Riou, Breton de l´année

Portrait Vincent Riou 2005
DR

Derrière Riou, en revanche, les places ont été beaucoup plus disputées. C’est finalement Christophe Le Mével qui monte sur la deuxième marche du podium. Sa victoire dans une étape du Tour d’Italie, la première d’un Français depuis vingt ans, a pesé dans la balance. Quant au troisième, il s’agit du joueur de tennis briochin Marc Gicquel, licencié au Patton de Rennes. Surprenant ? Pas tant que ça : nº 11 national, il approche peu à peu de la 100 e place mondiale.
Vincent Riou n’est ni très expansif ni très bavard, mais c’est un grand marin. Il ne parle pas pour ne rien dire, c’est tout. « Je ne suis pas extraverti, je garde mes émotions pour moi et les miens », disait Vincent Riou à son arrivée aux Sables-d’Olonne, en février dernier. Après 87 jours, 10 h 47’ 55’’ et une bagarre sans merci contre Jean Le Cam, le Bigouden venait de réaliser un coup de maître pour son coup d’essai dans le Vendée Globe. Dans le sillage de Michel Desjoyeaux, qu’il avait rencontré sur la Solitaire du Figaro 1998 avant de devenir son second, Vincent Riou, discret et calme, a démontré sur le Vendée Globe qu’il n’en est pas moins tenace et compétiteur.

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A la barre de PRB, le monocoque qui avait mené quatre ans auparavant Michel Desjoyeaux au sommet du Globe, il a décroché là sa première victoire en solitaire. Joli coup. « De ma vie de marin, je n’ai jamais eu un tel accueil. Si tu n’as pas connu ça, tu n’as rien connu », lancera-t-il en posant sac à terre aux Sables-d’Olonne, le 2 février. Originaire de Loctudy, Vincent Riou est né avec de l’iode dans les veines. Dès 7-8 ans, comme tout bon Breton du bord de mer, il démarre sur Optimist dans le club nautique de sa commune. Déjà solitaire dans l’âme à 15 ans, Vincent se dirige vers le Laser plutôt que vers le 420. Il y fera ses premières armes en compétition. Et puis, un jour, il se retrouve aux Glénan où il va rester et même y devenir chef de base. A 19 ans, le Loctudiste décide d’arrêter ses études. Et comme dans toute belle histoire, il y a de belles rencontres qui vont changer sa vie. Un matin de 1995, il croise la route de Jacques Pichavant, patron du chantier naval de Pont-l’Abbé. Ce dernier va le prendre sous sa coupe et lui donner les bonnes bases de ce milieu. Très vite, le Loctudiste va se montrer un grand technicien. En 2000, c’est le « Professeur » Desjoyeaux qui lui fera confiance en l’associant à son projet de monocoque 60 pieds, PRB. Ce même bateau, revu et corrigé, le mènera à la victoire sur la grande boucle. Un canot qu’il connaît sur le bout des doigts et pour cause.
A 33 ans, arrivé sans faire de vague ni de bruit, Vincent Riou vient donc de connaître la « tempête » d’une victoire aux Sables-d’Olonne et toutes les sollicitations que cela implique. Mais comme il le dit humblement : « C’est vrai que les gens me reconnaissent plus souvent qu’avant. Mais je vis tellement retiré que, pour ma vie de tous les jours, ça n’a rien changé ». Sauf que sur son CV, il a pu ajouter une ligne très importante : vainqueur du Vendée Globe 2004-2005. Et ça, ça fait toute la différence. Ce solitaire n’est pas pour autant égoïste. Pour preuve, quand il ne sillonne pas toutes les mers du monde, il est équipier sur la vedette de la SNSM de Loctudy. Un skipper au service des marins. Il aime tellement la mer et la compétition qu’il se prend même au jeu sur des Caravelle : « C’est le bateau sur lequel je faisais la sécurité quand j’étais aux Glénan ! Je n’avais jamais fait de régate sur cet engin, mais ce n’est pas facile de le faire marcher ! », précise-t-il. C’est sûr que par rapport à un 60 pieds Open de haute technologie… Puisqu’on vous dit qu’il n’a pas changé ! Cela ne l’empêchera pas de tenter en 2008 d’être le premier à gagner le Vendée Globe deux fois de rang. Et, cette fois-ci, sur un bateau tout neuf.

Source Le Télégramme