Les marins le savent trop bien : le Golfe de Gascogne n’a pas son pareil quand il se met en colère. Cruel et sans pitié, il procède parfois à un véritable travail de sape. Benoît Parnaudeau et son complice Stanislas Maslard, les Normands Marc Lepesqueux et Jean-Charles Monnet, ou en encore les Britanniques Richard Tolkien et Neal Brewer en font aujourd’hui les frais. Ils payent cher un lourd tribut au passage d’un front froid qui ne les a pas épargnés et les oblige à se dérouter, des bleus au moral et le vague à l’âme, loin des chemins de la course.
Pros et purs : même combat !
Si les autres ont esquivé les plus gros coups, tous ont tous été logés à la même enseigne de la baston. Gros bras de la brise et amateurs purs et durs : même combat ! Grand-voile en partie déchirée (Vale Inco / Nouvelle-Calédonie), girouette arrachée (Groupe Picoty), mal de mer persistant (40 Degrees et Plan France) ou plus inquiétant encore pilote récalcitrant (Crédit Maritime), la plupart, encore sous le choc de la virulence des éléments déchaînés, ont connu leur lot d’infortunes. Mais à l’heure du bilan, une certitude l’emporte : les grands favoris comme les moins aguerris n’ont pas à rougir. La flotte de Class 40 tient son rang et tire ses sillages d’un jeu à haut risque. Elle se rapproche à présent de la latitude du cap Finisterre dans des vents toujours soutenus mais des conditions plus maniables. Les vitesses de 8-9 nœuds enregistrées au classement de 14 heures en témoignent.
Trio de duos et plus
En tête de flotte, la bataille fait toujours rage entre trois équipages qui ne cèdent rien. Cheminées Poujoulat, Pôle Elior Santé et Initiatives-Novedia se tiennent en moins de 7 milles. Dans leurs sillages, le duo de Cargill-MTTM (Seguin-Tripon) ou encore les Finlandais de Tieto Passion (Rompannen-Öhman), auteurs d’un très beau début de course à bord d’un bateau qu’ils découvrent sur les grands espaces maritimes, restent en embuscade. Même mention spéciale pour le duo de PHR (Douin-Mermod) bien dans le coup en 6ème position, à moins de 20 milles des premiers. Par ailleurs, la palme de l’enthousiasme revient de droit aux Chiliens de Desafio Cabo de Hornos (Cubillos-Bravo Silva) qui affichent toujours la forme des grands jours après cette nuit de folie. Quant aux Italiens de Telecom Italia (Soldini-D’Ali), ils maintiennent toujours le suspense sur une route divergente. Pour tous, le plaisir de vivre et partager la plus longue transat jamais disputée à destination du Mexique l’emporte toujours. Après 48 heures de mer, la course est déjà belle.