Si le départ de Salvador de Bahia s’est déroulé dans un vent plutôt instable en raison d’une zone orageuse, la brise a commencé à s’établir en milieu de nuit et les quinze solitaires ont pu retrouver un rythme plus conforme à la vitesse moyenne de ces monocoques de 60 pieds. Le choix tactique se posait en ces termes : quand fallait-il virer de bord quand la brise a tourné progressivement au secteur Est afin d’être plus ou moins éloigné de la côte ?
Cheminées Poujoulat semblait avoir bien négocier ce dilemme puisqu’il était pointé en tête ce vendredi matin. Mais toute la flotte naviguait désormais en route vers l’équateur à une dizaine de nœuds de moyenne, cap au Nord-Est en serrant le vent. Les prévisions météorologiques annonçant une oscillation de la brise entre l’Est et le Nord-Est, il est probable que les navigateurs vont jouer avec ces bascules afin de se recadrer par rapport à la flotte, mais surtout pour ne pas s’approcher trop des côtes brésiliennes où le vent est toujours moins soutenu. Samantha Davies réalise ainsi un beau début de course en se calant sous le vent de la flotte et la surprise vient de la troisième place de l’Américain Rich Wilson, position qu’il ne devrait pas tenir longtemps, les skippers les plus au vent comme Marc Guillemot, Michel Desjoyeaux ou Loïck Peyron étant en situation favorable dans les heures à venir…
A la veille de sa 40ème édition, cette aventure sportive et humaine a encore de beaux jours devant elle.
C’est la ville de La Rochelle qui accueillera du 19 au 25 juillet la flotte de La Solitaire avant le coup de canon libérateur de cette 39ème édition. Une aventure à laquelle la ville a déjà participé 7 fois. Son bassin, sa capacité d’accueil et son professionnalisme en matière d’événements nautiques ont une fois de plus séduit les organisateurs.
18 ans après… Retour à Vigo Le 25 juillet, jour du grand départ la course s’élancera de La Rochelle vers le port de Vigo en Espagne. Cette étape de 465 milles sera une classique de La Solitaire du Figaro avec une traversée du golfe de Gascogne, qui réservera sûrement de nombreuses surprises dans sa dernière partie avec le passage du cap Finisterre et des Iles Cies, dernière marque de parcours avant Vigo. Une escale hispanique toujours chaleureuse et très appréciée des coureurs. Ce sera la 3ème fois que le port galicien reçoit une étape de La Solitaire qui revient après 18 ans d’absence.
Ascension vers les terres normandes… Le 31 juillet, il sera alors déjà temps de repartir en direction de Cherbourg-Octeville pour 590 milles de course effrénée, ponctuée de nombreux passages stratégiques : cap Finisterre à nouveau puis le Raz de Sein, les Iles Anglo-Normandes et enfin le capricieux Raz Blanchard. Il s’agira d’une étape de fond avec plusieurs passages à niveau. Le port Bas-Normand, ville de départ en 2006, saura une fois de plus accueillir les marins comme il se doit.
Une future étape de légende… Enfin, la flotte filera le 8 août pour un marathon de 825 milles vers le port de l’Aber Wrac’h. La plus longue étape de l’histoire de La Solitaire ( les 762 milles de l’édition précédente ayant été raccourcis pour des raisons météo) cumulera en fait deux étapes en une, puisque cette 39ème édition ne fait pas escale en Irlande. Toutefois, les figaristes y passeront beaucoup de temps puisqu’ils contourneront pour la toute première fois l’Ile de Man, située dans le Nord-Est de Dublin. Là encore, c’est une nouveauté pour la course qui n’était encore jamais montée à une telle latitude. La difficulté sera de gérer près de 6 jours de course en solitaire si l’on considère que la flotte progresse « en général » à 6 nœuds de moyenne. 825 milles de dépassement de soi qui les mèneront jusqu’en Bretagne. Le tout nouveau port de l’Aber Wrac’h, petit paradis sur terre fraîchement inauguré en juillet 2007, accueillera pour la première fois La Solitaire du Figaro.
