Une nuit furieuse
Au moment de contourner la pointe sud-ouest de l’Irlande, les équipages tentent de récupérer de ces 24 dernières heures houleuses, pour ne pas dire furieuses. De façon suggestive et parfois imagée, les skippers ont raconté chacun à leur manière ce qu’ils ont vécu la nuit dernière : d’abord le passage à Bishop Rock avec 40 nœuds de vent, les vitesses qui s’affolent, les paquets de mer qui balayent le pont, l’impossibilité de barrer, les craquements sournois du bateau qui tape, le froid et l’humidité.
Mardi à midi, ce n’était pas encore fini, comme le décrivait Jean-Luc Nélias, en tête à bord de Sill et Veolia : « Cette nuit, nous avons eu des pointes jusqu’à 46 nœuds. Depuis le Cap Lizard, c’est le pilote automatique qui barre car il y a des paquets d’eau de mer très puissants qui arrivent sur le pont. C’est à la fois très inconfortable et dangereux pour un barreur. Le passage des Scilly était très spectaculaire. Là, nous avons le Fastnet sur notre travers, il y a encore 30 nœuds de vent irrégulier en direction. Il y a une belle houle, ça fume de tous les côtés, il est difficile d’aller voir dehors sans se prendre des seaux d’eau salée dans le visage. Bref, ça tasse, ça secoue, ça pilonne, ça vibre ! »
Caen La Mer et Cheminées Poujoulat renoncent
Caen La Mer en a fait les frais. Victime d’une multitude de petites avaries, son skipper Jean- Baptiste Dejeanty décidait de jeter l’éponge et de faire route vers Ouistreham où il est attendu vers 22 heures. Les circonstances sont différentes pour l’équipage de Bernard Stamm. Dans la nuit, Cheminées Poujoulat cassait sa dérive après avoir heurté un objet flottant. Incapable de faire la route sans dérive et de rivaliser avec ses concurrents, Stamm choisissait à regret de faire demi-tour vers Brest.