Quelques paroles de skippers avant le départ

foncia
DR

En chapelet, les monocoques quittent les premiers les pontons dès 8 h30 pour se diriger vers les écluses.  Ces derniers moments partagés sont toujours assez touchants : viriles embrassades, derniers baisers volés et sanglots des tout petits.  «  On a bien l’intention de passer moins de treize jours  de mer ( le record en monos est de 13 jours et 9 heures ,  2005), sourit Marc Guillemot  qui court en compagnie de Charles Caudrelier sur Safran.  Le skipper morbihannais voit ainsi les premiers jours de mer :  « Les premières options devraient se dessiner au Cap Finisterre. Puis entre les Canaries et Cap Vert on sera confronté à une dépression assez étendue . La suite de la course pourrait se jouer dans cette zone tampon entre la dépression et le Pot au Noir.  Disons qu’on verra les choses plus clairement dimanche matin. .. »,  avance Marc Guillemot qui se voit bien jouer la surprise avec son plan Van Peteghem-Lauriot-Prévost ( VPLP) et Guillaume Verdier : «  On a hâte d’être dans la partie. Il ne devrait pas avoir de round d’observation»., conclut Guillemot.
Salve d’applaudissements pour le départ de Gitana 80,  un nouveau  bateau également, et dernier né de l’armement Benjamin de Rothschild. Loïck Peyron,  semblait déjà pris dans la respiration de la course . De même que Jean-Baptiste Le Vaillant qui trouva incongru qu’un jeune  spectateur puisse lui demander un autographe : « T’es sûr que c’est pas Loïck Peyron que tu veux ? ».  Jean-Baptiste disait être un peu noué : «  Je suis content de régater mais je suis un peu travaillé par le départ. Disons que je n’ai pas forcément bien dormi : c’est une longue balade quand même… »

- Publicité -

Pour Yann Eliès,  le skipper de Generali,  qui enfilait ses genoullières  à quelques minutes d’appareiller : «  Le départ c’est pas le meilleur moment pour moi. On est tous un peu stressés. »  Comment envisageait-il ces premières heures de course ? «  Je pense qu’au Cap Finisterre il sera encore trop tôt pour tirer des conclusions. Mais l’option de partir à l’Ouest pour contourner la dépression située entre Canaries et Cap vert est tentante, mais une fois choisie, impossible d’en changer. Faut encore voir comment les choses vont se mettre en place. Mais bon, j’suis confiant, on a un bateau qui a tous les atouts pour gagner ».
Pour Hervé Laurent,  à bord de Maisonneuve, « aucun stress, aucune inquiétude ». Le Lorientais, grand spécialiste de la météo, voit même les premières heures de course une peu différemment de Yann Eliès: « Je pense que l’on verra des options se dessiner dès le passage d’Ouessant. »
Même sentiment partagé par Bernard Stamm, (Cheminées Poujoulat) : » A Ouessant on saura qui va faire quoi. On verra des choses intéressantes sur les routes des uns des autres peut-être déjà dimanche entre 4 et 6 heures du matin. »  
Quelques minutes plus tard, les trente 40 pieds, larguaient les amarres. Florence Arthaud ( Deep Blue),  contente de partir, mais un peu chiffonnée : « Pas moyen de dormir cette nuit. Insomnies sur insomnies. » Son coéquipier,  Luc Poupon, avait, lui ce demi-sourire, signe que les choses sont en ordre.
Benoît Parnaudeau sur Jardin Bio-Prévoir, impayable de drôlerie et de finesse avait un large sourire mais une chose le tracassait  tout de même: «  Le problème c’est que j’ai pas été sur le pot ce matin. »  Plus sérieusement Benoît raconte qu’il aime « ce stress sain :  finalement  un départ c’est comme une interro de maths. »
 Formule que partagent Damien Grimont et Erwan Le Roux : «  Il est marrant Benoît, même quand t’es bon en maths, et que t’as révisé,  t’es pas à l’abri de la mauvaise note » ,  analysait Damien Grimont en rigolant.   Pour le binôme Chocolat Monbana la traversée va être rythmée « par trois grandes réunions stratégiques  que nous allons avoir en tête à tête : la première à Ouessant, une deuxième au Cap Finisterre et la troisième au passage du Cap Saint Vincent, pointe du Portugal ».