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10 jours de course et 820 milles d’avance

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« Ces 10 premiers jours, je ne les ai pas vu passer «  s’étonne Francis Joyon, étonnamment frais et dispos. « Il a fallu tout de suite entrer dans un rythme de vitesse, dans des vents portants très soutenus qui ont engendré pas mal de stress. J’ai découvert le bateau sous un jour formidablement favorable. Sa longue étrave à fait merveille, évitant tout « planté » intempestif et permettant au bateau de ressortir en douceur des vagues sans s’arrêter. IDEC est capable d’accélérations impressionnantes mais tout à fait maîtrisables. Je me suis, dans cette première partie, attelé à faire marcher le bateau très vite. Il était important pour moi de prendre avant l’équateur une avance substantielle. »
Le pot au noir a ensuite joué à plein son rôle de transition, sans pour autant pénaliser la marche de Francis vers le record. « Ce fut une période intéressante, quoique fatigante avec les nombreuses manoeuvres » lourdes » nécessitées par les constantes variations du vent en force et en direction…Mail ce passage m’a aussi permis de constater la bonne tenue du bateau dans les petits airs puisque même avec moins de 10 nœuds de vent, je progressais à 15 noeuds au portant… »

Au près dans l’alizé de Sud Est… «  Passé l’équateur, je suis entré voici trois jours dans un régime d’alizé que je dois négocier au près. Le bateau tape et ce n’est pas très agréable. La vitesse a, bien entendu, chuté mais dans des proportions qui me permettent de progresser à un rythme record puisque je dispose d’environ 3 jours d’avance sur le tableau de marche d’IDEC en 2003. »

Une porte ouverte sur le Grand Sud
Francis Joyon et son conseiller météo Jean-Yves Bernot travaillent depuis plusieurs jours à la définition d’une trajectoire autour de l’anticyclone de Sainte Hélène, vers les grands régimes perturbés d’Ouest qui circulent autour de l’Antarctique. « Nous avons identifié voilà 4 jours un « thalweg », petit creux barométrique sur notre route » précise Francis, «  un petit centre dépressionnaire qui a l’air de nous attendre avec ses vents de secteur Nord. Si nous parvenons à l’attraper, le chemin vers Le Cap nous est ouvert… »  IDEC s’accommode pour l’instant fort bien d’un reste d’alizé orienté plein Est. « J’ai 10 nœuds de vent réel par le travers et je suis en permanence entre 16 et 17 nœuds » confirme Francis.

Le rythme de vie à bord du géant signé Irens/Cabaret s’apparente à de la routine. Francis, comme à l’accoutumé, s’en remet aux simples réflexes de l’existence pour maintenir son étonnante fraîcheur physique ; « Je mange au rythme normal de trois repas par jour, avec un gros petit déjeuner, un déjeuner et un dîner, pris aux heures « normales « de la journée. Je veille juste à absorber un nombre important de calories. J’essaie aussi de privilégier le sommeil lorsqu’il fait nuit, car c’est là que l’organisme récupère le mieux, tout en me ménageant de petites siestes. Ma vie au quotidien n’a rien de très originale (rires). Je passe beaucoup de temps dans ce petit sas entre cabine et cockpit. C’est là que je dors où que je somnole, toutes mes écoutes à portée de main. J’ai beaucoup barré les premiers jours lorsque j’étais sous spi. Vent de travers, le pilote automatique fait un bon boulot et le sas est l’endroit idéal pour se protéger, se reposer tout en restant en capacité de réagir vite à toute modification dans le comportement du bateau…Je ne descends à l‘intérieur que pour récupérer les infos météo. »

A 2 600 milles de la longitude du Cap, IDEC et Francis Joyon, loin des chiffres et des statistiques préservent avec obstination l’attitude agressive adoptée depuis le départ de Brest. « Je suis à 100/% en permanence. Dans une telle expédition, on ne peut jamais se relever et couper son effort » Et de s’étonner : « je suis dans une chaleur caniculaire, mais il me faut déjà penser au froid polaire qui m’attend dans quelques jours, et préparer le bateau dans cette optique.. »

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Transat B to B : Foncia à 2,5 milles du leader

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L’air de rien, plus de 700 milles ont déjà été avalés depuis le départ de la transat Ecover-BtoB, jeudi 29 novembre à 15h00 (heure française) et ce en deux jours et demi, ce qui porte la moyenne depuis Salvador de Bahia à plus de onze noeuds. Et quand on sait que la flotte a dû composer avec un vent contraire, il n’y a pas à rougir de cette progression qui ne fait que gagner des dixièmes de noeuds depuis ce week-end. Du vent, il y en a toujours eu et au fil des heures, il n’a fait que s’orienter à l’Est, donc favorablement. Et en ce dimanche matin, ce sont plus des vitesses proches de treize à quinze noeuds qui marquent cette "montée" vers le Nord.

