Empannages à répétitions, changements de voiles anticipés à tort ou à raison selon l’apparition ou la disparition des grains orageux, le gain vers le sud et les régimes soutenu d’Est, puis de Sud-Est qui baignent la zone équatoriale est laborieux. En repartant vers l’Est, Yves Le Blevec a annulé le décalage en longitude qu’il avait créé avec des poursuivants désormais organisés en véritable meute. Il dispose toujours d’un matelas d’une trentaine de milles qu’en costaud, et sûr de sa carène taillée pour les allures de "reaching" travers aux alizés, il sera le premier à faire fructifier. A moins que les longues heure de manoeuvres dans la pétole n’aient entamé l’homme ou le matériel… Dans le sillage d’un Adrien Hardy (Brossard) connu pour sa ténacité, c’est tout un groupe de marins tout aussi teigneux qui vient, hasard de la navigation sans assistance extérieure, de se retrouver sur un petit périmètre d’Atlantique, pour crier sus à Le Blévec. David Sineau (Bretagne Lapins), à 3 petits milles d’Adrien, aperçoit entre les grains et sous son vent l’Australien Nick Brennan (Rafiki), lui même "couvert" par un remarquable Ronan Deshayes (PCO technologies). Ces quatre hommes qui ne connaissent de la position du leader que sa distance au but communiquée chaque jour par la direction de course, doivent à l’évidence partager ce matin un euphorisant moment de satisfaction. A 1 300 et quelques milles du but, c’est un sprint totalement débridé qui s’annonce entre des marins décidés à ne rien lâcher. Les prochaines heures seront cruciales. A l’approche des 5 degrés de latitude Nord, tous les fichiers s’accordent à voir l’établissement par l’Est, tournant progressivement au Sud-Est, d’un alizé tonique. Le train de Salvador s’annonce. Malgré la fatigue et la lassitude d’une lutte sans repos dans la moiteur du Pot au Noir, il faut à chaque coureur conserver l’énergie et la lucidité pour accrocher le bon wagon. A suivre la trajectoire de Yann Riou (Caméléon). Longtemps au vent de la flotte, il parait en mesure de recoller au groupe de chasse. Derrière, entre l’américain Clayton Burkhalter (Acadia) le plus occidental, et le belge Peter Laureyssens (Ecover), le plus oriental sur le plan d’eau, le bout du tunnel est encore loin et les écarts pourraient à nouveau se tendre comme un élastique dès que la tête de la flotte entrera dans le flux alizéen. Et les leaders en Série, les inséparables Stéphane le Diraison (Cultisol-Institut Curie) et Hervé Piveteau (Jules-Imprimerie Cartoffset) sont aussi logés à cette enseigne.
Toujours en escale à Mindelo, dans l’archipel du Cap Vert, Aloys Claquin (Vecteur Plus), tente de trouver un nouvel axe de safran. A l’exception de Sébastien Gladu (Clichy sous bois-Clichy sur l’eau) et Hugo Ramon (Volkswagen Sailing experience), toute la flotte a dorénavant passé les portes de l’archipel capverdien.
Pour sa cinquième édition, la compétition organisée par la section du Cercle de la Voile de la Société Nautique de Genève regroupe dans la rade l’élite des barreurs internationaux selon le classement de l’ISAF (International Sailing Federation). Durant trois journées, huit skippers offrent aux spectateurs des joutes nautiques de très haut niveau. Les « matchs » se jouent sur la performance des équipages invités à naviguer sur des bateaux de série (Surprise), préparés pour être strictement identiques. Lecture du plan d’eau, marquage de son adversaire et connaissance des règles de course sont autant de paramètres que les navigateurs doivent maîtriser à la perfection pour s’imposer à ce niveau. Après deux jours de régates éliminatoires et deux « Round Robin » complets, les quatre meilleurs équipages menés par Philippe Presti (FRA), Michel Cohen (FRA), Simon Minoprio (NZ) et Pierre-Antoine Morvan (FRA) se qualifient pour les demi-finales. A ce stade, deux manches gagnantes suffisent pour être qualifié pour la finale. Philippe Presti et Michel Cohen restent en lice. La tension est palpable sur le plan d’eau dimanche après-midi pour la finale du Geneva Internationnal Match Race (GIMR). Dans des conditions de vent très légères (Séchard de force 1-2), la moindre erreur peut coûter cher. Chaque équipage redouble de vigilance et s’applique à la manœuvre. Bien qu’habitué au plan d’eau et au bateau, Michel Cohen ne réitère pas son exploit d’il y a deux ans. En finale, il s’incline 3-1 au terme de quatre régates très disputées.