Jacques Caraës, Directeur de course : « Articulé autour de trois étapes au lieu de quatre, le parcours 2008 est résolument tourné vers le large et offre aux concurrents une étape de 825 milles, la plus longue de l’histoire de La Solitaire. Entre sprint côtier et véritable marathon hauturier, tous auront le loisir de s’exprimer sur les différentes phases de cette nouvelle édition. »
L’AGENDA
LA ROCHELLE Ouverture du village : Samedi 19 juillet Prologue Suzuki : Mercredi 23 juillet Départ 1ère étape : Vendredi 25 juillet
VIGO-Espagne (465 milles) Arrivée de l’organisation : Samedi 26 juillet Arrivée prévue des bateaux : Lundi 28 juillet Départ de la 2ème étape : Jeudi 31 juillet
CHERBOURG-OCTEVILLE (590 milles) Arrivée de l’organisation : Vendredi 1er août Arrivée prévue des bateaux : Lundi 4 août Départ de la 3ème étape : Vendredi 8 août
L’ABER WRAC’H (825 milles) Arrivée de l’organisation : Dimanche 10 août Arrivée prévue des bateaux : Jeudi 14 août Parade nautique : Dimanche 17 août
« Les monos au pouvoir », » annonce à la Une ce numéro 27 de Course Au Large. Car c’est un fait : les 60 pieds Imoca inaugurent un règne quasi sans partage sur les océans. Merci à Michel Desjoyeaux, qui, en remportant la Transat Jacques Vabre en compagnie d’Emmanuel Le Borgne, donne raison à la réaction d’en avoir fait son grand témoin. Outre un interview très complet du solitaire le plus titré de la planète donc, Course Au Large revient sur la transat entre Le Havre et Bahia, présente Foncia, propose une plongée dans les arcanes du routage en compagnie de Jean-Yves Bernot. On y fait encore le point sur la polémique née du nouveau calendrier de cette classe des 60 pieds open, polémique qui pose de vraies questions d’avenir à un an du Vendée Globe. La Barcelona World Race y est traitée à travers la belle histoire de Dominique Wavre et Michèle Paret, en couple autour du monde. Côté labo, focus sur les mâts de ces bêtes de course qui se croisent en ce moment sur l’océan, les uns engagés dans la Transat B to B en solitaire, les autres en duo autour du monde dans la Barcelona.
Et si les monocoques prennent le pouvoir, c’est aussi que les trimarans Orma sont en fin de cycle après la victoire à Bahia du Groupama 2 de Franck Cammas et Stève Ravussin, qui marque probablement la dernière grande course de ces fabuleux engins. Quel avenir pour les multis, alors ? Course Au Large fait le point sur la question en interrogeant les deux principaux porteurs de projets en la matière, ceux qui envisagent de trimarans de 70 pieds et ceux qui préfèreraient un circuit de 50 pieds.
Au menu encore, outre les images du départ de Francis Joyon dans sa tentative de record autour du monde en solitaire, Course Au Large explique la belle victoire d’Yves le Blevec dans la Transat 6.50 et présente toutes les évolutions des plans Lombard dans un déroulé qui devrait passionner les amoureux de ces petits bolides. Et à propos d’architectes, ce numéro 27 se penche sur ceux qui oeuvrent à imaginer la toute nouvelle génération de bateaux pour la Volvo Ocean Race.
A lire aussi, un joli portrait de Jacques Caraës dans sa version « équipier de luxe autour du monde »… et en prime en pages actualités le parcours de la Solitaire du Figaro 2008 dévoilé hier soir et dont Jacques est le directeur. Côté Match Race, outre les déboires interminables et pour tout dire pathétiques de la Coupe de l’America, Course Au Large a choisi de tirer le portrait de Mathieu Richard qui joue ce dernier week-end rien de novembre rien moins que le titre de champion du monde. Thierry Douillard, lui, explique toutes les subtilités des départs en duel.
A l’heure de l’ouverture du Salon Nautique de Paris, les nouveautés ne sont évidemment pas oubliées, et Gerry Trentesaux a même pris la barre du Mach 45, le nouveau plan Manuard, pour nous livrer ses impressions. Enfin, la rubrique historique du magazine est consacrée au circumnavigateur Francis Chichester. Comme un clin d’œil à un certain Francis Joyon en route pour un nouveau tour du monde absolu et qui vient de pulvériser, cette nuit, le record en solitaire de Brest à l’équateur en 6 jours et 17 heures…
La version 2008 prévoit en effet de privilégier les étapes de ralliement et les course de nuit en Manche et Atlantique tandis que la méditerranée sera essentiellement consacrée aux régates en baie. La nouveauté de cette édition consistera donc à convoyer hors course les Mumm 30 entre les villes Méditerranéennes afin de multiplier les manches inshore en journée. Port Barcarès – Marseille sera la seule étape de ralliement dans la Grande Bleue.
Un parcours intense et rythmé Sous l’impulsion d’Alain FEDENSIEU, le nouveau Directeur de Course du Tour de France à la Voile (13 participations et une victoire en 1994 sur Saint-Pierre et Miquelon), Les Editions Larivière organisatrices de l’épreuve ont dessiné un parcours intense et très rythmé. Au programme, dix villes étapes, six régates de ralliement dont trois supérieures à 180 milles avec à chaque fois une nuit passée en mer et surtout une volonté affichée de faire courir un maximum de parcours en baie tout au long de la compétition. Dès la première étape entre Dunkerque et Dieppe, il faudra être prêt pour une navigation de nuit avec un départ donné à 21 heure au lieu de 8 heure les années précédentes. La flotte quittera les célèbres falaises de Dieppe le 3 juillet à destination du Pays Granvillais pour ce qui s’annonce comme l’étape la plus éprouvante (178 milles) du Tour de France à la Voile 2008 avec le passage du Raz Blanchard. La suivante vers Perros-Guirec – Côtes d’Armor semble plus courte (76 milles) mais un passage par les Iles Anglo-Normandes devrait rallonger le parcours et ainsi complexifier la tâche des équipages. 180 milles et un tour de Bretagne plus loin, Lorient qui inaugure la Cité de la Voile Eric Tabarly en 2008 accueillera à nouveau le Tour de France à la Voile après onze ans d’absence. Une longue étape semée d’embûche qui en précède une autre tout aussi longue vers Royan à l’embouchure de la Gironde. 180 milles en ligne droite que les Mumm 30 devront négocier avant de rejoindre Saint-Cyprien et la mer Méditerranée.