Le grand huit

Côté mer, la hiérarchie n’a pas trop changé la nuit dernière et rester au contact est encore à l’ordre du jour. La différence tient au fait que le groupe de tête, les huit premiers, creuse inexorablement l’écart face à la génération "montante", celle des années 1996 et 2000. Le trio chasseur, meneur de jeu de cette meute de poursuivants (Maisonneuve, Roxy, Akena Vérandas) concède déjà cent milles de décalage, ce qui signifie déjà que l’approche du Pot au Noir programmé pour demain lundi ne sera pas tout à fait la même… En une demi journée, la nébulosité et les phénomènes locaux qui caractérisent cette Zone de Convergence Inter Tropicale (ZCIT) peuvent être radicalement différents !

Donc devant, les huit solitaires ont profité de la nuit pour se démarquer légèrement. En fait, seul Armel Le Cléac’h (Brit Air) a franchement cherché à grappiller du "latéral", à se décaler sur une route plus à l’Est et si la hiérarchie n’en a pas été bouleversée pour autant, il y a tout de même un écart d’une quinzaine de milles par rapport aux "sept mercenaires". Toujours emmené par Yann Eliès (Generali), le "clan des Brésiliens" ne s’est pas dispersé dans la nuit et a continué son bonhomme de chemin sans modifier d’un degré son cap vers la ligne de changement d’hémisphère. Il n’y aura donc pas ce dimanche, de grands bouleversements : ces sept bateaux se voient encore à l’horizon à l’exception du monocoque de Bernard Stamm (Cheminées Poujoulat) qui confirme ce que tous les observateurs prévoyaient… Le plan Farr de 2000 a un tout petit déficit de vitesse pure face aux sept nouveaux prototypes mis à l’eau cette saison.

Qui serait donc surpris de voir que Michel desjoyeaux (Foncia), Mike Golding (Ecover), Marc Guillemot (Safran), Loïck Peyron (Gitana Eighty) ou Kito de Pavant ( Groupe Bel) sont toujours au coude à coude ? Et le seul évènement qui se profile à l’horizon est désormais le "basculement" dans l’hémisphère Nord : la ligne équatoriale est à moins de 200 milles des étraves, soit autour de minuit…

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36 milles d’avance pour le leader PRB

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Pendant ce temps, en tête, Vincent Riou et Sébastien Josse confortent encore leur leadership… Depuis la nuit dernière, les écarts ne cessent de se creuser. Une fatalité contre laquelle aucun des concurrents de PRB ne peut rien. A part tirer le maximum de leur bateau. C’est ce qu’ils font tous, avec le peu de vent stable qu’ils puissent exploiter. Côté stratégie, en effet, rien de croutillant à l’horizon. Le chemin à suivre est le même que ces jours derniers : glisser sous Saint Hélène.

Or, cette grosse masse de hautes pressions vient d’absorber une autre bulle anticyclonique, plus petite, située dans son Sud Ouest. Résultat, Sainte Hélène s’étire vers le Sud, se gonfle, en glissant un peu vers l’Est. Dans son sillage : des zones orageuses perturbées avec lesquelles les marins vont devoir composer à grand renfort de changements de voile et de réglages fins. Dans son Sud : des vents faibles à nuls qui risquent fort de barrer la route vers le grand Sud.
Pour résumer : la situation globale n’est pas très confortable pour les coureurs et reste globalement plus favorable aux premiers.

A la vacation d’hier, Jean-Pierre Dick, Vincent Riou, Roland Jourdain, commençaient à évoquer le Sud… On parle de température qui baisse doucement, de polaires qu’il va bientôt falloir ressortir des sacs. Ce matin, Jérémie Beyou et Sidney Gavignet ont entammé un « Kouign Aman » (gateau breton constitué à 90% de beurre) pour le plaisir bien sûr, mais aussi pour pallier la baisse des températures… Michèle Paret (Temenos 2) écrivait ce matin : « Hier le grand Sud a commencé à m’imprégner, une foule de souvenirs me sont revenus à l’esprit, ce monde fascinant tellement diffèrent qui, dans quelques jours va "avaler" la flottille…Nous y pensons tous avec  beaucoup de pudeur et de respect… »
A bord de Delta Dore, Jérémie Beyou et Sidney Gavignet préparent leur arrivée prochaine dans les 40e par un check-up du mât, des appendices… « Pour être en mesure d’attaquer sereinement lorsqu’on y sera ! », précise Sidney.

