C’est à peine perceptible sur la cartographie mais c’est pourtant la réalité : Jean Le Cam (SynerCiel) et Dominique Wavre (Mirabaud) ont bien fait un petit rond dans l’eau en pleine mer, repassant au même point géographique à deux heures d’intervalle aux abords de l’îlot Saint-Pierre. Mike Golding (Gamesa) a fait la même chose mais pendant 30 minutes seulement. Résultat : le Britannique a faussé compagnie à ses camarades Suisse et Français, dans le deuxième groupe de chasseurs. Il leur a pris une vingtaine de milles.
Dans le premier groupe des cinq chasseurs, il faut se méfier aussi du “ranking” : si Bernard Stamm (Cheminées Poujoulat) est toujours crédité de la 3e position parce que plus proche de la route directe (impossible à suivre), il ne fait plus route commune avec les quatre autres (Gabart, Dick, Riou, Thomson) : il est décalé un peu plus de 40 milles dans leur Ouest, mais surtout perd du terrain en latitude avec une moyenne plus faible. Les alizés semblent avoir légèrement refusé, ce qui ne fait pas ses affaires. Jean-Pierre Dick (Virbac-Paprec) a effectué sa pénalité (20 minutes seulement) sans y laisser trop de plumes : dans l’axe du leader, il est même à la lutte pour la deuxième place “réelle” avec François Gabart. Devant, Armel Le Cléach’ continue son récital : son avance en terme de distance au but n’est “que” d’une cinquantaine de milles… mais en réalité il est 70 milles plus au sud que ses premiers concurrents. Et le Sud, c’est bien ce qu’il faut aller chercher pour espérer une route la moins mauvaise possible dans le contournement de l’anticyclone de Sainte Hélène. Pour le skipper de Banque Populaire, le résumé est limpide : il a environ 6 heures d’avance sur ses premiers adversaires et presque une journée sur l’ancien trio Golding/Wavre/Le Cam.
Côté météo, l’influence de la fameuse dépression argentine est déterminante. C’est elle qui bouleverse le système sur l’atlantique sud. Mais – pour résumer à la hache – les monocoques ne seront probablement pas assez rapides pour profiter de l’ouverture qu’elle pourrait ou devrait créer. Il y a peu de chances ce matin qu’un réel raccourci se dessine… et donc il faudra plonger longtemps vers le sud – peut-être trois jours – avant de pouvoir mettre le clignotant à gauche vers Bonne Espérance. Autrement dit, entre le trio Golding dans l’ouest et Bernard Stamm dans l’est (près de 150 milles de latéral entre ces deux extrêmes), la trajectoire la moins risquée est celle.. du leader et de ses quatre poursuivants. Mais méfiance : le système météo sur l’Atlantique Sud est en pleine reconstitution (toujours sous l’influence de la dépression argentine) et de la vitesse des phénomènes en cours d’installation et de celle des bateaux dépendront les trajectoires. Les jours qui viennent vont être intéressants…
Un pour qui les heures actuelles ne le sont pas – intéressantes – c’est Arnaud Boissières (Akena Vérandas). Englué dans le Pot au Noir, “Cali” a perdu beaucoup de terrain ces dernières heures. Il n’a plus que 50 milles d’avance sur Bertrand de Broc (Votre nom autour du monde) et moins de 80 milles sur Javier Sanso (Acciona) et Tanguy de Lamotte (Initiatives Coeur). Seule consolation pour Arnaud : ces deux derniers n’ont pas encore effectué la pénalité de deux heures dont ils ont aussi écopé, et ils doivent le faire avant 23h TU. Akena Verandas aura-t-il redécollé d’ici là ? Bertrand de Broc, Javier Sanso et Tanguy de La Motte seront-ils eux aussi scotchés? A 350 milles du leader, on se pose aussi des questions. Pas les mêmes mais des questions tout de même.
Bruno Ménard
Classement de 5h
1 Armel Le Cléac’h Banque Populaire à 20 903.3 nm
2 François Gabart Macif à 46.0 nm
3 Bernard Stamm Cheminées Poujoulat à 51.6 nm
4 Vincent Riou PRB à 53.3 nm
5 Jean-Pierre Dick Virbac Paprec 3 à 59.1 nm
6 Alex Thomson Hugo Boss à 68.2 nm
7 Mike Golding Gamesa à 203.9 nm
8 Dominique Wavre Mirabaud à 224.4 nm
9 Jean Le Cam SynerCiel à 229.0 nm
10 Arnaud Boissières Akena Verandas à 335.8 nm