Les manches inshore seront alors mises à l’honneur dans cette seconde partie de Tour de France à la Voile. En effet, suite à la décision prise par Jacques TILLIER, Directeur Larivière Organisation, de convoyer la flotte de nuit pour offrir la possibilité au comité de course de lancer plus de courses, les étapes Saint-Cyprien – Port Barcarès et Marseille – Hyères se feront au moteur. La traversée du Golfe du Lyon entre Port Barcarès et Marseille restera donc l’unique possibilité pour les spécialistes de la navigation de s’exprimer en Méditerranée. Comme en 2006, Hyères – Toulon Provence Méditerranée recevra l’arrivée de cette édition 2008 avec l’espoir de voir triompher à nouveau Fabien Henry et le team Toulon Provence Méditerranée Coychyères.
Alain Fedensieu, nouveau Directeur de Course du Tour de France à la Voile « L’édition 2008 sera une édition très dense, il n’y a pas de temps mort dans ce parcours. Nous avons souhaité tirer le niveau sportif vers le haut en mettant beaucoup de rythme et d’intensité tout au long de la compétition. En début d’épreuve, les concurrents vont passer pratiquement une nuit sur deux en mer, ce sera très exigeant pour les organismes et il est évident qu’il faudra être très costaud pour remporter le Tour de France à la Voile 2008. La parcours est bâti de manière à coller au mieux aux conditions météorologiques, par expérience on sait que le vent est quasiment inexistant la nuit en Méditerranée, c’est pourquoi, nous allons optimiser le timing avec les convoyages et ainsi augmenter le temps disponible des équipages en journée. L’objectif affiché est clairement de multiplier les manches. L’autre nouveauté de cette édition sera la possibilité de retirer ses cinq plus mauvais résultats en points de coefficient 1 au lieu des deux plus mauvaises manches actuellement. C’est-à-dire, au choix, cinq bananes coefficient 1 ou quatre bananes et une offshore coefficient 1ou encore 3 bananes et une offshore coefficient 2 et ainsi de suite. Notre volonté est d’ouvrir le jeu au maximum avec plus de manche mais aussi avec un peu plus de droit à l’erreur. »
Un Championnat de France des Equipages étendu à quatre étapes Le Championnat de France des équipages, circuit officiel Mumm 30, mis en place en 2005 en partenariat avec la Fédération Française de Voile et l’ACPM continue lui aussi de se développer en intégrant le Grand Prix de l’Ecole Navale (couplé avec le Grand Prix Atlantique Mumm 30) et la Semaine de Internationale de Deauville. Quatre étapes sont donc prévues en 2008, le Tour de France à la Voile (coefficient 2) reste l’épreuve phare de ce circuit tandis que la finale sera toujours en septembre à l’occasion de la Route des Iles.
Un Championnat de France des Equipages étoffé et un Tour de France à la Voile musclé, la saison Mumm 30 2008 est bien partie pour nous faire saliver.
Tour de France à la Voile du 28 juin au 24 juillet 2008
DUNKERQUE : Samedi 28 juin : fin des contrôles de jauge – Dimanche 29 juin : prologue + parcours Lundi 30 juin : 10h00 parcours – 21h00 départ du ralliement (93 milles)
DIEPPE : Mardi 1er juillet : arrivée du ralliement – Mercredi 2 juillet : parcours Jeudi 3 juillet : 10h00 parcours – 18h00 départ du ralliement (178 milles)
PAYS GRANVILLAIS : Samedi 5 juillet : arrivée du ralliement Dimanche 6 juillet : 10h00 : parcours – 13h00 – départ du ralliement (105 milles)
PERROS-GUIREC – COTES D’ARMOR : Lundi 7 juillet : arrivée du ralliement – Samedi 7 juillet : 1 parcours Mardi 8 juillet : 10h30 parcours – 13h30 départ du ralliement (180 milles)
LORIENT : Mercredi 9 juillet : arrivée du ralliement Jeudi 10 juillet : 10h00 parcours – 18h00 départ du ralliement (180 milles)
ROYAN : Vendredi 11 juillet : arrivée du ralliement Samedi 12 juillet : parcours Dimanche 13 juillet : 10h00 parcours – 13h00 début des grutages
TRANSIT ROUTIER : Lundi 14 et mardi 15 juillet
SAINT CYPRIEN : Mercredi 16 juillet : parcours Jeudi 17 juillet : 12h00 parcours – 21h00 Départ du convoyage (13 milles)
PORT BARCARES : Vendredi 18 juillet : parcours Samedi 19 juillet : 12h00 parcours – 19h00 Départ du ralliement (122 milles)
MARSEILLE : Dimanche 20 juillet : arrivée du ralliement Lundi 21 juillet : 12h00 parcours – 21h00 Départ du convoyage (48 milles)
HYERES – TOULON PROVENCE MEDITERRANEE : Mardi 22 juillet : parcours Mercredi 23 juillet : 12 parcours – Jeudi 24 juillet : 12h00 parcours postlogue
Deux jours de mieux que le chrono d’Ellen Mac Arthur. Trois jours de mieux que son précédent record personnel. Et même dix heures de mieux que l’équipage de Bruno Peyron sur Orange II lors du Trophée Jules Verne victorieux (en 50 jours.. ). Ce qu’a réalisé Francis Joyon la nuit dernière à bord du maxi-trimaran IDEC en coupant l’équateur 6 jours, 16 heures et 58 minutes après son départ de Brest est tout simplement phénoménal. Avant cette nuit, on pensait que jamais un solitaire ne pourrait descendre sous la barre des sept jours sur cette première partie de course.