Après la Méditerranée, la page « descente de l’Atlantique » de cette Barcelone World Race va donc bientôt se tourner. Les marins de cette première circumnavigation en double semblent prêts à interpréter le troisième chapitre, celui des 40e rugissants.

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Transat B to B : Foncia en tête

foncia
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"Un dimanche à l’équateur" : le film de la transat Ecover-BtoB s’appuie sur un scénario simple en ce quatrième jour de course ! Devant, deux compères qui glissent à plus de quatorze noeuds cap au Nord-Nord Est dans un alizé travers à la route, quelques milles seulement devant six autres solitaires : Foncia a grillé la priorité à Generali en pleine vacation radio avec le PC Course installé au Salon Nautique de Paris…

"Michel me double ! Il va un tout petit peu plus vite, mais il est sous génois quand je suis encore sous trinquette : il va falloir que je manoeuvre… Je vais remettre de la "bâche". Ici c’est grand soleil mais c’est étrange pour le Pot au Noir à venir : il y a une bulle sans vent qui se profile à l’horizon sous notre vent. En tous cas, je vais suivre le "professeur", probablement vers le 27° Ouest. Il va vite et il donne le "La"…" indiquait Yann Eliès à 15h00. Et justement Michel Desjoyeaux renchérissait : "J’ai retiré le ciré et il n’y a pas grand chose à faire aujourd’hui. Juste un peu de ménage : éponge dans les fonds et rangement dominical… J’ai profité du fait que Generali soit passé sous un nuage pour le dépasser. On vit penché, il fait chaud et humide et on s’habitue au bruit… Le Pot au Noir ? J’ajusterait la route au dernier moment !"

Une bulle dans l’air !

Son de cloche légèrement différent pour Loïck Peyron (Gitana Eghty) : "Vivement qu’on se prenne une dépression ! Ca voudra dire qu’on est proche de l’arrivée… Car c’est un peu lassant en ce moment et toujours aussi chaud. Nous avons déjà parcouru près de 900 milles en trois jours : c’est pas mal ! A mon avis, tout le groupe de tête va rester groupé pour passer le Pot au Noir… Mais ça n’a pas l’air aussi simple que ça : il y a des petits ronds sur les fichiers météo, ce qui veut dire qu’il n’y a pas de vent…" Et de son côté, Marc Guillemot (Safran) répond en écho : "C’est le four à l’intérieur… Et j’ai attrapé un poisson volant dans mon ballast : je l’ai retiré mais il n’est pas en bon état ! Nous devrions passer l’équateur cette nuit (heure Brésil) et je commence à me décaler un peu plus à l’Ouest que mes camarades : j’ai décidé de me séparer de la flotte (ou c’est la flotte qui ne veut plus de moi…) parce que je pense que la bonne option passe par une route plus "américaine" que "africaine". On verra bien ! En tous cas, le bateau va bien et s’avère très réussi…"

Dans le même groupe leader, les solitaires contactés par radio informaient de leurs petits soucis techniques. Mike Golding (Ecover) : "J’ai eu un gros problème de ballast qui a fuit et s’est répandu dans le bateau, submergeant le moteur et les batteries. Mais j’ai réussi à contenir la fuite et à ne pas avoir de problèmes électriques. Mon nouveau bateau, qui n’avait que quatre jours de mer avant la transat Jacques Vabre, va vraiment vite au portant comme il l’a montré à l’aller vers le Brésil, et là il va bien aussi au reaching et au près… Il n’y a plus qu’à attendre le Pot au Noir !" Sur Cheminées Poujoulat, Bernard Stamm aussi était les mains dans la caisse à outils : "J’ai des problèmes d’informatique : mon ordinateur principal est tombé en rade et depuis samedi midi, je n’avais plus de fichiers météo. Je bricole avec mon deuxième ordi… Là, le vent est travers pour quinze noeuds mais j’ai eu un grain ce matin et la mer est encore un peu agitée."

