Transat Café l’Or. Thomas Coville et Benjamin Schwartz, deuxièmes en ULTIM : “On s’est éclatés !’

FORT-DE-FRANCE, MARTINIQUE : Sodebo Ultim 3, skippers Thomas Coville and Benjamin Schwartz take second place in the ULTIM category of the Transat Café l'OR 2025 on November 6, 2025 in Le Havre, France. (Photo by Jean-Marie Liot / Alea)

Thomas Coville et Benjamin Schwartz ont franchi en deuxième position la ligne d’arrivée des ULTIM en baie de Fort-de-France pour la 17ème édition de la TRANSAT CAFÉ L’OR Le Havre Normandie. 4h et 26 mn après Tom Laperche et Franck Cammas. Le temps de course de Sodebo est de 10 jours, 17 heures, 340 minutes et 9 secondes. Il a effectué les 5400 milles du parcours entre Le Havre et Fort-de-France à la vitesse de 20,97 nœuds sur l’orthodromie (route directe).

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Il a en réalité parcouru 6 591,36 milles à la vitesse moyenne de 25,6 nœuds (sur l’eau).

Thomas Coville a 57 ans, des transatlantiques en pagaille mais ça ne l’empêche pas d’avoir toujours la même envie et la même détermination. Pour cette édition, il a embarqué Benjamin Schwartz (39 ans), skipper particulièrement expérimenté mais bizuth en ULTIM sur la TRANSAT CAFÉ L’OR. À bord d’un bateau éprouvé (il a été mis à l’eau en 2019), le duo a su en tirer le meilleur au point de rivaliser longtemps avec SVR-Lazartigue. Brièvement leaders au cap Finisterre, Thomas et Benjamin sont revenus au contact au Pot-au-noir avant de sécuriser la deuxième place devant Actual Ultim 3. Thomas Coville retrouve ainsi le podium de la TRANSAT CAFÉ L’OR qu’il n’avait plus occupé depuis sa victoire en 2017 avec Jean-Luc Nélias.

Thomas Coville :
« J’ai apprécié la manière dont on s’est battus depuis le début. On s’est éclatés, on est allés chercher les meilleurs, on a eu une trajectoire agressive. Nous sommes une équipe qui progresse, qui est dangereuse. Pour y parvenir, on avait besoin d’un changement, et c’est pour ça que j’ai demandé à Benjamin de nous rejoindre. Je suis très fier d’être allé chercher quelqu’un d’aussi brillant que lui, c’est ça, ma fierté.

On s’est battus pour aller chercher Tom et Franck, ils nous ont craints dans le Pot-au-noir. Bravo à eux : ils ont fait la course parfaite, c’est un privilège de se bagarrer avec de tels skippers. Je pense à Anthony (Marchand) et Julien (Villion), avec qui on a été en contact, et à Armel (Le Cléac’h) et Sébastien (Josse), qui ont eu la classe de repartir et de reprendre la course. »

Benjamin Schwartz :
« On est fatigués mais heureux. La joie du résultat fait qu’on oublie tout : c’est la satisfaction qui prime. Avec SVR-Lazartigue, ça a fait l’élastique tout du long. On a attaqué à l’intérieur des Canaries et on a manqué un peu de réussite pour traverser le dévent. C’est dommage, parce que ça nous aurait permis de passer à la caisse. Au Cap-Vert, on a tenté de suivre l’ouverture à l’est pour attaquer le Pot-au-noir en même temps que les leaders. Ça s’est joué à un nuage près, parce qu’on était à la même latitude avant qu’ils ne déroulent. On s’est battus jusqu’au bout pour donner tout le potentiel de vitesse, et on finit à seulement quatre heures de SVR-Lazartigue. C’était une course magnifique ! »

Sodebo Ultim 3 a pris ce jeudi, à 2h40 à Fort-de-France (7h40 en métropole), la deuxième place de la 17e édition de la Transat Café L’Or. Une très belle performance pour Thomas Coville, qui monte ainsi pour la quatrième fois sur le podium de la transat en double (victoires en 1999 et 2017, 2e place en 2015), et Benjamin Schwartz, dont c’était la toute première participation. D’entrée dans le match, le duo a su rivaliser en vitesse avec ses concurrents et faire preuve d’audace lors de certains passages clés de la course. Sodebo Ultim 3, qui arrive en très bon état à Fort-de-France, aura mis 10 jours, 17 heures, 30 minutes et 9 secondes pour boucler les 5400 milles du parcours entre Le Havre et la Martinique. Thomas et Benjamin terminent à seulement 4 heures, 26 minutes et 11 secondes du vainqueur, SVR-Lazartigue (Tom Laperche/Franck Cammas). Ils réalisent ce parcours à la moyenne de 20,97 nœuds sur la route directe (25,60 nœuds sur les 6591 milles réellement parcourus).