« Je ne m’y attendais pas » A la vacation de ce midi, Francis Joyon s’en est montré le premier surpris: « j’avais vu que c’était une belle fenêtre mais c’est vrai que je ne m’attendais pas à faire une descente aussi rapide ! Je trouvais qu’Ellen (MacArthur) avait déjà fait une belle descente, et même avec le premier IDEC j’avais été rapide. Donc j’imaginais un passage délicat, avec le pot au noir… alors c’est positif, une belle satisfaction. » Et battre même le temps du maxi Orange mené par tout un équipage ? « Le fait d’avoir une météo favorable aide énormément, mais il ne faut surtout pas mettre la barre trop haute et imaginer que je vais rester dans les temps d’Orange, là je suis à 17 nœuds dans des conditions où Orange serait à 23, 24 nœuds, je ne vais pas tenir leur rythme ! »
Ce qui explique que le passage a été aussi rapide ? « J’ai eu du vent portant tout le temps, mais il y a eu aussi beaucoup de manœuvres avec des grains assez violents dans le Pot. J’ai du affaler en catastrophe, prendre des ris en catastrophe pour réussir à passer sans souci. Après j’ai eu droit à du près, des vents très irréguliers, de la pluie battante, là c’était un peu chaud… Le vent variait énormément, mollissait à 5 nœuds pendant quelques minutes et repartait aussitôt à 25, 26 nœuds ! Alors le bateau s’emballait comme un fou… il fallait vraiment être vigilant pour à la fois garder beaucoup de toile pour réussir à passer dans les molles et à la fois ne pas se retrouver avec la cabane sur le chien dans les accélérations ».
Passer l’équateur, un symbole ? « C’est la mer qui veut bien nous laisser passer ou pas, alors il y a toujours une satisfaction à réussir ce passage ».
Les conditions actuelles ? « L’alizé est établi à 15 noeuds, assez régulier, sous un beau ciel bleu : des bonnes conditions pour aller vite si ce n’est une houle de sud qui fait parfois buter le bateau assez fortement. Depuis hier je découvre le bateau au près, il a un très beau passage aussi dans la mer à cette allure, en souplesse, sans trop d’efforts ».
Le bateau ? « Je crois qu’il a été bien dessiné et bien construit, c’est une réussite vraiment sympa. En une semaine j’ai fait plus de chemin que je n’en avais fait avec lui jusqu’ici. Je le découvre au grand large et il est vraiment bien adapté à ça. Je me répète mais je suis hyper content de ce bateau, vraiment. Beaucoup de gens s’y sont investis au-delà du travail normal, comme Christophe (Houdet) et d’autres qui y ont mis de la passion et ça se voit en naviguant dessus au large… »
Le skipper ? « J’ai pu récupérer après deux nuits blanches, une au Cap vert et une dans le Pot au noir. Même si on ne récupère jamais assez, ça va mieux de ce côté-là tout de même ».
Prochain objectif le cap de Bonne Espérance ? « L’alizé permet au mois d’avancer pour y voir plus clair. L’anticyclone de Sainte Hélène est très sud et risque d’obliger à faire une route assez longue pour aller passer de manière classique dans le sud de cet anticyclone.»
