La flotte divisée en trois groupes distincts

Armel Le Cléac`h Banque Populaire
DR

Au large des côtes du Brésil, la flotte semble prise d’une certaine indolence. La mer n’est pas encore formée, l’alizé est bienveillant et les solitaires en profitent pour se refaire une santé après onze jours de course qui ont sollicité les organismes. La descente musclée de l’Atlantique Nord a laissé des traces et chacun veille à réparer les petits bobos matériels, à emmagasiner du sommeil, voire à ouvrir les premières pages des quelques bouquins embarqués.

- Publicité -

Au près légèrement débridé, les monocoques avancent plein sud et s’apprêtent à longer la face occidentale de l’anticyclone de Sainte-Hélène. Tous vivent dans un monde incliné à plus de 30° où la moindre brosse à dents a pris place dans les sacs de « matossage », opération qui consiste à porter sur le côté au vent, tout ce qui est déplaçable à bord, pour tenter de rééquilibrer le bateau et lui donner un surcroît de puissance. Les solitaires vivent dans un monde divisé en deux dans le sens de la longueur où d’un côté c’est un joyeux capharnaüm et de l’autre un espace vide où le moindre corpuscule est traqué. En leader intraitable, Armel Le Cléac’h (Banque Populaire) continue de creuser l’écart avec ses poursuivants au sein desquels Alex Thomson (Hugo Boss) perd un peu de terrain. Ces types de conditions sont particulièrement favorables aux voiliers de dernière génération et le navigateur britannique paie là, le poids des ans de sa machine.

Le deuxième groupe a dû composer avec la pénalité infligée par le jury. Jean Le Cam (SynerCiel), Mike Golding (Gamesa) et Dominique Wavre (Mirabaud) se sont acquittés de cette tâche non sans quelques grognements. Difficile, quand on part en quête d’espaces de liberté, de se voir rappeler à l’ordre pour une infraction règlementaire…

 

De ces considérations, les quatre concurrents encore aux prises avec le pot au noir, n’en ont cure. Si Javier Sanso (Acciona), Tanguy de Lamotte (Initiatives-Cœur) et dans une moindre mesure Arnaud Boissières (Akena Vérandas) semblent s’extirper de ses griffes, ce n’est pas encore le cas de Bertrand de Broc (Votre Nom autour du Monde avec EDM Projets) qui voit là une part de sa très belle remontée se noyer sous les nuages de grains. Plus à l’arrière encore, Alessandro Di Benedetto (Team Plastique) irradie les ondes de son bonheur d’être en mer. Parti pour vivre une belle aventure, le navigateur italien est entré de plain-pied dans son histoire.

PFB

Ils ont dit   

Armel Le Cléac’h (Banque Populaire) : « On descend dans l’alizé du sud-est, tranquillement. Toujours en bâbord amure. C’est quand même assez cool depuis quelques jours et il nous faudra encore quelques jours pour contourner l’anticyclone de Sainte Hélène. Il fait plus frais à bord, les journées sont un peu moins physiques. J’économise un peu d’énergie pour la suite car dans une dizaine de jours on va attaquer la montagne, les premiers cols. »

Jean-Pierre Dick (Virbac-Paprec 3) : « Les côtes brésiliennes s’approchent, c’est signe de chaleur, de musique et de fête ! C’est une mer assez calme au début mais j’adore cette mer. Je suis en position un peu d’attaque, on va voir comment ça se passe, mais tactiquement ça me va.  C’était ma première bonne nuit avec pas mal de temps de sommeil, une nuit assez calme avec pas trop de réglages. »

Arnaud Boissières (Akena Vérandas) : « Le pot au noir n’a pas été sympa avec moi, la vache, j’ai halluciné !  J’ai l’impression que ça repart tout doucement… mais vraiment doucement. Il fait beau, on va essayer d’avancer un peu plus vite. Rien à voir avec il y a quatre ans, les grains ont duré plus longtemps et on a du mal à redécoller. »    

Bertrand De Broc (Votre Nom Autour du Monde) : « Je suis content de remonter sur Boissières, mais lui va peut être sortir plus tôt de cette zone de calmes qui a tendance à s’étendre plutôt qu’a rétrécir. Il faut être patient à la sortie du pot au noir. Là, je prends le temps de bricoler sur le bateau et j’essaye de le faire marcher car la vitesse n’est pas terrible. J’espère revenir au moins sur les trois ou quatre bateaux devant. Mais ce sont quand même de grands marins, ça va être dur. »

 

Classement de 16h

1 – Armel Le Cléac’h (Banque Populaire) à 20823,8 milles de l’arrivée
2 – François Gabart (MACIF) à 53,8 milles du leader
3 – Vincent Riou (PRB) à 62,6 milles du leader
4 – Bernard Stamm (Cheminées Poujoulat) à 66,6 milles du leader
5 – Jean Pierre Dick (Virbac-Paprec 3) à 73,2 milles du leader
6  – Alex Thomson (Hugo Boss) à 86,6 milles du leader
7  – Mike Golding (Gamesa) à 238,5 milles du leader
8 – Dominique Wavre (Mirabaud)         à 260,4 milles du leader
9 – Jean Le Cam (SynerCiel) à 265,7 milles du leader
10 – Javier Sanso (Acciona) à   345,9 milles du leader