
C’est Jean-Pierre Dick (StMichel Virbac) qui menait la flotte ce matin à 8h00 suivi par Alex Thomson (Hugo Boss) et Armel Le Cleac’h (Banque Populaire). Les deux premiers ont choisi d’investir à l’est en empannant hier les premiers. Ils ont ce matin un peu plus d’air alors qu’Armel voit devant lui s’étendre une dorsale anticyclonique.
Derrière le skipper de Banque Populaire, la meute en profite pour revenir. Vincent Riou (PRB), Sébastien Josse (Edmond de Rothschild) et Yann Eliès (Quéguiner-Leucémie Espoir) peuvent recoller, tout comme Jérémie Beyou (Maitre Coq) et Paul Meilhat (SMA). Ce groupe de 6 coureurs se connaît par coeur et ne se lâche pas d’une semelle pour l’instant.
Quelques miles derrière les leaders, Morgan Lagravière sur son foiler Safran tente des choses. Il est proche de Tanguy de Lamotte (Initiatives Coeur) et de Jean Le Cam (Finistère) qui sont tous les deux bien dans leur course. A noter également Thomas Ruyant (Souffle du Nord) qui suit bien le rythme du groupe des 6.
A 80 miles, Kito de Pavant (Bastide Otio) et Bertrand de Broc (Mascf) en profitent pour revenir.
Enda O’Coineen (Kilcullen Voyager-Team Ireland)
“Nous y sommes, deuxième jour en mer. J’ai le temps de contempler le monde et de repenser au départ, magique. J’ai même eu une conversation avec le Prince Albert de Monaco au sujet de sa mère, la Princesse Grace, pendant que ma fille faisait une danse irlandaise sur le pont devant les cameras de télévision… et puis là je me retrouve seul en mer, à proximité du DST du cap Finisterre. C’est un coup de magie cette transformation subite ! Je me trouve devant ma table à cartes, un peu comme dans le cockpit d’une navette spatiale. Et c’est ici que je vais passer une centaine de jours… Je suis content d’avoir pris la décision de participer à cette incroyable course, être sur la ligne de départ était déjà une victoire. Mais en même temps, je me demande : mais bon sang! Qu’est-ce que j’ai fait? Je n’ai aucune idée de ce qui m’attend. On verra bien…”
Kito de Pavant (Bastide Otio)
“Bonjour à tous, ça glisse… Le ciel est clair et les grains se font plus rares, même si le vent reste très instable. Je rentre dans la course, je prends mes marques. Je suis prudent, peut-être trop, dans mes choix de configurations de voiles. Il y a de la tactique dans l’air à l’approche d’une dorsale anticyclonique qui va nous ralentir quelque peu. Il fait déjà moins froid que pendant la première nuit glaciale. J’ai pu dormir cette nuit et c’était nécessaire. Je profite de ce message pour remercier tous les amis qui m’ont envoyé des messages d’encouragements par centaines avant le départ et auxquels je n’ai pu répondre….”
Yann Eliès (Quéguiner-Leucémie Espoir) :
« Je vois Jérémie (Beyou) à l’AIS. Cette nuit je suis passé si près que j’ai failli lui rentrer dedans ! (rires) Seb Josse est un peu devant. Tout va bien, même si on peine à avancer dans des vents devenus un peu erratiques. La dorsale se couche sur nous, on n’a plus qu’une dizaine de nœuds de vent de Nord-Ouest. J’ai été tenté d’empanner moi aussi pour jouer le couloir de vent de Lisbonne, comme font Alex Thomson et Jean-Pierre Dick, mais j’ai préféré finalement miser sur la sécurité en restant dans le paquet. Je suis plutôt content d’être là et la situation de la journée va être plus favorable pour nous que pour les foilers, normalement. C’est bien, car on savait qu’il y avait moyen de se prendre une belle raclée. Là, mis à part les trois premiers qui ont été un peu meilleurs, on est dans le match. Et puis la mer s’est beaucoup calmée, et il fait bien meilleur que la première nuit.»
Fabrice Amedeo (Newrest-Matmut)
“J’ai fait une bonne première nuit et du coup je me suis mis un peu dans le rouge donc je suis un peu fatigué mais ça ne se passe pas trop mal, je suis assez content. Pas de souci, à part un vrac en fin de nuit hier qui m’a un peu refroidi : j’avais envoyé mon petit gennaker car le vent mollissait mais un grain à 30 noeuds est rentré ! J’ai du abattre pour essayer de le rouler mais il s’est mal enroulé, ça a fait une poche… bref c’était le bazar ! Ceci dit, je suis content car aucun souci technique sur le bateau alors que la première nuit ça a envoyé du lourd avec de la grêle, des phases de molles alternant avec des grains à 35 nœuds… bref le bateau a été bien sollicité ! Ce matin j’ai 15 noeuds de vent et je suis au reaching, c’est assez cool. Je vais essayer de dormir maintenant que l’axe du DST avec tous les cargos est derrière moi. C’était d’ailleurs super galère de négocier les empannages entre le DST et la côte car il y avait des grains, des bascules de vent, des pêcheurs… J’en suis sorti depuis quelques heures et je suis vraiment soulagé car c’est enfin le large et j’ai de l’eau à courir. Avant, on était en semi-côtier et sur les IMOCA ce n’est vraiment pas simple. Côté météo, les fichiers sont relativement optimistes. Je devrais revenir avec un peu d’air, pour ceux de devant ce sera plus compliqué. Sous J1 et GV haute je devrais avoir jusqu’à 15 noeuds de vent en fin de journée. Tout le monde devrait reprendre un peu de milles sur ceux de devant, mais n’exagérons rien : il y a plusieurs matchs dans le match et les foilers sont dans une autre dimension ! C’était écrit qu’ils allaient nous exploser dès la première nuit. Le passage de la dorsale sera peut-être un petit peu moins douloureux pour nous que pour eux, c’est tout. On va jouer la bordure de l’anticyclone puis commencer déjà à penser au Pot au Noir, je pense que les leaders y seront dès dimanche et moi lundi. Je suis en train de rentrer en mode océanique, mais en revanche je ne me projette pas trop, je ne vais pas cocher la case : “jour 2 sur 90” !