La bataille se poursuit en Ultime. Caudrelier impose son tempo sous la pression de Gabart et Coville prêts à profiter de la moindre défaillance du Maxi Edmond de Rothschild qui fait un quasi sans faute jusqu’à maintenant. Il reste encore 3 jours de course et cela promet une arrivée magnifique prévue mercredi.
Charles Caudrelier a réussi à augmenter un peu son avance cette nuit mais l’écart reste infime, seulement deux heures d’avance alors que l’arrivée et le tour de la Guadeloupe se profile pour mercredi.
14/11/22 – 05h55 : Vacation / Ultim – Charles Caudrelier / Maxi Edmond de Rotschild – © 6ème Sens
François Gabart, à bord du Trimaran SVR-LAZARTIGUE a reconnu avoir eu un problème sur un foil qui l’a contraint à quasi s’arrêter deux heures pour effectuer une réparation. Mais il disposerait désormais d’un bateau à 100% de son potentiel et se réjouit à la perspective de lutter jusqu’au bout avec ses adversaires pour aller chercher la victoire. « Les dernières 24 heures ont été intenses et denses, raconte François. Il s’est passé pas mal de choses. Samedi soir, aux Açores, on a eu un passage très très joli au ras de ces bouts de terre, mais assez technique avec du vent et un virement de bord. Dans la traine, il faut aller vite et on a fait un bord assez dingue avec plus de 40 nœuds pendant plusieurs minutes voire même plusieurs heures. C’était une super sensation même si c’était un peu chaud avec du vent et des grains. »
Depuis la nuit de samedi à dimanche, après un formidable match-race entre les îles des Açores, les bateaux de tête, qui ont tous opté pour partir rapidement vers le sud, ont enfin réussi à toucher les alizés et les vents portants. Si François a perdu quelques milles suite à un problème de foil finalement réparé, il aborde avec une grande détermination les derniers jours de course.
Comme il y a quatre ans, où il avait seulement échoué de sept minutes face à Francis Joyon, les dernières journées et sans doute même les dernières heures de course risquent d’être particulièrement intenses et indécises. « Je suis vraiment super content d’avoir réussi à bricoler et à repartir. Le bateau va bien et va vite. Le Trimaran SVR-LAZARTIGUE est à nouveau 100% opérationnel. » De quoi se projeter avec beaucoup d’envie sur les derniers jours de traversée vers la Guadeloupe avec notamment le contournement de l’île et tous ses pièges. « Maintenant que tout est réparé, je vais essayer de rattraper le retard. Il reste encore plein de choses à faire jusqu’à la ligne d’arrivée et ça va être top. » L’arrivée est pour le moment estimée à mercredi midi TU (13 heures, en métropole) soit autour de 7 jours de course, une marque qui serait alors inférieure au record de Francis Joyon et IDEC Sport établi il y a quatre ans en 7 jours 14 heures 21 minutes et 47 secondes. SON DU BORD
Des manœuvres particulièrement nombreuses et éprouvantes
La première partie de course essentiellement disputée face aux vents a obligé les skippers à effectuer de très nombreuses manœuvres. Sur le Trimaran SVR-LAZARTIGUE, François Gabart a par exemple effectué 19 virements avec à chaque fois la nécessité de changer la configuration de voiles (grand-voile/J2, puis grand-voile/J0, puis grand-voile/J1, puis grand-voile/J2 puis 1 ris/J2). Si les prochaines heures devraient être un peu plus calmes avec des vents portants, le contournement de la Guadeloupe pour rejoindre Pointe-à-Pitre nécessitera à nouveau de multiples manœuvres.
Morgan Lagravière, talentueux équipier du Maxi Edmond de Rothschild et skipper remplaçant de Charles sur la Route du Rhum revenait sur la journée d’hier qui, si elle n’a pas bousculé la hiérarchie établie au sein des Ultims, restera dans les esprits comme un passage clé de ce millésime 2022 : « Au-delà des vitesses qui génèrent du stress et demandent une attention accrue, c’est une phase de course très engagée pour les solitaires. Hier, ils ont dû laisser beaucoup d’énergie dans le passage du front qui était bien tonique mais aussi dans le fait de devoir adapter un nouveau plan de route. Ils étaient partis vers le Sud en direction des alizés mais comme la porte s’est refermée, il a fallu refaire de l’Ouest et se reconditionner pour aller affronter du vent fort au près. Physiquement et émotionnellement, c’était une grosse journée avec l’enchaînement du passage du front associé à des hautes vitesses. Depuis, on rentre un peu dans une nouvelle course avec de nouvelles conditions sous J0, au portant VMG. C’est l’allure qui va prédominer jusqu’à l’arrivée. Il faudra trouver le bon compromis entre la vitesse et l’angle. »