" On a fini par une petite régate en baie de Bahia avec Anne et Jimmy. Au bout de trois semaines de course, se retrouver dans cette situation-là, c’est super mais aussi un peu dur pour les nerfs ! En arrivant sur la pointe de Bara, il y avait 25 noeuds de vent, c’était extra mais une fois entré dans la baie, c’est devenu tordu, bourré de croche-pieds…" lâchait Marc Lepesqueux (13e) hier, en fin d’après-midi. Pourtant, le skipper de "Siegenia Aubi" pouvait s’enorgueillir d’avoir doublé deux de ses concurrents lors de ces derniers milles un peu compliqués, notamment Anne Liardet et Peter Harding sur "40 Degrees" (14e) : " On finit seulement six minutes derrière Marc. C’était lui ou nous. Il y avait des risées à droite, des risées à gauche et il fallait prendre la bonne au bon moment " commentait la Brestoise, qui a, pour sa part, devancé de dix minutes le tandem Jean-Michel Viant et Oliver Magre (15e). Ce mercredi après-midi, un nouveau groupe de trois bateaux s’est offert un finish à couteaux tirés. "Jardin Bio – Prévoir", "Commerce Equitable" et "Concise" ont bataillé comme des diables. Entrés les premiers dans la baie de Salvador en tout début de matinée (heure française), les Britanniques Dan Gohl et Tom Gall se sont trouvés empêtrés dans un trou de vent, avec deux noeuds de courant contraire et par conséquent une vitesse de rapprochement au but négative ! Passés plus proches de la côte, ses trois poursuivants directs ont été moins pénalisés par le courant, à commencer par "Nous Entreprenons". " Cela faisait trois jours qu’on était bord à bord avec "Concise". Au près, il nous avait mis 30 milles en deux jours, on ne comprenait pas pourquoi puis il s’est avéré que lorsqu’on est reparti sous spi on lui a récupéré du terrain, donc on était content. Pour finir, c’est l’équipage des plus anciens qui se tape l’équipage des plus jeunes ! " s’amusait Jacques Fournier. Malheureusement, l’équipage de "Concise", empêtré au milieu de la baie, n’a rien pu faire non plus pour empêcher "Jardin Bio – Prévoir" et "Commerce Equitable" de le doubler à leurs tours. " On les a croisé hier soir. Eux étaient encore sous spi et ils avançaient vraiment plus vite que nous. De notre côté, on ne pouvait pas tellement mettre de toile parce que c’était un peu chaud avec un seul safran. Pas une seconde on pensait pouvoir les mettre derrière au final " expliquait Jean-Christophe Caso cet après-midi. Même son de cloche du côté de Jean-Edouard Criquioche, skipper de "Commerce Equitable" : " hier au dernier pointage, ils étaient 60 milles devant nous. On ne pensait pas pouvoir combler un écart pareil. Et puis ce matin, en arrivant dans la baie, on les a vu complément scotchés et on a commencé à y croire ! Idem pour "Jardin Bio – Prévoir" car on était bien revenu sur lui cette nuit ", ce que confirme Caso : " Vers 8 heures ce matin, ils nous ont contacté par VHF et à ce moment-là, on était cinq milles devant mais ils nous ont recollé à tel point que ça se fini en un duel digne de match racing, avec 500 mètres d’écart sur la ligne. C’est marrant, ça veut dire qu’il n’y a vraiment jamais rien de fait jusqu’à la dernière seconde. En tous les cas, c’est sympa de les voir derrière parce que, forcément, ça aurait été moins bien de les voir devant (rires) ! C’était une belle bagarre. C’est quand même extra, après 25 jours de mer, de terminer avec si peu d’écart " commentait le Rochelais. Vingt-sept secondes pour être précis. " C’est une jolie fin ! " a dit Criquioche. Pour l’anecdote, lors de la Route du Rhum – La Banque Postale, il avait terminé 41 secondes devant Cécile Poujol ("Merci les Amis!"). " C’était plus drôle car cette fois-là, c’était à mon avantage " a t-il ajouté. Il termine donc 22e de cette Transat Jacques Vabre, deux minutes et vingt-cinq secondes devant l’équipage malheureux de "Concise".
Ils ont dit :
– Simon Clarke sur "Clarke Offshore Challenge", 16e : " On est très content d’être là… C’est la première fois qu’on participe à la Transat Jaques Vabre. Au niveau des conditions, on n’a pas vraiment eu ce à quoi on s’attendait. Pour nous, le moment clé de la course a été l’instant où on s’est fait larguer par monsieur Soldini au niveau des Canaries. On était sur la même route que lui mais de son côté, il n’a été ralenti qu’une heure alors que nous, derrière, on est resté planté sans vent pendant 36 heures. Pourtant, tous les champs de vent montraient qu’il y avait de l’air ! On ne pouvait rien faire ! Après ça, on a dû batailler comme des fous pour remonter au classement mais on a eu que du portant et ce n’est pas l’allure à laquelle notre bateau est le plus performant, malheureusement…"
– Cécile Poujol sur "Merci les Amis ! ", 17e : " C’était une transat longue et physique. On n’a pas arrêté ! Le vent n’a jamais été stable plus d’un quart d’heure : un truc de fou ! Nous, pour commencer, on a raté la sortie de la Manche : on sort 29e ! Ensuite, on a attaqué comme des sauvages au Cap Finiterre et on a tout cassé. Total, on est repartit dans les choux. Ensuite, on a essayé de recoller doucement au paquet. Les derniers jours ont été tops : sous spi, à bloc, c’était sympa… Ce que je retiendrai de cette course, c’est qu’il faut arrêter de faire du spi pleine balle au Cap Finisterre ! J’ai fait exactement comme en Mini : je suis passée au même endroit, j’ai fait la même connerie et j’ai aussi tout pété… C’était une transat de sarkozistes : il fallait toujours être à droite, les plus riches devenaient toujours plus riches et nous, on a travaillé plus pour gagner plus mais ça n’a jamais marché ! (rires). Plus sérieusement, il fallait être en tête car ça partait toujours par devant et nous, forcément, derrière, on n’a pas été aidé. Mais bon, c’était bien… Je reviendrai ! "
