
Yoann Richomme part sur le Rhum avec class40 (Lift40) tout juste mis à l’eau. « Vu ce qui nous attend, j’ai l’impression qu’on va vite passer du mode régate au mode survie car on ne va pas avoir d’autre choix que de faire le gros dos pour essayer de passer entre les mailles du filet », annonce Yoann Richomme qui a pour habitude d’appeler un chat un chat. « Bien sûr, ça peut encore évoluer mais pour l’instant c’est très fort et ce n’est pas très rassurant. J’ai vécu un peu la même chose pendant la Transat Bretagne – Martinique en 2013, et j’imagine donc assez bien les types de mer et de vent que l’on va rencontrer. Ce que je ne sais pas, en revanche, c’est la façon dont va se comporter le bateau dans ce genre de conditions car depuis sa mise à l’eau, fin juin, je n’ai pas eu l’occasion de le tester et de l’éprouver dans du gros temps. Ça restera un regret et dans l’immédiat, ça génère chez moi un peu de stress et d’angoisse », explique le skipper de Veedol – AIC, pourtant rompu aux exercices difficiles et, par ailleurs, l’un des grands favoris de la course dans sa catégorie.
Placer les curseurs au bon endroit
« Le contexte ne va pas être facile mais il faudra réussir à garder ses objectifs en tête, à commencer par celui de finir. Ce n’est pas un sentiment très agréable même si ce n’est pas vraiment une surprise d’être finalement confronté à ce type de météo en novembre », avance le vainqueur de la Solitaire du Figaro 2016 qui compte bien s’installer aux avant-postes d’emblée. « Bien partir sera important surtout que plus on sera rapide au début, moins on prendra cher ensuite. Il va falloir être concentré sur la vitesse dans les premiers milles et ne pas ménager ses efforts car je pense que la situation que l’on va vivre va vite générer des écarts conséquents au sein de la flotte », assure le marin qui redoute logiquement la casse matérielle qui ruinerait tous ses efforts et l’empêcherait d’aller au bout de sa transat. « On sait qu’on va avoir 5 ou 6 jours assez engagés puisque potentiellement, on va se prendre trois dépressions dans la figure. Il faudra réussir à placer les curseurs au bon endroit. Ce ne sera pas facile mais primordial car selon moi, c’est clairement dans cette phase que va se jouer la course », déclare Yoann Richomme. C’est dit.