Impériaux, Philippe Presti et son équipage ont progressé tout au long de ces trois jours de compétition. Ils ont fait preuve d’une grande adaptabilité pour régater avec virtuosité sur un bateau qu’ils ne connaissent pas bien. Très fluide dans les manœuvres, Philippe tient à rappeler que « la voile c’est avant tout une affaire d’équipe ». Il commente la performance de son équipage en des termes plutôt élogieux : « Mon tacticien, Erwan, a toujours su me mettre dans la bonne position et sur la bonne moitié du plan d’eau. Le numéro 1, Julien, a également fait des prouesses. Les qualités d’un match racer font souvent la différence dans la brise. Dans les airs un peu mous d’aujourd’hui, nous n’étions pas avantagés car trop lourds au niveau du poids total de l’équipage. Nous avons néanmoins pu démontrer notre savoir. J’ai éprouvé un immense plaisir à venir naviguer à Genève et serais ravi de revenir si une nouvelle invitation se présentait. » Dans la petite finale opposant Pierre-Antoine Morvan à Simon Minoprio, c’est ce dernier qui empoche la troisième place au classement général. À l’issue de trois matchs bien disputés, il totalise deux victoires sur son adversaire. En soutenant cette compétition enregistrée à ce jour au niveau de « grade 2 », la Société Nautique de Genève est bien décidée à promouvoir le « Match Racing » en Suisse. Le club détenteur de l’Aiguière d’argent entend réunir chaque année des stars internationales et nationales.
La route directe est donc pour le moment aux oubliettes et le but est de sauver ses milles en s’éloignant le moins possible de la destination finale tout en essayant de garder de l’Est sous le coude pour ouvrir les voiles dès que le vent rentrera. Autre détail et non des moindres : tout faire pour garder le poteau droit, soit le mât bien vertical. Car, un grain à 40 nœuds avec un vent qui tourne à 180° et il est facile de fusiller une grand-voile, de casser des lattes, d’endommager un chariot ou pire de faire tomber un mât avec une bastaque trop molle… À ce petit jeu qui devient vite dangereux, il est clair que nombre de marins préfèrent tout affaler, courber l’échine et laisser glisser le vent dans les haubans pour mieux progresser ensuite entre les grains. Seul hic, voilà qu’entre les grains, la tendance est à la pétole… Sale Pot au Noir qui descend très Sud et qui joue avec les nerfs d’Yves Le Blévec (Actual) qui voit son avance se faire grignoter. 71 milles d‘avance hier sur le deuxième, 33 milles aujourd’hui à la même heure. Voilà même que le deuxième a changé puisque Nick Brennan sur son Rafiki s’est glissé devant Adrien Hardy (Brossard) plus décalé dans l’Est. Ce soir, ils sont vingt marins à se tenir en 150 milles et onze en 100 milles. David Sineau (Bretagne Lapins) est calé derrière Adrien et Ronan Deshayes (Pco technologies) est calé derrière Nick. À chacun son lièvre, difficile de dire qui va croquer l’autre… Difficile de dire qui va décoller le premier sachant que – logiquement – Yves devrait garder quelques petites heures d’avance et profiter le premier du retour du vent d’Est/Sud-Est. Ensuite Adrien et David devraient partir, suivis de Nick et Ronan. Logiquement… Mais quoi qu’il en soit, cette autoroute qui s’ouvrira devant les étraves sera bien mal pavée et gare alors aux sorties de route ! Les gréements réglés pour les petits airs et les allures portantes vont subitement changer de régime. Il va falloir re-régler les mâts, les tensions et retrouver les habitudes d’une vie penchée. Il va même falloir ressortir les vestes de ciré pour se protéger des embruns salés et de l’humidité… Le mythe du passage de l’équateur en tee-shirt et de faire ses offrandes à Neptune sur le pont en maillot de bain est bien loin et le vivre à l’intérieur du bateau, dans le noir, en ciré, le tout sur une route tendance nids de poule risque d’être bien réel…
En plein milieu
Et si l’on regarde les cartes, on remarque qu’aujourd’hui les premiers de la flotte sont exactement en plein milieu de l’Atlantique ! 800 milles à gauche pour atteindre les côtes africaines, 800 milles à droite vers les premières plages brésiliennes du Nordeste. Et ce soir, les premiers y sont… Et la première terre à venir n’est pas l’archipel de Fernando do Noronha mais bien l’archipel de Sao Pedro e Sao Paulo qui est exactement à 250 milles dans l’étrave d’Yves. Un archipel méconnu constitué de cinq îles majeures dont Belmonte, Challenger, Cabral, Nordeste et de nombreux rochers immergés… Dernier détail : le point culminant est à… 18 mètres. Autant dire que le way-point est intéressant à noter sur son GPS et qu’il est hasardeux de compter sur ses petits yeux fatigués pour le repérer.