– Alexia Barrier sur "Pindar 40", 19e : " On a fait pas mal de bêtises et on a cassé notre grand voile dans le golfe de Gascogne, ce qui ne nous a pas aidé. On n’a pas été très chanceuses au début alors qu’on était super bien placées. Ensuite, on s’est un peu loupé sur l’Equateur. On aurait pu remonter mais bon… On a fait aussi pas mal de belles choses et c’était vraiment une super expérience. On est heureuses d’être à Salvador. C’était notre première course avec Jo. Elle, c’était même sa première course au large tout court. A bord, c’était assez fort et on a vécu des moments intenses ensemble. On s’est beaucoup marré et c’est rare quand ça se passe comme ça… On a apprécié la course aussi pour ça ! C’était un peu frustrant de ne pas avoir de vent et de se retrouver derrière à ne rien pouvoir faire. Mais bon, ça nous a fait aussi bosser la patience et on est deux jeunes filles qui ont besoin de ça ! Ca nous a fait du bien ! (rires). "
– Jacques Fournier sur "Nous Entreprenons", 20e : " On est content d’avoir finalement doublé les deux petits Britanniques. Ca faisait trois jours qu’on était bord à bord avec eux. Au près, ils nous avaient mis 30 milles en deux jours, on ne comprenait pas pourquoi puis il s’est avéré que lorsqu’on est reparti sous spi on leur a récupéré du terrain, donc on était content. Pour finir, c’est l’équipage des plus anciens qui se tape l’équipage des plus jeunes ! (rires) Sur cette transat, on s’est fait plaisir. On est cependant un peu déçu pour le classement. On le doit à une mauvaise pioche au niveau des Canaries et on l’a payé tout le long puisqu’on est resté une journée et demie là-bas, sans vent. Pour autant, tout le reste de la course s’est bien passé. On s’est fait des minis duels. On faisait partie du troisième groupe alors on voulait être les premiers du groupe puis ensuite, on a voulu regratter les derniers du deuxième groupe, ce qu’on a réussi à faire finalement. On est content. "
IDEC a encore engrangé à un rythme impressionnant depuis hier après-midi : le grand trimaran rouge possède ce matin à 7h la bagatelle de 658 milles d’avance sur le temps de référence d’Ellen MacArthur. Une avance doublée en seulement 36 heures! Par 25°44 de longitude Ouest, Francis Joyon n’est plus qu’à quatre degrés de l’équateur (4°25’Nord). Mais le coup de frein annoncé hier par le navigateur trinitain engagé à a poursuite du record du tour du monde en solo est en train de se produire, dans ce qui semble fort correspondre aux prémices du Pot au Noir. Depuis 4h ce jeudi matin, IDEC a ainsi été freiné dans sa progression, avec des vitesses tombant en dessous de 20 neuds, puis en dessous de 15 noeuds. Les "choses plus compliquées" évoquées par Francis Joyon hier sont en train de se préciser. Combien de temps va durer ce passage de la zone de convergence intertropicale, réputée pour ses trop grands calmes et ses violents grains? C’est toute la question des 48 heures à venir. Rappelons que sur ce segment Brest/Equateur, Ellen MacArthur avait mis 8 jours et 18 heures. Francis Joyon, lui, bouclera son sixième jour de course à 11h05 ce matin et possède donc plus d’une journée d’avance sur ce temps intermédiaire. Mais il rappelait aussi hier que le Pot au noir pouvait "entièrement remettre en cause cette belle avance"…
Grant Dalton, directeur de Team New Zealand, vient de réclamer un dédommagement au patron d’Alinghi, Ernesto Bertarelli, pour le report de l’édition 2009 de la Coupe de l’America. Une demande envoyée à peine 24 heures avant que le juge Justice Herman Cahn, de la Cour suprême de New York, ait prononcé son verdict en défaveur du businessman suisse Bertarelli, et en faveur de Larry Ellison, du Golden Gate Yacht Club de San Francisco (lire articles précédents). Grant Dalton estime les pertes de son team Kiwi à 12 millions de livres si la Coupe de l’America est reportée en 2010 et à 19 millions d’Euros si c’est en 2011. C’est en tout cas l’estimation financière qu’a réalisé Grant Dalton suite aux désastreuses complications commerciales causées par l’affaire entre les Suisses et les Américains. Il reste néanmoins une chance que la Coupe ait lieu en 2009, mais suite à la décision de Cahn, tout dépend désormais de l’attitude de Bertarelli. Or, 24 heures après le verdict de la Cour de justice, il n’avait pas confirmé s’il ferait ou non appel… S’il fait appel, la course pourrait être effectivement retardée d’au moins un an. S’il ne le fait pas, il peut renégocier un nouveau Protocole de règles avec l’équipe d’Ellison. Ce protocole serait considérablement plus équitable que celui de juillet dernier et permettrait ainsi d’ouvrir l’événement aux neuf challengers déclarés et probables. S’il n’y a aucun consentement réciproque, les deux parties seront attachées selon les termes du Golden Gate’s July challenge. Par défaut, un défi entre les Suisses et les Américains, sur des catamarans, aurait lieu dans 10 mois. Mais c’est encore loin d’être bien clair. Suite au prochain épisode !
