Transat B to B : Generali en tête

    generali
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    Il y a encore des milles à faire mais il est extrêmement rare dans une course océanique que les leaders soient aussi à touche touche après 2 300 milles de mer ! Et si pour l’instant, il n’y en a qu’un seul qui emmène la flotte avec peu de décalage sur la trajectoire, il semble tout de même que se dessine de nouvelles opportunités de jouer sa carte… Ainsi, Yann Eliès (Generali) : "Le sourire est de mise ! J’ai lofé (se rapprocher de l’axe du vent) hier soir et ça a payé, même si le classement est un peu articifiel quand il reste autant de milles à parcourir. Mais c’est forcément bon d’être un peu plus à l’Est, plus proche de la route directe. Avant je visais le Groenland, maintenant, c’est plutôt les Açores parce que la situation à changer : il faudra passer entre cet archipel et Madère à cause du déplacement de l’anticyclone vers l’Espagne. Là, je suis à 90° du vent avec 20 à 23 noeuds d’alizé mais la mer est encore hachée et croisée…"

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    Qui sera proconsul ?

    De fait, les prévisions météorologiques annoncent un léger affaiblisement des alizés dès ce vendredi soir, alizés qui vont rester encore au secteur Est pendant deux jours, le temps pour les leaders de déborder l’archipel des Canaries. Et à suivre, un couloir semble s’ouvrir entre Madère et les Açores avec du vent de secteur Sud puis du Sud-Ouest en relation avec une dépression atlantique qui va poindre en début de semaine. Alors, avec des écarts aussi faibles, qui va être couronné "proconsul" parmi les trois premiers dont deux d’entre eux naviguent même à vue : " Rien n’est joué : j’ai même vu Gitana sous un grain ce matin et l’option de Yann est intéressante, bien que je préfère rester dans l’Ouest… En tous cas, le soleil est de retour, ça se réchauffe et il y a moins de mer. J’en ai profité pour faire sècher mes affaires sur le bloc moteur ! Car c’est franchement humide ces monocoques… En trimaran, on pouvait sortir dehors et se mettre au vent sur le flotteur, mais là, c’est la douche en permanence…"

    Loïck Peyron (Gitana Eighty) a perdu une trentaine de milles en un peu plus d’une journée et l’explication du solitaire est claire : "Le vent est très variable en force et en direction et il y a eu des grains qui nous ont ralenti, Marc et moi… Surtout je n’ai plus de girouette : non seulement c’est un repère en moins, mais comme elle était couplée au pilote automatique, il faut que je surveille en continu le cap du bateau…" Mais si ce trimuvirat va avoir l’occasion de se tirer la bourre ces prochaines heures, il doit se méfier d’un "putch" par l’arrière ! Michel Desjoyeaux (Foncia) est remonté comme une catapulte romaine : "La journée est enfin ensoleillée et comme je suis l’un des plus rapides de la flotte en ce moment, je suis content ! Le vent se calme doucement mais la vitesse reste calée à 15-16 noeuds. Ca va encore mollir ce soir et je vais pouvoir sortir dehors. Il commence à faire un peu frais la nuit et c’est fort agréable de profiter du soleil dans le cockpit."

    "Tu quoque mi fili"

    Et qui dit ralentissement par devant, dit regroupement par derrière ! Kito de Pavant (Groupe Bel) connaissait de meilleures conditions de navigation lors de la vacation radio de 16h au salon nautique de Paris : "La mer est plus ordonnée mais il y a des grains et des vents irréguliers. Cela impose plus de manoeuvres, plus de travail, mais c’est plus agréable de pouvoir sortir et d’être moins secoué. J’ai des problèmes d’étanchéïté au niveau des ballasts, d’une cadène de hauban et de l’accastillage. Mais bon, on s’habitue à tout !" Mike Golding (Ecover) sait aussi ce que fuite veut dire, lui qui doit vider régulièrement son ballast avant qui se remplit sans son assentiment… "Mais ce ne sont que des problèmes de jeunesse". Il n’en reste pas moins que les sept premiers, en comptant Bernard Stamm (Cheminées Poujoulat) un peu plus décalé, sont encore dans le match pour le podium.

    Avec des conditions de mer qui s’améliorent et un alizé qui se stabilise vent de travers, le week-end sera plus paisible pour les quatorze solitaires, Armel Le Cléac’h (Brit Air) faisant toujours route au moteur avec un morceau de gréement de fortune, vers le Cap Vert. L’occasion aussi de se démarquer un peu plus pour ces "praticiens de la mer" qui n’hésiteront pas un instant à porter un coup fatal… De préférence la nuit, comme Yann Eliès la veille ? Une trahison sur la route de Port la Forêt… Non, mais une stratégie d’enveloppement pour contourner les hautes pressions qui se massent au large de la péninsule ibérique tel un bataillon de spadassins assassins des hautes vitesses !