Les luttes…
Côté série, les deux leaders continuent leur mano à mano et ne se quittent pas vraiment du sillage. 6 milles d’avance pour Stéphane Le Diraison (Cultisol – Institut Curie) sur Hervé Piveteau (Jules – Imprimerie Cartoffset). Tous les deux ont suivi le léger décalage dans l’Est imposé. Maintenant, c’est derrière que le débat est très intéressant avec un décalage Ouest/Est important. Henrik Masekowitz (Beija Mar) est le concurrent le plus dans l’Est pour le moment avec Matthieu Sannié (Orange Mini) dans son étrave. Côté Ouest, on trouve Gérard Marin Julia (L’Escala – Cn Llanca) et David Krizek (Atlantik FT). Il va être intéressant de voir si l’investissement Est d’Henrik et surtout de Matthieu va être payant. Il est clair que les 70 milles de retard de Matthieu pourrait être grappillé grâce au surplus de vitesse qu’il pourrait avoir pendant les jours à venir.
Après la sortie commerciale de son premier produit, le SC200, la jeune marque Nauteek n’en reste pas là. Ayant pour objectif de répondre aux besoins des voileux naviguant sur des supports allant du dériveur léger, du cata de sport, jusqu’ au quillard de régate de 24 pieds, l’équipe des concepteurs de Nauteek dévoile officiellement le nouveau SC100.
Reprenant les atouts mécaniques (étanche, léger, miniature, flottant), d’autonomie (30h sur batterie Li-ion intégrée) et d’installation du SC200 (aucun câblage nécessaire), le SC100 est délibérément orienté pour la pratique sport et loisir. Encore plus intuitif, doté de larges icônes et de menus déroulant, l’affichage graphique avec ses chiffres de 40mm max de haut met à disposition les informations essentielles CAP fond / VITESSE fond / position GPS et timer de régate. A noter que cet écran, doté d’un rétro-éclairage, garde une lisibilité totale en navigation même avec des verres polarisant.
Capable d’enregistrer de 14h à 140h de traces GPS, en fonction de l’intervalle d’enregistrement choisi par l’équipage, les traces sont ensuite téléchargeables sur PC et interfaçables avec des logiciels de cartographie gratuits, ce qui permet l’obtention d’une aide inégalable pour le débriefing.
Le SC200 se voit aussi profiter aussi de ces dernières fonctionnalités. Ainsi les possesseurs de SC200 peuvent télécharger gratuitement et mettre à jour le firmware de leur système pour profiter entre autre d’un nouveau lissage de la vitesse fond et de l’optimisation de la capacité de stockage. Cette première mise à jour sera suivie d’une seconde plus conséquente et gratuite aussi pour les deux produits : la gestion des waypoints tant attendue pour les parcours de type raid ou côtier!