Des grains, il y en a aussi pour le groupe poursuivant car semble-t-il, les conditions météorologiques commencent déjà à différer légèrement avec le retard de 100 à 200 milles du peloton. "Je suis un peu fatigué à cause des grains qui balayent la zone… J’ai manoeuvré en envoyant le gennaker quelques heures mais il a fallu revenir sous solent ensuite…" observait Yannick Bestaven (Cervin EnR). Et pour Jean-Baptiste Dejeanty (Maisonneuve) : "Je suis au large des îles de Fernando de Noronha. J’étais encore avec Roxy hier soir, mais Samantha va un poil plus vite. En fait, le bateau a du mal à passer en finesse dans ce gros clapot alors j’essaye de nouvelles combinaisons de voile !"

C’est donc un dimanche sans trop de tracas pour les quinze solitaires en route vers le changement d’hémisphère, une ligne équatoriale que les leaders vont ainsi franchir autour du 28-29° Ouest en milieu de nuit brésilienne, tandis que les premiers chasseurs (Roxy, Maisonneuve, Akena Vérandas) vont la passer avec huit heures de décalage et que Dee Caffari (Aviva), retardée par son retour express à Bahia, devrait l’atteindre en fin de journée lundi. Ainsi, au lever du jour en France, il sera possible de trancher le dilemme que pose ce groupe de tête : est-ce que les solitaires vont jouer compact en restant sur la même trajectoire afin de limiter les risques d’un "embourbement" dans une bulle sans air, que les fichiers laissent apparaître à l’horizon du Pot au Noir, ou est-ce que certains (comme Marc Guillemot le laissait entendre) vont tenter leur chance en fonction des informations qu’ils récoltent, pour semer leurs concurrents sur une route légèrement décalée ? "Politique de l’écureuil" contre "prise de risque" : les écarts latéraux ne devraient toutefois pas être très marqués, en tous cas beaucoup moins que ceux constatés lors de la transat Jacques Vabre, il y a seulement trois semaines…

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777 milles de capital pour IDEC

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Le capital du navigateur trinitain à la poursuite du record du tour du monde en solitaire s’élève ce dimanche soir à 17h à 777 milles contre 666 milles voilà 24 heures. Dans un alizé d’Est de 10 à 15 noeuds, IDEC affiche 17,5 noeuds de moyenne sur 24 heures et Francis Joyon a pu très légèrement incurver – de dix degrès – la route d’IDEC qui fait désormais cap au 170°. La stratégie consiste maintenant à aller chercher une dorsale qui fera bénéficier IDEC d’un vent portant de secteur nord-est à nord, lequel devrait permettre de bien "descendre" le long puis sous l’anticyclone de Sainte-Hélène avant de pouvoir mettre le clignotant à gauche vers le cap de Bonne Espérance. Joint brièvement aujourd’hui, Francis Joyon a plaisanté :  "la bonne nouvelle c’est qu’IDEC n’a pas fondu sous le soleil". Il a ajouté que son bateau ne tapait pas trop dans la vague, qu’il avait pu se reposer et enfin qu’il devrait rencontrer les mêmes conditions qu’aujourd’hui pendant environ une vingtaine d’heures avant de bénéficier de la bascule au portant. Ce soir, IDEC a effectué plus d’un septième de la route théorique directe (3420 milles sur l’orthodromie totale de 21 600 milles, évidemment bien plus en réel sur l’eau). Il n’y a aucun souci technique sur le bateau, le navigateur est en forme et totalise plus de deux jours d’avance sur le chrono à battre…

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Ian Williams champion du monde, déception pour Mathieu Richard

Ian Williams s´est imposé en trois manches en finale face au Russe Eugeniy Neugodnikov.
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Mathieu Richard a été battu par Paolo Cian sous le score de 3 à 1, tandis que son grand rival pour le titre de Champion du circuit mondial, le Britannique Ian Williams, a gagné sa place pour la demi-finale en éliminant Jesper Radich 3 à 0. Lors de cette demi-finale, Cian et Williams se retrouvaient à égalité 2 à 2, ce qui signifiait que tout allait dépendre de leur cinquième duel. Le Britannique a pris le meilleur départ et malgré sa détermination, l’Italien n’a pas pu revenir sur lui. En franchissant la ligne d’arrivée et en se qualifiant pour la finale, Ian Williams et son équipage ont donc remporté les points nécessaires pour assurer leur place de champions du World Match Racing Tour. L’autre demi-finale allait être disputée entre le vétéran Peter Gilmour et Bjorn Hansen. L’Australien a obtenu son billet pour la finale sous le score sans appel de 3 à 0. Cette finale entre Gilmour et Williams se disputera demain dimanche.

