Séparation de trafic dans le golfe de Gascogne

Gérald Véniard - Macif
DR

C’est bien le charme des météos printanières : le temps espéré n’est que rarement au rendez-vous tel qu’on l’attendait. Pour cette première nuit de navigation, les solitaires imaginaient devoir lutter dans du tout petit temps. Corollaire de ce pensum, la première journée de navigation devait au moins laisser quelques heures de répit, de ces instants bénis où l’on peut enfin goûter au plaisir d’avoir largué les amarres les pieds au sec et l’esprit en paix. Visiblement, le scénario idéal a subi quelques accrocs puisque les quelques concurrents joints à la vacation de ce matin, s’ils disaient avoir vécu un début de nuit presqu’idéal, décrivaient une première journée pour durs à cuire. Après une nuit à avoir glissé sous la lune dans un ciel sans nuage, le vent était finalement monté rapidement engageant tous les solitaires dans des manœuvres de changements de voile. Une entrée en matière sans nuance qui demandait de dérouiller la boîte à muscles tout en gardant le neurone vif au vu du casse-tête météo des prochains jours.

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Baladins du monde occidental contre hommes du sud

Le passage du premier front en fin de matinée a déjà provoqué une première cassure au sein de la flotte des quatorze monotypes. En route vers le sud, la majorité emboite le pas d’un groupe de baroudeurs, Erwan Tabarly (Athema), Armel Tripon (Gedimat) et Nicolas Troussel (Financo). Quand on connaît la capacité de ces trois-là à mener jusqu’au bout des options radicales, on comprend que nombre de solitaires surveillent les envies d’indépendance de ce trio comme le lait sur le feu. A l’ouest, Franck Le Gal (Lenze), auteur d’un début de course tonitruant, mène la danse devant Thierry Chabagny (Suzuki Automobiles) et Isabelle Joschke (Synergie). La jeune navigatrice démontre là qu’elle ne craint pas de se frotter à l’adversité : reléguée hier en queue de peloton, elle a réussi dans la nuit à revenir titiller le tableau arrière de quelques uns des gros bras de la course et pointait en quatrième position. Elle qui se dit totalement déterminée, démontre aussi qu’un gabarit poids plume sur une tête bien faite peut avoir des arguments à faire valoir. Quand on sait que la demoiselle avoue aimer plus particulièrement les courses de longue haleine, on se dit qu’il va peut-être falloir compter avec elle…


La raison du juste milieu

Toutes ces considérations ne semblent pas émouvoir Gildas Morvan qui, à la faveur d’une route un peu plus proche du vent de ses compagnons de route, a réussi à se caler aux avant-postes, à une quinzaine de milles dans le sud du groupe de l’ouest. Quand chacun cherche son salut par les ailes, le skipper de Cercle Vert, fort d’une maîtrise parfaite de sa conduite, réussit à créer le petit décalage qui lui permet de contrôler les velléités de ses adversaires. Gauche, droite, centre… les rotations à venir du vent, ouest à nord-ouest avant de rebasculer au sud-ouest, laissent augurer d’une bataille tactique d’envergure avant le passage du cap Finisterre. Certains craignaient une course de chevaux de bois où la vitesse le disputerait à toute autre considération. La traversée du golfe de Gascogne va déjà donner l’occasion de rebattre les cartes plusieurs fois. A charge pour chacun de se constituer la meilleure main…

Le mot du jour : bascules
A l’approche de systèmes météo relativement rapides comme les dépressions qui soufflent au nord du golfe de Gascogne, les rotations de vent sont relativement franches. Généralement, le vent s’oriente au sud à sud-ouest avant de tourner plus ou moins franchement à l’ouest au passage de la dépression. Les navigateurs qui avancent aux allures de près doivent composer au mieux avec ces rotations. Pour exemple : une rotation de 5° procurera un avantage de 1 mille pour un voilier situé du bon côté de la rotation par rapport à un voilier situé 10 milles plus loin.

Ils ont dit :
Gildas Morvan – Cercle Vert – 1er au classement de 15h00
« C’est plutôt sympa d’être devant, c’est agréable ! On était à vue cette nuit avec beaucoup de lune. Maintenant on est au près, on a du vent jusqu’à 25 nœuds donc on passe du temps à changer les voiles. Pour le moment ce n’est pas très franc donc je continue encore un peu à bâbord avant de changer. C’est un vrai temps de Port la Forêt l’hiver ! Cette nuit j’ai réussi à manger et ce matin à dormir un peu ; donc tout va bien à bord. J’aime beaucoup le rythme Figaro, mais la Transat aussi. C’est différent, mais le principal pour moi c’est quand ça avance ! »

Franck Le Gal – Lenze – 2ème au classement de 15h00
« Même si on est habitué, on a toujours un pincement au cœur de se séparer de ses proches donc on met un peu de temps à se mettre dans le bain. Jusque là j’ai dormi 5 phases de 25 minutes et comme je suis au près je vais y retourner dans peu de temps. Comme nous ne sommes qu’en début de course je mets une alarme, mais au fur et à mesure on prend le rythme ; donc on n’a plus besoin de réveil.
Depuis le départ je grignote pas mal, je dors, je m’hydrate beaucoup. En fait je mets toujours un peu de temps pour être à 100% de ma forme. »

Gérald Véniard – MACIF – 7ème au classement de 15h00
« J’ai toujours aimé le large mais je l’ai plus connu en croisières avec la famille. C’est grâce à Jeanne Grégoire que j’ai gouté au large en course et depuis j’aime ça ! Mais en solitaire c’est une grande première et avec le soutien de la MACIF, ca va être une grande partie de plaisir. Mon objectif ? Me faire plaisir en faisant un podium. »