Advanced Composites Group, fabricant de composites, vient d’annoncer qu’il fournira les composites, en tant que Fournisseur Officiel du team, à Ericsson en vue de la prochaine Volvo Ocean Race. L’équipe utilise actuellement l’ex-AbnAmro 1 pour préparer sa campagne et ce bateau avait également utilisé des composites de chez ACG. Ericsson a commencé à construire ses deux nouveaux VO 70 à Stockholm au printemps juste à côté du siège de la société, et sur des plans exclusifs de Juan Kouyoumdjian, designer de Abn Amro 1. Après tous les préparatifs, la construction des coques peut désormais commencer sous la direction de Killian Bushe (qui avait présidé à la construction du Volvo 60′ Illbrück, ainsi que des AbnAmro 1 et 2 et du Class America version 5 Victory Challenge) avec la mise à l’eau annoncée pour la fin de 2007. Une nouvelle gamme de résines d’époxy va être utilisée grâce à cette collaboration avec ACG, qui espère que ces développements technologiques donneront à l’équipe la possibilité de gagner la Volvo Ocean Race 2008-2009.
Killian Bushe : "Le site de construction est ultramoderne. Depuis Novembre, nous avons travaillé dur pour mettre l’équipe idéale en place et mettre au point les outils nécessaires. Cela comprend les deux fours, l’un des deux étant aussi grand que le bateau (25 mètres), l’autre plus petit pour les pièces. C’est bon de pouvoir commencer la construction, nous attendions avec impatience ce nouveau challenge."
Comment ne pas revenir un instant sur la performance d’Yves Le Blévec ? Alors que son proto Lombard a désormais dépassé la mi-course, ses « stats » affichent en ce milieu de journée, 8 jours après le départ de Funchal samedi 6 octobre dernier, l’impressionnante moyenne de 8,59 nœuds pour 1 650 milles nautiques parcourus. Et alors que les effets déroutants du Pot au Noir commencent à se faire sentir, Le Blévec maintient une vitesse de progression très honorable, bien calé sur une trajectoire occidentale propice à traverser cette zone d’instabilité en sa partie la plus étroite. Les alizés de Sud-Est déjà bien en place l’attendent de l’autre côté et Yves, co-signataire des plus grands exploits océaniques à bord du maxi catamaran Orange de Bruno Peyron, pourra reprendre le mode « record » enclenché depuis Funchal. 90 milles dans son sillage, personne n’abdique. Bien au contraire, le ralentissement observé avec l’affaissement progressif des alizés de Nord-Est a favorisé le regroupement des voiliers du top 10. Adrien Hardy souffre à l’Est de ce groupe et peut regarder avec inquiétude débouler sous ce qui reste de son vent le groupe compact emmené par David Sineau (Bretagne Lapins) et Ronan Deshayes (PCO technologies). Et de se demander si ce diable de Slovène perché depuis Madère sur une option radicale à l’Ouest ne va pas, avant l’équateur, mettre tout le monde d’accord. Kristian Hajnsek (Adria Mobil) est ce soir le plus rapide et vient de s’octroyer la 5ème place du général…
Si Yves Le Blévec a, pour le moment, tué tout suspens (surtout depuis les avaries de ses principaux rivaux, Samuel Manuard sur Sitting Bull et Isabelle Joschke) quant à la physionomie du classement général, il n’en va pas de même en ce qui concerne les voiliers de série. Le long bord à l’Ouest déclenché par Stéphane Le Diraison au passage de l’archipel du Cap-Vert a favorisé la prise de commandement d’Hervé Piveteau. Les deux adversaires se trouvent ce soir littéralement bord à bord, naviguant à vue à moins d’1 mille d’écart. Le Diraison a remporté la première étape et jouit ainsi d’un avantage psychologique important. C’est Hervé Piveteau qui doit à présent prendre les risques. Cela tombe bien, la Zone de Convergence Tropicale, ses grains imprévisibles, ses nuages tantôt chargés de vent tantôt vides de tout souffle, lui procure un terrain de jeu propice à l’embuscade. Stéphane ne devrait véritablement dormir que d’un œil ces prochains jours, tant il apparaît que son adversaire se doit de tenter dès à présent l’impossible.