La réaction de Ian Williams : "Je suis absolument aux anges, je n’arrive pas à me dire que nous avons gagné la World Match Racing Tour. J’en rêve depuis dix ans, et le chemin a été long, mais c’est si bon maintenant!  Souvent on cite le nom du skipper pour parler d’un équipage en match racing, mais en réalité il s’agit d’un sport d’équipe et c’est justement la solidarité de l’équipe, qui est décisive, et mon équipe a été vraiment fabuleuse. Cela dit, notre travail n’est pas encore terminé, car si nous nous sommes assurés du titre de champion aujourd’hui, demain on va être de nouveau sur l’eau face à Peter Gilmour, le tenant actuel de la Monsoon Cup!"

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Safran en tête… avec 0,6 milles d’avance

Marc Guillemot / Safran
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L’interrogation quant à savoir si les monocoques allait devoir enchaîner deux virements de bord pour parer les côtes brésiliennes n’a plus lieu d’être : les alizés ont bien été au rendez-vous de cette bascule attendue depuis le départ de Bahia jeudi à 15h00, et du secteur Nord-Est, ils sont passés à l’Est et devraient au fil des heures et du gain en latitude, tourner encore vers le Sud-Est. Le bilan est simple : premièrement, la flotte peut se glisser sans coup férir au large des côtes brésiliennes ; deuxièmement, les vitesses ont nettement pris du coffre ; troisièmement, le confort précaire des premières heures de course a fait place à une mer plus ordonnée et surtout à un passage dans les vagues moins brutal… La trajectoire incurvée est symptomatique de ce que les marins dénomnent "une cuillère" !

Pas d’écueils à Recife

Très clairement, les huit leaders ont fait le trou et naviguent toujours à vue après plus de 36 heures de mer. Comme par hasard, sept d’entre eux sont des prototypes de la nouvelle génération et seul Cheminées Poujoulat arrive pour l’instant à tenir le rythme. Difficile de dire qui est réellement premier puisque ces huit monocoques se tiennent en moins de sept milles à plus de 3 750 milles de l’arrivée… Soit un pouième de différentiel qu’il faut en plus pondérer par le positionnement au vent ou sous le vent de ce groupe. Ces "huit samouraïs" n’ont plus qu’à ouvrir leur plan de voilure dans ces alizés d’Est d’une vingtaine de noeuds, la zone orageuse de Salvador de Bahia qui avait perturbé la brise au départ, étant déjà bien loin dans leur tableau arrière.

Vent stable, mer plus ordonnée, angle plus ouvert : le confort a gagné une ou deux "étoiles" car le challenge n’est plus de serrer au maximum le vent mais bien d’incurver la route vers le Nord-Nord-Est pour viser une entrée dans le Pot au Noir (prévue lundi 3 décembre) entre le 27° et le 30° Ouest. Ainsi derrière ce groupe qui trace un sillon de plus en plus profond sur l’Atlantique Sud (Safran, Generali, Ecover, Foncia, Gitana Eighty, Brit Air, Cheminées Poujoulat, Groupe Bel n’était pas positionné à 10h mais faisait aussi partie de ce clan), le jeune Jean-Baptiste Dejeanty (Maisonneuve) concède certes cinquante milles mais se trouve en position de chasseur tout en contrôlant le reste de la flotte, calé sous son vent.

Samantha Davies (Roxy) tient tête au Canadien Derek Hatfield (Spirit of Canada) très nettement décalé près des côtes brésiliennes, mais aussi à Arnaud Boissières (Akena Vérandas) qui tire le meilleur de son monocoque déjà âgé et peu à l’aise au près. Quant à Dee Caffari (Aviva) qui avait dû faire demi-tour juste après le départ et avait ainsi perdu trois heures, la Britannique a déjà recollé à la queue du peloton et ne sera donc pas décrochée par un différentiel météorologique, à l’entrée du Pot au Noir par exemple. Le week-end s’annonce donc plaisant pour les quinze solitaires : sous le soleil exactement, dans des alizés stabilisés, à des vitesses régulières et rapides (plus de douze noeuds), sur un cap favorable… Le bonheur est dans le près !

