Sur la zone de course, au large du sud Portugal, les trimarans 60 pieds ont rattrapé les monocoques. Ils ont renvoyé de la toile et vont vite. Les multis à 20 nœuds de moyenne, les premiers monos à 14 noeuds… Dénominateurs communs pour tous à la vacation du jour : le retour au vent portant, à une mer relativement assagie et donc à une vie plus normale. Tous se félicitent des nouvelles rassurantes des naufragés, parlent du bricolage, racontent les multiples avaries minimes subies pendant le coup de vent, le rangement à faire, le soleil revenu, le premier plat chaud et les premiers vrais sommeils depuis le départ…La compétition reprend ses droits en même temps que le moral. Comme celui de Franck Proffit, sur Groupama 2 : « la mer est plus organisée, homogène. On sent le sud, ça se réchauffe. Il y a un peu de soleil et on va plutôt dans le bon sens. Je sors d’un peu de bricolage, car on a cassé la barre en coinçant l’écoute de gennaker dessous, mais je viens de finir, c’est réglé et le bateau va bien, tout va bien. Il y a deux ans (lors de leur victoire dans cette même Transat Jacques Vabre, NDR) nous étions déjà dans ce rythme cossu, et ça se passe plutôt bien pour nous ».La rotation du vent de nord-ouest au nord-est pour environ 15 nœuds a déclenché le premier jeu d’empannages pour conserver le meilleur angle et éviter le vent arrière pénalisant pour la vitesse des machines. Vingt milles derrière Groupama 2, Pascal Bidégorry et Lionel Lemonchois (Banque Populaire) ont eux aussi remarquablement négocié leurs trois difficiles premiers jours de course. Ils signalaient une belle acrobatie : Lionel est monté en tête de mât, à 30 mètres d’altitude, pour décrocher la drisse de gennaker qui s’y était coincée. « Mais tout va bien, maintenant, on est à 29 nœuds au moment où je te parle » précisait Pascal Bidégorry. Un peu plus en retrait, à 116 milles du leader, Michel Desjoyeaux se félicitait, lui, d’avoir su lever le pied. Géant est toujours en embuscade alors que ce sera plus difficile pour Tim Progetto Italia et les deux Gitana qui, plus au nord, n’ont pas les mêmes conditions de vent.. « Ils partent par devant, c’est normal après une bascule. Maintenant il faut être patient et attendre d’avoir une occasion, peut-être pas avant le pot au noir », résume Fred Le Peutrec (Gitana 11). Gitana X, lui, fait route vers Porto pour une escale technique suite à un souci de vérin sur le safran central. Un « stop and go » qui ne devrait pas durer plus d’une heure. Chez les multicoques 50 pieds, Crêpes Whaou ! des Escoffier père et fils, survole toujours sa catégorie : ils possèdent ce soir 112 milles d’avance sur leur poursuivant immédiat Acanthe Ingénierie d’Anne Caseneuve et Christophe Houdet. Victorinox, le catamaran de Dany Monnier et Pierre Dupuy est reparti après son escale technique à Roscoff. Monocoques 60 pieds : la belle bagarre continueMêmes motifs, même satisfactions chez les monocoques 60 pieds. On sèche, on range, on bricole et on bataille sévère avec peu d’écart entre les cinq premiers qui tiennent en un peu plus de 50 milles. Chacun cherche sa route en bordure de l’anticyclone des Açores. Tous vont vite. Galileo, le seul voilier brésilien va repartir de Vigo demain où il croisera peut-être Bernard Stamm et Yann Eliès sur Cheminées Poujoulat qui vont gagner le même port espagnol dans une douzaine d’heures.Voilà pour les avaries, mais en tête, il y a une jolie bagarre entre.. toujours les mêmes : Virbac-Paprec, Sill et Veolia, Ecover et Bonduelle. Au pointage de 18h, Jean-Pierre Dick et Loïck Peyron