Mindelo, de rage et des espoirs Mindelo voit depuis 48 heures arriver, s’amarrer puis repartir de drôles de paroissiens affairés à retaper dans la hâte d’étranges petits voiliers. Certains d’entre eux, à l’image de l’espagnol Alex pella (Generalitat Valenciana) ne repartiront pas, tant la « délamination » de son mât s’est aggravée. Les autres, comme Maurizzio Vettorato, Sébastien Picault (Groupe Royer), Yannick Allain (Chaveta Centifolia) « bidouillent » qui leur pilote, qui leur ralingue déchirée, qui leur bout dehors endommagé. Isabelle Joschke a joint la direction de course hier soir. Le vainqueur de l’étape Charente-Maritime/Madère a laissé entendre qu’elle pourrait ce soir reprendre le chemin de Salvador de Bahia. Elle croisera alors la route de l’infortuné Aloys Claquin (Vecteur Plus) qui a signifié via sa balise qu’il rejoignait Mindelo sans demander pour autant assistance.
La tendance générale est de recoller à la route directe. Seuls peut-être Fabien Després (Soltec) et le Slovène Kristian Hajnsek (Adria Mobil) jouent encore le décalage à l’ouest. Une certitude pour ces hommes de tête, les alizés de Nord-Est ont bien disparu et ceux du Sud-Est ne se font pas encore sentir. Bienvenue dans le "pot". La Direction de course pourrait ce soir se réjouir en constatant le passage des derniers concurrents au Cap-Vert, hormis bien sûr Hugo Ramon (Volkswagen sailing experience) et Sébastien Gladu (Clichy sous bois, Clichy sur l’eau) qui viennent de quitter les Canaries. L’infortuné Andrea Caracci (Speedy Bonsai), victime il y a trois jours d’un démâtage, est ainsi attendu en journée à Mindelo. Il croisera dans la ville capitale de l’île de Sao Vicente pas moins de 7 autres concurrents en instance de départ après avoir réparé diverses avaries. Il retrouvera hélas Aloys Claquin (Vecteur Plus) dont on sait à présent qu’il a dû faire demi-tour à cause de safrans en voie de délamination. Isabelle Joschke (Dégrémont-Synergie) a, elle, repris la mer hier soir et sa vitesse du matin (plus de 10 noeuds) devrait la réconcilier avec son bateau. Autre grand animateur de la première étape, Samuel Manuard (Sitting Bull) a signifié son intention de rallier Bahia. Les duettistes en Série, Stéphane Le Diraison (Cultisol-Institut Curie) et Hervé Piveteau (Jules-Imprimerie Cartoffset) poursuivent à vue leur pas de deux. Avantage Stéphane pour un petit mille. Qui craquera le premier dans cette guerre des nerfs sur fond de Pot au Noir ? Autre duo en course de constitution toujours en série, le portugais Francisco Lobato (BPI) et le français Vincent Barnaud (Stgs.fr), quelques 50 milles derrière Le Diraison, voient leurs routes converger à même allure de par et d’autre de la route directe. 215 milles derrière Le Diraison, c’est Laurence Chateau (Okofen), qui conteste à Véronique Loisel (De l’espace pour la mer) et à Bénédicte Graulle (Barreau de paris), le privilège d’être la première femme de la course à entrer dans la baie de Bahia. Les trois femmes naviguent à moins de 10 milles l’une de l’autre. A signaler aussi la position très ouest de l’américain Clayton Burkhalter. L’homme tranquile venu de Nouvelle Angleterre avec son proto signé Johnstone (des fameux J boats) est ce matin pointé en 13ème position.
En 2006, Nicolas remporte la Solitaire du Figaro à l’issue d’une option aussi brillante que radicale dans la deuxième étape. Si cette performance a, en partie, occulté le reste de son parcours, les observateurs avertis auront remarqués que lors de la troisième étape le navigateur de Plougasnou avait tenu tête à l’ensemble de la flotte en compagnie de Jeanne Grégoire jusqu’à ce que l’arrivée sur Dingle redistribue les cartes… Par ailleurs, le skipper de Financo pouvait aussi se prévaloir d’une fort jolie 5ème place sur la Solo Méditerranée et d’une belle Transat AG2R avec son compère Armel le Cléac’h. La saison 2007 devait être celle de la confirmation.
