La brise de 40 nœuds qui avait présidé, le 26 décembre dernier, à la régate in-shore de Cape Town, donnait aux équipages, si besoin était, un avant goût de ce qu’ils allaient devoir affronter pendant la quinzaine de jours que devrait durer cette seconde étape de large. Une route longue de 6 100 milles, avec deux points de passage obligés, créditeurs de points pour le classement général, les Iles Kerguelen et Eclipse Island au Sud-Ouest de l’Australie, avec une ETA à Melbourne vers le 19 janvier.
Les mers du Sud ont très largement participé à la construction du mythe de cette course autour du monde, principalement lors de ses premières éditions, lorsqu’elle s’appelait la "Whitbread ». En effet, à sa création en 1973, personne ne s’y était encore aventuré en course, sur des voiliers modernes. Trois hommes n’en étaient pas revenus.
Si le froid, les vagues gigantesques, les icebergs, les risques d’hommes projetés à la mer sont fortement inscrits dans les esprits, naviguer en équipage sous ces latitudes extrêmes reste une expérience unique qui marque à jamais les marins qui ont eu le privilège de participer à cette épopée maritime.
Sidney Gavignet – ABN AMRO ONE – Leader du classement général provisoire
Comment abordez-vous une étape dans les mers du Sud ?
Sidney : Avant de rentrer dans l’Océan Indien, on est inquiets, car les bateaux sont très durs et exigeants, et l’eau va forcément être froide. Mais on est très bien préparés, donc on va faire les choses calmement et ne pas prendre de risques avec le matériel ou les hommes. Cela devrait donc bien se passer. Par contre, il y a beaucoup de glaces annoncées sur notre route. Apparemment le réchauffement de la planète doit bien exister car à chaque fois que l’on passe les glaces sont de plus en plus hautes en latitude. D’un côté, moi, j’aime bien voir des icebergs, car un tour du monde sans voir de glaçons, c’est dommage. Mais, d’un autre côté, on va tellement vite maintenant que le moindre bout de glaçon qu’on heurterait serait fatal. C’est donc un sentiment un peu mitigé…
Sébastien Josse – ABN AMRO TWO – 3ème du classement général provisoire
C’est la première fois que certains de vos équipiers vont affronter ces mers du Sud, est-ce que cela vous met un peu plus de pression en tant que chef de bord ?
Sébastien : C’est vrai, c’est la première pour certains d’entre eux. Mais j’ai déjà fait un briefing pour leur expliquer comment cela pouvait se passer. C’est sûr que je vais faire très attention à la façon dont on va mener le bateau. Mais après, c’est toujours la première fois pour quelqu’un. Avant, c’était la première fois pour Paul Cayard avec Team EF dans la Whitbread 97-98 (vainqueur), pour Neal McDonald en 2001-2002 sur Assa Abloy (2ème), et ils s’en sont très bien sortis. Pour tous les navigateurs qui sont ici, cela a été une première fois un jour, donc il ne faut pas non plus en faire une montagne. Mes équipiers savent tous très bien naviguer. Ils l’ont prouvé dans la première étape off-shore et dans les deux régates in-shore. Tout particulièrement dans l’in-shore de Cape Town, le 26 décembre dernier qui s’est disputé dans des vents très soutenus. Je ne m’en fais pas trop pour leurs réactions dans les mers du Sud. A bord, il y a une bonne ambiance, ce sont des bons marins et ils ont tous la tête bien solide et c’est cela qui est le plus important.
Vous n’allez donc pas changer votre manière de diriger le bateau ?
Sébastien : Non. On ne va rien changer. On va faire comme d’habitude. Je pense que c’est mieux, car plus il y a changements, et moins cela marche.
Source ABN AMRO