n’ont que 14 milles d’avance sur le duo Roland Jourdain-Ellen MacArthur, 18 sur Mike Golding et Dominique Wavre et 27 sur Jean Le Cam et Kito de Pavant. A bord du bateau de tête, Virbac-Paprec, Loïck Peyron raconte : « C’est plus cool ! On a droit au soleil depuis ce matin et on reprend du poil de la bête, il y a des moments où c’est vraiment plus agréable d’avoir les fesses dans un monocoque. Et on va vite, on attaque. On a fait de longues glissades à 20, 22 nœuds le long du Portugal». Sur Bonduelle, Jean Le Cam (4e à 27 milles) n’est pas mécontent non plus : « on vient de voir Ecover croiser juste devant nous, mais c’est plutôt bien, on fait de bonnes moyennes. On a repris un peu de notre retard et après les trois premiers jours en apnée on va pourvoir enlever les polaires pour cette course de vitesse, au moins jusqu’aux îles, ça va être intéressant». Chez les monocoques 50 pieds, Gryphon Solo mené par le duo Joe Harris-Josh Hall-est toujours solide leader avec plus de 50 milles d’avance sur Vedettes de Bréhat. Mais c’est peut-être Servane Escoffier, benjamine de la course, qui résume le mieux la situation partagée par la plupart des navigateurs : « on a eu plein de petits soucis, de pilote, d’eau à écoper, les joies de la navigation comme tout le monde. Mais la nuit dernière on a eu droit à un magnifique ciel étoilé, on a fait notre premier gueuleton et franchement tout va très, très bien. Après trois jours de baston, on sait de nouveau pourquoi on fait du bateau.» Source Pen Duick Extraits des vacationsGiovanni Soldini (Tim Progetto Italia) : « Nous avons eu beaucoup de petits soucis, comme tout le monde je pense. La mer était affreuse dans le front, c’était l’enfer. On a cassé le safran bâbord. C’est pas terrible ! On en a un de secours mais avec quatre mètres de creux, bonne chance pour aller le changer.. On va attendre que ce soit un peu plus calme pour y aller. Jusqu’à aujourd’hui, disons qu’on n’a pas eu beaucoup de temps pour s’ennuyer. »Hervé Laurent (UUDS) : « On est en train de refaire le tour du bateau pour vérifier que tout va bien. On fait de l’entretien. Maintenant il fait beau, nous sommes vent arrière dans 15 nœuds de vent et on descend vers le beau temps. Jusqu’ici, la question primaire était de préserver le bateau. Maintenant on s’y met, on fait le point. Jusque-là on n’avait vraiment pas pu faire de la tactique, mais maintenant on va essayer de tirer les bons bords »Dominique Wavre (Ecover) : « Tout va très très bien, nous sommes sous spi. Mike (Golding) est en train de récupérer. On a vu Groupama nous passer au vent. Aucun souci au niveau du matériel à part de petits problèmes de pilote que Mike a réussi à réparer. Je pense qu’on est parti pour presque une semaine de bâbord amures dans les alizés. »Raphaël Sohier (Jean Stalaven) : « On a mangé un couscous pour l’anniversaire de Pascal (Quintin) hier, mais les deux premières nuits ont été… fraîches ! On approche de l’anticyclone et ça devient sympa. On a perdu nos girouettes en tête de mât donc on n’a plus d’anémo et de mode-vent sur le pilote. Les copains se sont un peu barrés devant, il n’y a plus qu’à leur courir derrière. Ce n’est pas gagné.»Chantal Foligné (Top 50 – Guadeloupe) : « Nous avons subi pas mal de petites avaries qui nous ont pris beaucoup d’énergie, de temps et de retard. On est aussi en panne d’ordinateur ce qui fait qu’on ne peut pas trop communiquer, mais maintenant tout est rentré dans l’ordre : le moral est bon, le bateau marche bien sous spi.»
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