Nouvelle épreuve du calendrier Imoca, la transat Ecover-BtoB est née pour servir de qualification en vu du prochain Vendée Globe. Le départ de Salvador de Bahia pour Port la Forêt a été donné à 11 heures (heure locale) précises dans une brise assez instable et faible de secteur Sud. Il faut dire qu’une zone orageuse s’était installée dès ce jeudi matin sur la Baie de Tous les Saints et que la difficulté pour les quinze monocoques était bien de se dégager le plus rapidement possible des côtes brésiliennes pour attraper les alizés de secteur Nord-Est qui soufflent au large du Brésil.
Dans ces conditions avec un vent de secteur Sud de 6 nœuds, forcissant légèrement à 10 nœuds juste après le coup de canon libérateur, les quinze solitaires avaient le choix entre franchir la ligne tribord amure au bateau Comité (donc prioritaire) ou côté bouée mouillée devant le Yacht Club en bâbord amure… Et la flotte se scindait en deux groupes avec Loïck Peyron, Marc Guillemot, Bernard Stamm, Michel Desjoyeaux, Mike Golding, Jean-Baptiste Dejeanty… côté terre, tandis que Yann Eliès, Kito de Pavant, Arnaud Boissières, Yannick Bestaven… préféraient rester au milieu du chenal, la marée descendante favorisant la sortie de la baie.
Un départ très serré
Gitana Eighty était le plus prompt sur la ligne côté bouée en bâbord amure, suivi de très près par Safran tandis que Cheminées Poujoulat serrait trop la marque de bout de ligne et prenait sa quille pendulaire dans son mouillage : Bernard Stamm se voyait contraint de se mettre face au vent pour se dégager, mais voyait plus de la moitié de la flotte le dépasser ! De l’autre côté de la ligne, Generali arrivait en tribord et virait rapidement sous les deux leaders tandis que plusieurs solitaires se croisaient à quelques mètres les uns des autres pour se recadrer près de la côte. Tout le monde se retrouvait donc bâbord amure au près pour aller chercher la bouée de Santo Antonio à cinq milles dans le Sud, avec Loïck Peyron en ouvreur, suivi par Marc Guillemot et Armel Le Cléac’h.
Il ne fallait donc pas longtemps pour parer la première et dernière bouée de ce parcours de 4 200 milles entre le Brésil et la Bretagne. Mais Dee Caffari indiquait qu’elle connaissait des problèmes techniques sur son enrouleur de gennaker et Aviva revenait rapidement au port de Bahia pour effectuer une réparation express. Cette première demi-journée de course devrait se caractériser par un louvoyage le long des côtes brésiliennes contre un alizé de secteur Nord-Est d’une dizaine de nœuds qui devrait se renforcer en début de nuit en tournant progressivement au secteur Est : les quinze solitaires pourront donc allonger la foulée en direction de Recife, puis de l’équateur. Mais ils doivent donc s’attendre à naviguer penché à 25° pendant une bonne semaine avant d’espérer que l’anticyclone des Açores soit bien positionné au Sud-Est de l’archipel et qu’une dépression les cueille pour achever cette première transat Ecover-BtoB en moins de quinze jours…
Passage à la bouée de Santo Antonio :
1-Gitana Eighty : Loïck Peyron
2-Safran : Marc Guillemot
3-Brit Air : Armel Le Cléac’h
Classement au départ de la transat Ecover-BtoB :
1-Gitana Eighty : Loïck Peyron
2-Safran : Marc Guillemot
3-Cheminées Poujoulat : Bernard Stamm
4-Generali : Yann Eliès
5-Foncia : Michel Desjoyeaux
6-Brit Air : Armel Le Cléac’h
7-Groupe Bel : Kito de Pavant
8-Akena Vérandas : Arnaud Boissières
9-Maisonneuve : Jean-Baptiste Dejeanty
10-Spirit of Canada : Derek Hatfield
11-Great American III : Rich Wilson
12-Ecover 3 : Mike Golding
13-Cervin enR : Yannick Bestaven
14-Roxy : Samantha Davies
15-Aviva : Dee Caffari
Mike Golding (Ecover 3)
« C’est une course intéressante avec beaucoup de vents contraires qui permettra d’évaluer comment va Ecover 3 par rapport au reste de la flotte. Mais ce sera un tracé difficile avec beaucoup de manœuvres, de changements de voile… et au moins six jours penchés à 25° ! Je continuerais à naviguer à mon rythme mais je pense que la transat Ecover-BtoB sera très disputée jusqu’à l’arrivée… Le premier challenge est de sortir de la baie de Salvador de Bahia pour attraper les alizés de secteur Est. Nous aurons donc à naviguer contre le vent et au débridé, probablement le long des côtes et la grande question est de savoir à combien de milles du Brésil il faudra se placer. De plus, la brise est assez différente de jour et de nuit, et il sera important d’être en phase avec ces bascules de vent. Si l’anticyclone des Açores est à sa place normale à cette saison, il faudra effectuer une trajectoire courbe vers le Nord pour le contourner et terminer avec une dépression. Ainsi les points névralgiques de la transat Ecover-BtoB seront les premières heures après le départ, le Pot au Noir et le choix d’être plus ou moins proche des Açores. Et en ce moment, les alizés de l’hémisphère Nord sont assez puissants… »