Presto
La saison 2007 démarre par le Trophée BPE, transatlantique en solitaire entre Belle-Île et Marie-Galante. La flotte se trouve rapidement confrontée à un dilemme : orthodromie, la route la plus courte, mais contre les vents dominants ou route du sud pour aller chercher les alizés synonymes de déboulés sous spi aux allures portantes. L’équation est d’autant plus complexe à résoudre qu’un anticyclone s’est calé sur la route médiane obligeant les navigateurs à choisir des options radicales. Quand certains tentent la route du Nord, Nicolas joue la carte des alizés, acceptant de perdre du terrain en distance au but puisqu’il va compter jusqu’à 300 milles de retard sur les bateaux de tête à mi-parcours. Mais tous ceux qui tentent de couper l’anticyclone s’engluent dans des calmes qui finissent par donner raison aux tenants de la route du Sud. Au terme d’une bagarre tactique jusque dans les dernières heures précédant l’arrivée, le skipper de Financo signe sa deuxième victoire en solitaire, devenant le premier marin de la série à avoir emporté les trois courses majeures du circuit : Solitaire du Figaro, Trophée BPE et Transat AG2R.
Moderato
Au départ de la Solitaire Afflelou Le Figaro, Nicolas Troussel est attendu comme le loup blanc. D’emblée, il prend ses marques dès la première étape en finissant second derrière un Fred Duthil en état de grâce et devant Michel Desjoyeaux, double vainqueur de l’épreuve… Nicolas démontre aussi dans cette étape qu’il n’est pas voué qu’aux options extrêmes, qu’il sait aussi se porter en tête grâce à une succession de petites opportunités. Une deuxième étape de vitesse en demi-teinte où le navigateur se découvre un petit déficit de vitesse sous spinnaker le relègue à la sixième place du classement général. Ensuite, une troisième étape d’anthologie le propulse à nouveau à la troisième place du classement général en compagnie de Michel Desjoyeaux et Corentin Douguet. Fred Duthil, vainqueur de la dernière course lui chipera à l’occasion sa place sur le podium. Mais nombre de navigateurs se contenteraient d’une quatrième place dans la fameuse solitaire…
Allegro
Nicolas abordera la Finale du Championnat de France Solitaire l’esprit serein, puisque disposant d’un confortable capital de points d’avance sur son dauphin, Thomas Rouxel. Mais il s’agit de faire honneur à son futur titre. Parcours tactiques, grande course entre St Gilles Croix de Vie et Perros-Guirec, le skipper de Financo bataille constamment aux avant-postes. Au final, il s’incline derrière Gildas Mahé qui signe sa première grande victoire sur le circuit Figaro, mais cette deuxième place est aussi l’occasion de démontrer que son titre de Champion de France de Course au Large en Solitaire est très largement mérité. Nicolas Troussel aura été le grand bonhomme de cette année 2007. La limpidité de son parcours souligne à quel point son partenaire Financo aura été inspiré de lui confier la barre de son bateau en 2006. Le couple entre le navigateur finistérien et l’établissement de crédit, dont le siège social est à Brest, a encore de beaux jours devant lui.
On ne présente plus Bernard Stamm. Le "bûcheron des mers" est aujourd’hui l’un des meilleurs skippers Imoca de la planète. On ne gagne pas deux fois de suite le tour du monde en solitaire avec escales par hasard. Pourtant, Stamm a changé : il a cessé de construire ses montures dans un hangar du côté de Lesconil. Son "Superbigou" est aujourd’hui à vendre et le skipper-armateur de "Cheminées Poujoulat" a cassé sa tirelire pour s’offrir l’ancien "Virbac" de Jean-Pierre Dick. Très vite, il a constaté que ce plan Farr accusait un déficit dans les petits airs et que, du coup, il était vain de s’aligner au départ du tour du monde en double à Barcelone l’année prochaine. "Pour le booster, il me fallait un type qui soit capable de me dire : "Il faut faire ceci et pas cela et qui argumente derrière. Qui me dise : Bernard, tu as tort et voilà pourquoi tu as tort" ".
