A son arrivée, Graham Dalton est revenu sur les conditions qu’il a rencontré la veille de Noël : « Ca a commencé par 40-45 nœuds de vent venant du sud et tout allait bien. Il fallait juste que j’affale ma grand voile. Et c’est là que ça a pris. La grand voile s’est retrouvée bloquée au niveau du 3eme ris et je ne pouvais pas la redescendre. Le vent est monté jusqu’à 80 nœuds. La mer s’est très rapidement formée, avec des vagues de 55-60 pieds, casse bateau. Il n’y avait rien à faire à part rester à l’intérieur. Sortir aurait été un vrai suicide ».
« Je savais que j’en avais pour huit heures. J’ai appelé à la maison pour dire que je n’en reviendrai peut être pas. J’ai commencé à me demander comment ça devait être d’avoir les poumons qui se remplissent d’eau de mer. Il suffisait qu’une chose casse pour que tout finisse. Le bateau s’est couché et je me suis évanouit. Je ne sais pas trop combien de temps il a fallu avant que je reprenne mes esprits. Probablement dix minutes. Et histoire d’aggraver le tout, après ça ma vision était trouble ! Voir six vagues au lieu d’une n’était pas vraiment ce dont j’avais besoin à ce moment là. Mais finalement, la tempête est passée et mon bateau a tenu le coup. Je n’avais jamais vu de grand voile dans cet état avant. Ca ressemblait plus à un squelette qu’autre chose. Je m’étais déjà retrouvé dans 70 nœuds de vent au Cap Horn mais ça n’avait rien à voir avec ce que je viens de vivre. La force et les ressources de la nature sont incroyables ».
La victoire n’est pas l’objectif de Graham Dalton. Le skipper Néo-zélandais cherche avant tout à relever un défi personnel, et la première étape de la VELUX 5 OCEANS n’a pas manqué de mettre à rude épreuve sa détermination, comme celle des autres concurrents.
Le premier obstacle auquel fût confronté Graham Dalton se révèle en fait très salutaire. Quelques jours avant le départ de la course à Bilbao, le gréement du 50 pieds est sévèrement endommagé dans une tempête, obligeant le skipper à démâter son bateau pour effectuer d’importantes réparations et à renoncer à prendre le départ de la première étape en même temps que les autres concurrents. Le skipper Néo-zélandais échappe ainsi à la violente tempête qui cueille l’ensemble de la flotte dans le Golfe de Gascogne et cause de nombreuses avaries sur les bateaux en course. Il s’élance cinq jours plus tard, tout comme Unai Basurko qui avait été contraint de rentrer au port pour réparer des voiles.
Une fois en course, le 50 pieds de Graham Dalton, 10 pieds (3 mètres) plus petit que les autres bateaux, reste au contact avec le reste de la flotte et cela malgré une escale technique à Porto Santo pour réparer un safran endommagé qui lui vaut une pénalité de 48 heures. Sur la seconde partie du parcours, le Néo-zélandais entame ensuite une véritable bataille avec Robin Knox-Johnston dans les vents violents et glacés des Mers du Sud. Graham est forcé de s’arrêter une deuxième fois aux Iles Kerguelen pour réparer ses voiles avant, laissant ainsi le skipper britannique s’emparer de la troisième place à Fremantle. Après avoir essuyé une nouvelle tempête à Noël, Graham Dalton termine donc quatrième devant le skipper Basque Unai Basurko.
À 54 ans, Graham Dalton participe à la VELUX 5 OCEANS en mémoire de son fils décédé l’année dernière, mais aussi pour terminer une aventure inachevée. Il avait en effet participé à la précédente édition de la course, mais avait dû abandonner suite à une avarie sur la bôme de son bateau dans les Mers du Sud, à l’ouest du Cap Horn, et à un démâtage au Nord des Iles Falkland.
Alors qu’il se préparait à repartir autour du monde pour terminer son aventure, son fils de 22 ans, Tony, commençait à lutter contre une forme de cancer résistant à tout type de traitement. Graham Dalton mis alors ses projets de course en suspens pour se consacrer entièrement à la recherche d’une méthode de soins efficace, mais son fils succomba à la maladie l’année dernière, juste avant Noël. Le bateau porte aujourd’hui les initiales de Tony ainsi qu’une photo de lui sur la coque.
Quatrième place pour Graham Dalton
- Publicité -