bateau Bernard Nivelt qui, après calculs, lui a suggéré d’ajouter 300kg au niveau de la quille.
Tim Troy commente : « Je ne suis pas architecte ni constructeur de bateau mais il y a une chose que je sais, c’est que je me serai senti beaucoup plus confiant sans changements de dernières minutes. Je vais me retrouver dans les grands Suds avec un bateau dont je n’aurai pas pu tester les modifs. Ce n’est pas l’idéal mais si je dois le faire, je le ferai ! ».
Conscient que la situation est loin d’être idéale pour lui, Tim Troy ne compte pas laisser tomber. « Ca a vraiment été un combat de tous les jours pour en arriver là où je suis. Ca fait deux ans que je travaille sur le bateau pour préparer la course et comme j’ai un travail à côté, il a fallu que je prenne sur mes soirées et week-end pour être sur le bateau. Tout en essayant de voir ma famille ! Passant non seulement 80 heures à bosser par semaine il a aussi fallu que je prenne un emprunt supplémentaire. Je me suis battu trop fort et trop longtemps pour abandonner maintenant ».
En plus des modifications à effectuer, Margaret Anna devra également repasser le test de retournement.
Pour Tim et Graham, le compte à rebours sera lancé demain. A 24h du départ du défi absolu en solitaire, les six autres marins qui vont prendre le départ ont passés en revue leurs sentiments et la façon dont ils appréhendent la première étape de la course.
Kojiro Shiraishi (JPN) parlant de son bateau
« J’ai fait un grand pas en avant entre le 40 pieds sur lequel j’avais fait la course pour la première fois et le 60 pieds que j’ai actuellement et c’est vraiment excitant. J’étais content du comportement du bateau quand on est sortis il y a trois jours et qu’on a eu pas moins de 60 nœuds de vent. Ca me donné confiance pour la suite des événements ! ».
Alex Thomson (GBR) à propos de son bateau,
« J’ai vraiment confiance en mon bateau cette année. On a quasiment tout cassé à bord au cours de ces deux dernières années, avec notamment la quille et le mât sur le chemin du retour d’Australie. Il n’y a que la coque et le pont qui ont été épargnés ! On a vraiment fait un gros boulot de préparation pour cette course et j’ai une confiance totale dans le bateau ».
Bernard Stamm (SUI), à propos de la première nuit en mer,
« Cette course est probablement la première où l’on commencera par un parcours côtier. Les prévisions météo pour la première nuit ne sont pas bonnes et je pense que l’on sera plutôt en mode survie. Mon but est d’arriver Fremantle, puis Norfolk et enfin d’être de retour à Bilbao alors il s’agit de trouver l’équilibre entre une bonne vitesse et la sécurité du bateau ».
Sir Robin Knox-Johnston (UK), se référant au Golden Globe de 1969,
« Je fais un grand pas en avant sur la VELUX 5 OCEANS passant d’un 32 à un 60 pieds. Mon bateau ne fait que deux fois la taille Suhaili et n’a pas moins de quatre fois sa surface de voile ! C’est une autre paire de manches et comparer ces bateaux serait comme comparer un avion biplan à un Concorde ».
Quand on lui demande s’il est prêt à prendre le départ :
« Bien évidemment, plus on passe de temps sur l’eau mieux on connait son bateau. Je suis sûrement le marin qui a le moins d’expérience à bord des 60 pieds Open ici, mais ma courbe d’apprentissage étant bien plus costaud que celles de mes concurrents c’est plutôt un avantage ! ».
Mike Golding (UK), sur sa vision de la flotte
« Il est probable que dès le début de la course la flotte se sépare en deux groupes. Trois des bateaux présents sont des habitués du circuit Open 60 et l’on peut donc assez logiquement penser les voir en tête. Mais tout le monde va gagner en expérience et vitesse au fil de la course donc on peut s’attendre à tout. Je pense que l’on devrait vivre une course excitante et je je me sens prêt à y aller. »
Unai Basurko (ESP), comme à la maison,
« C’est vraiment un plus pour moi d’être de Bilbao car les medias et les locaux m’apportent une précieuse aide. Je suis vraiment satisfait de mon bateau, que j’avais convoyé de Sydney à Bilbao après sa construction et qui est resté ici depuis. Je n’ai pas envie de quitter la famille mais j’ai vraiment hâte de prendre la mer ».
Le départ de la VELUX 5 OCEANS sera donné dimanche 22 octobre à 13h