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PRB et Paprec-Virbac au coude à coude

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PRB et Paprec Virbac 2 sont toujours à la bagarre aux avant-postes. Les deux leaders affichent des vitesses moyennes et des caps quasi  identiques. Le duel bat son plein, pour le plus grand plaisir de leurs protagonistes : « c’est mieux d’être à deux, ça stimule, ça créé une pression positive pour les deux bateaux. Ca nous fait avancer plus vite ! », commentait ce matin Sébastien Josse (PRB)
Pour Jean-Pierre Dick, cette situation est certes stimulante, mais fatigante : « C’est soutenu, on est sur un rythme de transat et on commence à ressentir une certaine fatigue », reconnaissait Jean-Pierre Dick (Paprec Virbac 2). « On se repose dés que possible, il faut touver l’équilibre.  C’est la course. »
Parviendront-ils à tenir la cadence sur les 20 000 milles qu’ils leur reste encore à disputer ?
« On n’est pas au maximum » rassure Vincent Riou (PRB),  « là on est à fond dans la bataille de l’Atlantique, mais on peut faire mieux. On s’adaptera en fonction de la situation météo. »
Derrière, c’est la course poursuite : course aux milles bien sûr, mais surtout course au système météo. En effet, pour la première fois depuis plus d’une semaine, les éléments pourraient évoluer en faveur des bateaux rattrapants. 
Le peloton évolue dans un régime d’alizé faible (15 à 7 nouds) mais régulier. Un avantage qu’ils vont sans doute mettre à profit. Car devant, plus au sud, une bulle anticyclonique, sans vent,  va couper la route des 60 pieds. Après une courte accélération due au flux généré par le front qui va croiser leur route, les premiers pourraient être un peu freinés. « La situation est évolutive » confirme Roland Jourdain (Veolia Environnement), « on espère que ça va freiner un peu par devant, mais rien n’est sûr, plusieurs scénarios sont possibles. »
Pour l’heure, le duo Jourdain/Nélias, toujours troisième à quelques 180 milles, compose au mieux avec leur situation : « on ne fait pas de changement de voile à chaque bascule, on préfère bien analyser la situation et faire évoluer notre cap si besoin plutôt que de s’épuiser inutilement à chaque fois que le vent bouge. Dans une semaine, on va attaquer le grand sud, mieux vaut garder de l’énergie pour ça ! »
Les concurrents de la Barcelona dégustent en effet leurs derniers jours d’été avant d’entrer brutalement dans l’hiver. Le passage dans les 40e devrait se faire d’ici 5 à 7 jours pour les premiers. Une transition assez brutale comme le soulignait Jean-Pierre Dick. Un moment à la fois redouté et attendu, « le rythme va s’accélérer . » précise Vincent Riou.
Pour le duo Escoffier Barguès, la bonne humeur est toujours de rigueur à bord d’Educación Sin Fronteras « Nous sommes très contents du bateau, tout va très très bien. Nous avons trouvé un bon rythme et comptons bien rattraper quelques milles », précisait Albert.

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Transat B to B : la flotte scindée en deux groupes

generali
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Sous la chaleur moite et étouffante des températures équatoriales, s’ajoute un paramètre imprévu au programme déjà chargé des solitaires : s’il faut être présent sur le pont pour adapter la voilure et les réglages aux petites variations des alizés de secteur Est, s’il faut être souvent devant son écran d’ordinateur pour charger ses fichiers météo, s’il y a nécessité à faire régulièrement une petite pause pour récupérer, il y a aussi une veille presque constante à assurer ! Non seulement pour les huit leaders qui sont à touche touche après deux jours de mer, mais aussi parce que le trafic maritime n’est pas négligeable au large des côtes brésiliennes : "J’ai un énorme pétrolier qui m’arrive dessus à dix-huit noeuds au moins alors que j’avance vers lui à dix noeuds… Nous sommes en route de collision ! En fait, il y a pas mal de bateaux dans les environs parce que je suis assez près de Recife." indiquait Samantha Davies (Roxy).

Car si les navigateurs sont bien seuls à bord de leur monocoque, ils sont loin d’être isolés sur l’eau. D’abord les huit premiers qui ne se différentient par rapport à l’arrivée que de quelques dixièmes de milles… Mais derrière aussi puisque, à part le "solitaire" Jean-Baptiste Dejeanty (Maisonneuve) qui s’est démarqué de la flotte en gagnant dans l’Est afin d’anticiper la bascule du vent au secteur Est, le peloton progresse aussi par duo (Roxy et Akena Vérandas) et par quatuor (Spirit of Canada, Great American III, Cervin EnR, Aviva).

