Le skipper de Sodebo n’a pas fermé l’œil depuis hier matin. Périlleux dans ces conditions de rester même quelques minutes à l’intérieur de Sodebo, tant il faut surveiller les mouvements du bateau et veiller à ce que le pilote automatique négocie bien la vague. Sournoise, cette mer ne prévient pas. Le bateau se soulève, il faut réagir, choquer pour soulager la bête afin qu’elle reste sur la piste.
Ce n’est pas encore le Grand Sud mais cette zone d’alizés de près de 30 nœuds établis avec des « claques » à plus de 35 nœuds fait entrer le marin dans le « dur ». D’autant qu’il n’y a pas de Lune en ce moment. C’est nuit noire pendant encore près d’une semaine, ce qui rend ce numéro d’équilibriste encore plus stressant.
Malgré tout, voici Sodebo déjà en approche du Cap Vert sous deux ris dans la grand voile et « string » (petit gennak’), avec une avance ce matin qui dépasse les 100 milles sur Francis Joyon. Plus de 580 milles parcourus ces dernières 24 heures, soit environ 1000 kilomètres avalés d’une traite.
Avec ses routeurs, Thomas a défini une limite pour aborder le Cap Vert, en restant à 80 milles dans l’Ouest de l’archipel afin d’éviter le dévent des îles. Pas de tourisme donc pour le skipper qui regarde à moyen terme le passage du Pot au Noir. Comme l’expliquait Thierry Douillard (routeur) ce matin : « Si Sodebo passait la zone de convergence intertropicale aujourd’hui, ce ne serait pas très bon mais dans deux jours, cela s’annonce meilleur. Le Pot au Noir est relativement Sud avec une activité moyenne d’après les fichiers. Attendons un peu pour tirer des conclusions. On sait à quel point cela évolue vite dans la région. Nous devrions le passer à peu près comme Francis Joyon, c’est à dire entre le 26 ou 27e degré Ouest. »
Avance à 11h : 105,5 milles