Bernard Stamm (Cheminées Poujoulat)
« La transat Ecover-BtoB est avant tout une qualification pour le Vendée Globe. Il n’y a pas, pour moi, un réel enjeu, sinon celui d’arriver de l’autre côté sans me faire mal et sans casser. Pour un gabarit comme le mien, Cheminées Poujoulat est actuellement dur à manœuvrer tout seul. Cela dit, ils sont tous de plus en plus puissants et de plus en plus durs. Jusqu’au Pot au Noir, on sait ce qui nous attend, des alizés, mais au près. Ensuite, on verra sur place, c’est l’hiver, en Atlantique nord, donc jamais tendre… Ici, à Bahia, c’est la grisaille, il y a une espèce de dépression tropicale au Sud qui rend la zone de départ un peu bizarre. Il faudra rapidement se dégager de cette histoire pour récupérer gentiment les alizés et ouvrir un peu les voiles. Après Recife, on devrait être vent de travers un petit moment. Ensuite, une fois passé le Pot au Noir, que nous irons normalement chercher au même endroit qu’à l’aller, ce sera à nouveau du près dans les alizés de l’hémisphère Nord. Quant à la suite, tout dépendra de la situation, ce n’est pas garanti qu’il y ait du vent fort là-haut ! »
Rich Wilson (Great American III)
« La transat Ecover-BtoB va être une superbe course sur un parcours qualificatif pour le Vendée Globe. Il y a de nombreux marins fantastiques au départ à Bahia aussi ! Je n’ai jamais fait un briefing des skippers où il y avait des coureurs d’un tel calibre. C’est très spécial d’être dans la même salle que Michel Desjoyeaux, Bernard Stamm, Loick Peyron, etc. C’est absolument fabuleux. Il y avait des tonnes de milles de courses océaniques là-dedans et juste le fait d’être là est très spécial. J’attends le départ avec impatience. Il y aura encore un peu de travail au près car le bateau est plus âgé. C’est un bateau moderne mais j’ai quelques années de plus que les autres et donc c’est un bon bateau pour moi. C’est aussi un bateau sûr. »
"Nous sommes au reaching, sous un grand soleil, les conditions sont idéales mais en tant que coureurs, nous sommes un peu frustrés.", avouait Dominique Wavre lors de la vidéo conférence du jour. "On se fait un peu distancer, ça s’en va par devant tandis que nous ne voyons pour l’instant pas vraiment la sortie." Sixièmes avec 20 milles d’avance sur un Mutua Madrileña très accrocheur, le couple Wavre – Paret travaille sans relâche sur le pont comme à la table à cartes, "les yeux obnubilés par les chiffres", afin de tâcher de rattraper son retard. Juste derrière, Javier Sanso et Pachi Rivero exploitent très bien le potentiel de leur navire, de la génération précédente, et signent d’ailleurs le 3ème meilleur temps entre les portes des Canaries et de Fernando de Noronha ! Les navigateurs espagnols comptent bien prolonger le coude à coude avec Temenos II.
Devant, Delta Dore a perdu sa quatrième place au profit d’un Hugo Boss en pleine démonstration de puissance, ce qui n’aura pas manqué de ravir son skipper : "Avant la porte hier, ils avaient 23 à 24 milles d’avance sur nous, mais cette nuit et ce matin nous étions plus rapide d’un noeud à un noeud et demi (…) Dès que nous avons doublé Delta Dore, j’ai appelé Pascal Conq (architecte d’Hugo Boss, ndlr) pour lui dire que son bateau était sacrément rapide !" Bien évidemment, cet enthousiasme n’était pas partagé par un Jérémie Beyou dont on connaît la combativité sur l’eau. "Ce n’est pas très agréable, cette démonstration de vitesse", lâchait le régatier acharné, concédant cependant que les conditions étaient très plaisantes, propices aux "manip’ sur le pont en maillot de bain." Pas d’insouciance pour autant, dans la mesure où la situation météo qui "se déroule est un tapis rouge pour les premiers (…) Nous avons 300 milles de retard et une zone de molle à passer (…) J’ai fait une petite simulation, et cela pourrait nous leur donner plus de 600 milles d’avance au niveau de Bonne-Espérance."
Nul doute que cette situation inquiète la flotte dans son ensemble, alors que le duel au sommet que se livrent PRB et Paprec-Virbac 2 ne baisse pas en intensité, 130 milles devant un Veolia Environnement solidement accroché à sa troisième place.
Servane Escoffier, Educacion Sin Fronteras "On a passé l’équateur il y a une heure et demie, ce n’est rien de concret mais c’est toujours un moment particulier. Albert et moi avons ouvert un bon champagne, et j’ai offert deux de mes bonbons à Neptune."