Bretons de Panurge ?
Et devant, la course a des allures de… Solitaire ! Huit bateaux naviguent à vue et ne se lâchent pas d’une étrave. Au point que la hiérarchie de ce samedi après-midi révèle juste la petite option de cette matinée : "Il y a eu un petit renversement de situation ce matin quand Generali s’est légèrement décalé au vent : comme les alizés ne sont pas totalement réguliers, il y a eu un peu plus de pression à l’Est et même avec seulement un ou deux milles de décalage latéral, il a pu en profiter avant nous…" précisait Michel Desjoyeaux (Foncia). Marc Guillemot (Safran) abondait dans l’explication : "Ca se fait et ça se défait. Là je suis tombé dans une molle et il n’y a plus que 9 noeuds de vent ! Ce n’est pas très important maintenant parce que nous sommes tous au contact mais nous pensons déjà à ce qui va arriver dans trois jours, quand le Pot au Noir sera franchi…"

En effet, les coureurs se préocupaient de la venue d’un front antillais qui allait prochainement balayer les Caraïbes et dans cette optique, le "point d’impact" sur la Zone de Convergence Inter Tropicale (ZCIT) est capital ! Pour l’instant, le groupe de tête joue les "Bretons de Panurge" en se surveillant et en jouant placé plutôt que gagnant car se démarquer trop tôt pourrait avoir des conséquences énormes à long terme. Mieux vaut donc rester au contact pour vérifier que les réglages sont bons, que la vitesse est identique, que le cap suivi est similaire. La nuit "quand tout les chats sont gris", il sera temps d’infléchir sa route pour aller chercher un passage à sa main… Car non seulement il n’y a plus trop de lune pour voir où se cachent ses concurrents, mais il n’y a pas non plus de positions fournies par l’organisation de la transat Ecover-BtoB entre 18h00 et 6h00 (heure française). Une demie journée (une nuit entière sous l’équateur) pour se faufiler sans prévenir en attendant le verdict dimanche matin !

Yann Eliès (Generali) était en tous cas fort content de ce samedi midi brésilien : "Bonne nouvelle ! Je marche à quatorze noeuds en "mode glissade"… Les alizés s’établissent à l’Est et ce sont des conditions paradisiaques, tant pour moi que pour le bateau." Ce que confirmait Kito de Pavant (Groupe Bel) car même s’il connaît des problèmes de transmission par satellite de ses positions (raison pour laquelle il n’est pas classé ce samedi à 14h00), il est bien dans le groupe de tête : "On ne peut pas rêver meilleures conditions de navigation ! Et en plus, tout le monde est au même endroit… Ca glisse sans effort, la mer est moins désordonnée mais il faut déjà penser au sinistre Pot au Noir."

Ainsi, si la bataille est chaude pour grappiller des mètres et prendre l’ascendant, il faut bien constater que les huit premiers ne présentent pour l’instant pas de différentiel sensible : même vitesse, même cap. Mais une donnée qui ne facilite tout de même pas la vie à bord de ces monocoques de 60 pieds, c’est bien la chaleur ! "J’ai bricolé une manche à air pour aérer l’intérieur parce que la température est torride ! Surtout qu’il y a quand même du travail à faire : le vent est capricieux, il bouge de quelques dizaines de degrés en direction et de quelques noeuds en force… Suffisamment pour qu’il faille rester attentif et aux aguets. Pour l’instant, nous faisons route directe vers Port la Forêt, mais le choix ne va pas tarder pour viser l’entrée du Pot au Noir." observait Loïck Peyron (Gitana Eighty).

De fait, cette fin de week-end va nous en dire plus sur l’approche que chacun des solitaires se fait de la suite du programme. Mais vu que tous se routent tout seul à bord, vu que les fichiers météo sont identiques, vu qu’ils naviguent à portée de lance-pierre, qu’est-ce qui pourrait les inciter à quitter le groupe ? C’est chaud devant, c’est chaud dedans, c’est chaud derrière, c’est chaud dehors… et ça ne va pas s’arranger avec le passage de l’équateur dimanche !