Test grandeur nature
Ce quelqu’un, c’est Tanguy Cariou, un pur produit de la filière olympique. A 34 ans, ce Douarneniste possède un joli palmarès : champion du monde et d’Europe en 470. "Une décevante 14e place aux JO 2.000 de Sydney aussi. Du match-racing, du Tour de France à la voile, deux America’s Cup", ajoute-t-il. Et plusieurs navigations en tant que tacticien sur le "Groupama 2" de Cammas. Aussi, lorsqu’en juin dernier, Stamm l’a appelé, il n’a pas réfléchi pendant deux mois : "C’est une belle opportunité. Je ne suis pas là uniquement pour épauler Bernard sur la Transat, mais pour l’aider à optimiser le 60 pieds qui accuse un petit déficit par rapport aux bateaux de la dernière génération. La Transat servira de test grandeur nature, sachant que l’objectif, c’est le Vendée Globe 2008".
Un bateau physique
Et le Douarneniste d’avouer avoir été séduit par le personnage : "Nous sommes très différents humainement parlant mais très complémentaires à bord. Lui, c’est un marin expérimenté au large. Moi, j’ai la culture de la régate. J’aime cette différence". Ravi de papilloner d’une plateforme à l’autre, Cariou entend jouer à fond son rôle sur le 60 pieds : "Moi, je n’ai pas dix ans de Figaro derrière moi", explique Stamm qui avoue ne pas avoir trouvé le mode d’emploi de son nouveau pur-sang : "Il est physique ce bateau-là, plus physique que l’ancien. Maintenant, même si je sais que le bateau sera fin prêt en juillet 2008, je ne m’aligne jamais au départ d’une course si je sais que je n’ai aucune chance de la gagner". Et selon eux, pour espérer gagner ou, du moins, monter sur le podium, il faudra savoir "gérer, lever le pied, ne pas casser, appuyer sur la pédale et être en mesure de régater jusqu’à la fin : si on arrive à faire tout ça, on se rapprochera de la première place".
Attention, un nuage peut en cacher un autre… C’est bien ce à quoi sont confrontés les marins en tête de cette Transat 6,50 Charente-Maritime/Bahia. Le ciel s’est voilé de passages nuageux et des masses plus ou moins noires viennent ou non à la rencontre des marins au hasard de leur positionnement sur l’eau. Point de rencontre entre les alizés de l’hémisphère Nord et ceux de l’hémisphère Sud, la ZCIT comme l’appellent les météorologues s’étend, se détend et se retend et barre plus ou moins l’océan Atlantique en fonction des saisons. Calée en amont de l’équateur, cette zone de navigation est pénible et très variable avec des grains pouvant être d’une violence extrême. En un rien de temps et un souffle d’air, le vent passe de 5 à 40 nœuds et des hectolitres d’eau vous tombent dessus. Et si le moment peut être propice pour rincer les voiles, le pont voir sortir le gel douche pour LE shampoing de l’étape, le moment est également très approprié pour casser du matériel. Le but du jeu est certes de profiter du moindre souffle d’air pour gagner dans le 200° mais surtout de ne pas se faire surprendre. Il n’est pas rare d’ailleurs que plusieurs minis restent en portée VHF pour se prévenir d’un sale coup à venir, genre nuage noir pointant à l’horizon. Car il n’y a rien de plus terrible que de s’endormir et de faire réveiller voiles et quille pendulaire à contre, bateau couché dans l’eau avec état comateux et rangement de l’intérieur assuré en prime… Car, si un nuage peut mettre à mal un bateau, à 50 milles de là vous êtes à deux doigts de vous mettre à l’eau et de battre des pieds pour le faire avancer. C’est clairement une zone où il n’y a pas grand-chose à comprendre et où l’observation, l’anticipation et la réactivité font la différence. Le Pot au Noir est donc bien cette fichue zone qui peut redistribuer les cartes et où les options extrêmes restent assez rares, les marins ne s’aventurant que rarement à l’Est du 25° Ouest. En effet, en forme d’entonnoir, c’est à proximité des côtes africaines, qu’il est le plus étendu et donc le plus hasardeux à franchir. Pas étonnant qu’Yves Le Blévec (Actual) bien ancré en tête