C’est avec le sourire et le sentiment d’avoir été à la hauteur de l’enjeu sportif que Thomas Coville et Benjamin Schwartz ont commenté dans la nuit martiniquaise leur deuxième place sur la Transat Café L’Or, après plus de dix jours d’une régate intense entre Le Havre et Fort-de-France. « Je retiens la manière avec laquelle nous nous sommes bagarrés depuis le début, nous avons été chercher les meilleurs », s’est félicité le premier, avant, toujours fair-play, de concéder : « Bravo à Tom (Laperche) et Franck (Cammas) qui ont fait la course parfaite, c’est toujours un privilège de se battre contre des gens comme ça. Je pense aussi à Julien (Villion) et Antho (Anthony Marchand, Actual Ultim 4), avec lesquels nous avons été très souvent au contact, mais aussi à Armel Le Cléac’h et Jojo (Sébastien Josse, Maxi Banque Populaire XI), qui ont eu la classe de repartir (après leur arrêt à Lorient en début de course suite à une avarie de safran) et de revenir avec l’esprit du Chacal. »

Thomas Coville rappelle « la trace agressive depuis le début » de Benjamin Schwartz, qui, au sein du binôme, était particulièrement en charge du routage – l’aide extérieure était pour la première fois interdite sur cette édition. L’occasion pour ce dernier de revenir sur le déroulé de la transat, avec un petit avantage pris en sortie de Manche par SVR-Lazartigue qui, plus de 5000 milles plus tard, s’avérera décisif. « Ce petit avantage leur a permis d’aborder la dorsale (dans le golfe de Gascogne) en premier et d’en ressortir devant, même si ça ne s’est pas joué à grand-chose qu’on arrive à sortir en même temps qu’eux. Derrière, ça a fait l’élastique tout le long. » En position de chasseurs, Thomas Coville et Benjamin Schwartz se sont alors montrés particulièrement offensifs dans leurs stratégies, comme le raconte le marin de 38 ans, qui disputait sa toute première Route du Café : « Nous avons attaqué à l’intérieur des Canaries, c’était à mon avis une bonne idée, mais nous avons manqué un peu de réussite dans la réalisation à vouloir traverser les dévents, plutôt que de naviguer dans le vent de devant. C’est un « passage à la caisse » que nous avons vraiment regretté, parce que derrière, ils sont repartis et ça s’est transformé en « Catch me if you can ». »

Même chose au Cap Vert : « Nous sommes de nouveau agressifs d’entrée de jeu, car on constate que sur SVR LAZARTIGUE, ils veulent passer plus ouest en entrée de Pot-au-Noir, poursuit Benjamin Schwartz. De notre côté, on voit qu’il y a éventuellement une ouverture à l’est, donc notre stratégie est de passer à l’est des îles, pour ne pas subir leurs dévents et avoir se décaler à l’ouest. L’objectif était de rentrer dans le Pot-au-Noir en même temps qu’eux pour avoir la possibilité de sortir dans le même tempo. Au final, ça s’est joué à un nuage près, car à la sortie, nous sommes à la même latitude qu’eux, mais ils arrivent à partir un peu devant et derrière, ils déroulent, c’était quasiment plié. » Et l’intéressé d’ajouter : « Nous nous sommes battus jusqu’au bout. Nous avions un petit avantage en vitesse à certaines allures que nous avons essayé d’exploiter, et finalement, on termine quatre heures derrière le vainqueur, donc pas très loin. On a essayé de leur mettre la pression jusqu’à l’arrivée, c’était une course magnifique et c’est la satisfaction qui domine. »

Satisfaction également pour Thomas Coville, qui malgré la frustration de ne pas avoir gagner ajoute : « Nous nous sommes vraiment battus pour aller chercher Tom et Franck, je pense qu’au moment du Pot-au-Noir, ils nous ont craints. Et dans le vent fort, nous allions plus vite qu’eux, c’est la preuve que notre équipe progresse. Nous avons beaucoup fait évoluer le bateau ces deux dernières années, mais pour concrétiser cette spirale, il fallait faire quelque chose qui m’a demandé énormément d’énergie. »

Benjamin Schwartz ajoute : « Cette belle 2ème place est avant tout collective avec tout le Team. Avec Thomas, on vient apporter la touche finale en faisant le boulot sur l’eau, mais autour de nous, il y a des dizaines d’ingénieurs et de techniciens qui travaillent d’arrache-pied depuis un an pour nous fournir un bateau optimum en termes de performances et de préparation. La meilleure manière de les remercier, c’est de performer, je suis fier d’arriver à délivrer ce résultat. Il nous manque encore un petit quelque chose, mais nous allons continuer sur cette lancée. L’année prochaine, la Route du Rhum est au programme de Thomas, on sera au rendez-vous, c’est sûr ! »

Le mot de la fin est pour le skipper de Sodebo Ultim 3, qui se projette lui aussi sur la suite : « J’ai envie d’aller chercher cette marche qui nous manque, et donc la victoire sur la Route du Rhum. Je l’ai eue en monocoque (1998), j’ai envie de l’avoir en multicoque, comme sur la Transat Café L’Or (victoire en 1999 puis 2017), nous allons jouer cette carte à fond ! »