Classement Transat Ecover B to B – Classement à 14h00 (Heure française)
1    Generali Elies Yann à 3706.80 milles de l’arrivée
2    Gitana Eighty Peyron Loick à 2.50 milles
3    Ecover Golding Mike à 2.90 milles
4    Foncia Desjoyaux Michel à 3.30 milles
5    Brit’Air Le Cleach Armel à 4.10 milles
6    Safran Guillemot Marc à 5.30 milles
7    Cheminées Poujoulat Stamm Bernard à 8.60 milles
8    Maisonneuve Dejeanty Jean-Baptiste à 57.10 milles
9    Roxy Davies Samantha à 60.70 milles
10  Akena Veranda Boissiere Arnaud à 66.20 milles
11  Spirit of Canada Hatfield Derek à 84.50 milles
12  Great American III Wilson Rich à 88.20 milles
13  Cervin EnR Bestaven Yannick à 90.40 milles
14  Aviva Caffari Dee à 109.00 milles
NL  Groupe Bel De Pavant Christophe

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Francis Joyon pulvérise tous les records à l’équateur !

Idec
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"Neptune a bien voulu laisser passer le trimaran à l’équateur à 3h03 TU», a expliqué cette nuit Francis Joyon, «et j’ai relevé la dérive comme il se doit au passage de la ligne, pour éviter d’accrocher le célèbre fil qui fait le tour du globe a la latitude 0. » A 4h03 françaises ce matin donc, Francis Joyon a signé un premier exploit ahurissant : boucler le parcours Brest-Equateur en bien moins de sept jours, chose qu’on croyait tout à fait impossible pour un solitaire jusqu’ici… Le segment Brest-Equateur est ainsi avalé en 6 jours, 16 heures et 58 minutes ! Le maxi-trimaran IDEC lancé à la poursuite du record du tour du monde en solitaire s’adjuge ainsi deux jours d’avance sur le temps à battre du Castorama d’Ellen MacArthur, qui avait pourtant signé en 2004 un temps déjà très impressionnant de 8 jours et 18 heures sur cette partie du parcours. Deux jours d’avance sur à peine sept jours de course… Les chiffres donnent le tournis.

10 h de moins qu’Orange II !

C’est même encore dix heures de mieux que le temps de l’équipage de Bruno Peyron pendant le Trophée Jules Verne victorieux en 2005 ! Seul l’équipage d’Olivier de Kersauzon a fait légèrement mieux sur Geronimo en 2003 (6 jours et 11h)….
Quand on se souvient que l’objectif au départ de Brest voilà une semaine était « de perdre le moins de temps possible sur le temps d’Ellen jusqu’à l’équateur », on mesure encore mieux l’exploit de Francis Joyon. La performance est tout simplement exceptionnelle. Jusqu’ici, même avec des conditions très favorables, on estimait qu’il était impensable pour un solitaire de couper l’équateur en moins de sept jours. Et c’est bien pourtant ce que vient de faire IDEC… en améliorant au passage son propre record personnel de près de trois jours, (9 jours et 8 heures, déjà un record en 2003) !

A 7h ce vendredi matin, IDEC était flashé à 16,8 nœuds par 00°46 de latitude sud et 27°45 de longitude ouest. Des vitesses qui semblaient se stabiliser par rapport aux grandes variations enregistrées depuis l’entrée dans le Pot au Noir et qui réclamaient toute la vigilance du skipper d’IDEC, entre zones de calmes et grains pluvieux, très violents. IDEC avait alors déjà parcouru 2600 milles depuis le départ de Brest, soit environ 10% du Tour du Monde, puisque si la distance théorique sur la route directe est celle du tour de l’équateur soit 21600 milles, une circumnavigation à la voile « mesure » le plus souvent entre 25 000 et 26 000 milles nautiques.

Ce passage de l’équateur n’est donc que le début de l’aventure, mais quelle entame ! Quand au fait de relever la dérive au passage entre les deux hémisphères, c’est un joli clin d’œil de Francis à ses enfants. Dans son livre « Le Tour du monde absolu », lors de son passage, le Trinitain racontait : « Cela me fait tout drôle de parcourir la distance qui correspond à celle d’une traversée océanique, alors que ce n’est que le début du trajet : j’ai l’impression d’avoir quitté mes enfants depuis longtemps déjà et je leur raconte une petite histoire : ‘j’ai eu une grosse inquiétude en passant dans l’hémisphère sud. Imaginez que la dérive du trimaran se soit prise dans la ligne de l’équateur et l’ait coupée… ce serait un peu comme si on avait défait la ficelle d’un rôti qui ne tiendrait plus… tous les parallèles qui y sont reliés auraient pris du mou et la planète se serait complètement déformée ! C’est pour ça qu’au passage de la ligne j’ai relevé la dérive et tout s’est bien passé’. » Et Francis ajoutait alors : « quoi de plus beau qu’un rire d’enfant qui s’égrène sur la mer ? »

BM/Mer et Média

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