du classement glisse à la hauteur du 27/28° de longitude, cap au 222°. Yves glisse à petite vitesse (4,8 nœuds de vitesse instantanée) mais ne s’arrête pas, calé sur la route orthodromique. Quitte à perdre du temps, autant éviter de perdre des milles. Une Lapalissade bien utile en ce moment ! Derrière, soit à 70 milles de là, la chasse s’organise et tous se tiennent et se suivent à quelques milles. Adrien Hardy (Brossard) est fidèle deuxième, mais il a six minis à moins de 30 milles dans le rétroviseur. Autant dire rien quand il reste plus de 1400 milles au compteur à parcourir. Les vitesses sont toutes quasi-identiques et frôlent les 4/5 nœuds de moyenne. Et, comme c’est bizarre, tous ces minis ne s’éparpillent guère et tous sont calés sur le même degré de longitude…
Un avantage certain…
Assez ou pas assez les 70 milles d’avance d’Yves Le Blévec ? Il est clair que le matelas de milles constitué par Yves risque de se révéler déterminant dans les heures qui viennent. Tout simplement, parce qu’Yves sera le premier à toucher les bons effets du vent d’Est, synonyme de mise en place des alizés de Sud-Est, caractéristiques de l’hémisphère Sud. Et une fois au contact de ce zéphyr, nul doute que la puissante carène du plan Lombard alignera les milles. Et les quelques heures gagnées dans ce régime de vent seront primordiales pour le reste de la course. Il lui faudra alors maîtriser la puissance de son bateau en portant une scrupuleuse attention au matériel. Car, les quelques 1 000 milles restants vont se faire sur un même bord et l’usure sera à son comble. Usure des voiles, des écoutes, des haubans, du système de quille, des safrans sans oublier de l’humain. Le bateau va reprendre son air penché et ce, pour de nombreux jours. La carène va taper dans la mer et il faudra redoubler de vigilance à l’approche des côtes brésiliennes où la fatigue se fera sentir. Une fin de parcours qu’Yves connaît à mi-mât, puisqu’il avait terminé la Transat 6,50 2005 sous gréement de fortune…
1 mille…C’est juste la distance qui sépare Stéphane Le Diraison (Cultisol-Institut Curie) d’Hervé Piveteau (Jules – Imprimerie Cartoffset). Ils naviguent toujours bord à bord et ont installé un petit matelas de 50 milles d’avance sur les suivants que sont Francisco Lobato (BPI), Vincent Barnaud (Stgs.fr) et Gérard Marin Julia (L’Escala – C.N. Llanca). A surveiller tout de même le décalage dans l’ouest de Gérard qui pourrait être moins ralenti dans le Pot au Noir que ses camarades de jeu. Reste qu’ensuite, il aurait un angle moins ouvert que les autres une fois dans les alizés de Sud-Est.
Nouvelles du large :
– Grégory Magne (Upian.com) est arrivé à Mindelo au Cap-vert et il répare ses pilotes automatiques. – Aloys Claquin (Vecteur Plus) est arrivé également à Mindelo pour tenter de résoudre ses problèmes de safrans qui se délaminent. « Il y a deux scénarios possibles, explique Jean-Philippe Flohic, le préparateur d’Aloys, soit il a heurté un OFNI et dans ce cas-là, la cause du problème sera vite identifiée, il pourra donc réparer au plus vite, soit c’est un problème propre aux safrans et dans ce cas-là il va falloir tout checker, tout démonter, poncer, sécher et résiner… Cela va prendre beaucoup plus de temps ! Si c’est effectivement la peau en carbone qui se décolle et ce sur les deux pâles, c’est tout de même surprenant ».
– Bertrand de Pontual (Colibri) est également à Mindelo. Il a cassé dans un vrac aux Canaries sa barre, son aérien (girouette électronique…) et déchiré son spi. Il répare et repart au plus vite.
– Thibaut Reinhart sur Les blouses roses – Colas est également en escale à Mindelo. Il répare ses safrans et reprend la mer au plus vite.
– Laurence Château sur Okofen est en panne de pile à combustible. Elle a heureusement des panneaux solaires de secours qui vont lui permettre de terminer la course en faisant attention à sa consommation d’énergie. Elle a cassé également son bout-dehors, mais a réparé en mer.