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Record de l’Atlantique en catamaran de sport pour Pierre-Yves Moreau et Benoît Lequin!

moreau lequin
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Pierre-Yves Moreau et Benoit Lequin sont allés au bout de leurs ressources physiques et morales. Epuisés mais heureux, ils ont mis pied à terre hier soir en Guadeloupe, à Pointe à Pitre. Ils améliorent le record des Italiens Andréa Gancia et Mattéo Miceli de 50 heures 32 minutes et 45 secondes.

Pierre-Yves Moreau et Benoit Lequin étaient partis le mercredi 28 novembre, de Dakar, sur les chapeaux de roue. Lors des deux premiers jours de navigation, le catamaran du tandem Lorientais affichait des vitesses de pointe à plus de 15 nœuds et une moyenne au dessus des 10 nœuds. Bien calés tribord amure dans les alizés de Nord-Est, les skippers du multicoque « Archi-Factory / Octo Finances » ne pouvaient pas espérer un meilleur départ dans leur quête du record de la traversée de l’Atlantique, sur un catamaran non habitable de 20 pieds. La vie à bord s’est alors peu à peu installée : prise de quart de 1 à 2 heures à la barre, pendant que l’autre se reposait sur une petite tente montée sur le banc au vent, préparation de lyophilisés froids et bonne humeur affichée lors des premières vacations. Les choses se sont ensuite compliquées après le contournement de l’archipel du Cap Vert. Eole et la mer, si dociles les premiers jours, avaient décidé de poser des problèmes au duo. Le vent a en effet tourné pour pousser le catamaran au vent arrière, une allure plus instable. Il a aussi molli et surtout la houle était beaucoup moins propice à de longs surfs sauvages.

Deux chavirages avant l’arrivée

Les méninges du routeur slovéne, Jure Jelman, ont alors tourné à plein régime afin de proposer une nouvelle stratégie aux deux Bretons. Empannages sur empannages, la vitesse moyenne tombait à moins de 10 nœuds. Commencent les inquiétudes concernant la chasse au record de 13 jours détenus par les Italiens, la fatigue à bord du bateau « à deux pattes » se faisant sentir. Heureusement, les Alizés sont revenus à la normale et les milles ont pu être enchaînés les derniers jours. Petit souci de déssanilisateur réglé avec l’aide de Sébastien Roubinet, l’aventurier de « Babouche », réparation d’un hauban trois jours avant l’arrivée et… patatras : samedi 8 décembre, Pierre-Yves et Benoit annoncent qu’ils ont chaviré. Un grain prenait de cours Benoit à la barre et « Archi-Factory / Octo Finances » chavirait. Deux hommes à la mer à 300 milles de Pointe à Pitre, une heure pour ressaler grâce à un astucieux système prévu avant de partir et les deux marins pouvaient relancer la machine. Rebelote 24 heures avant l’arrivée avec cette fois-ci Pierre-Yves aux manettes… Enfin, la délivrance hier dimanche soir à 21 heures 48 minutes et 32 secondes, avec au bout d’eux-mêmes le record de la traversée de l’atlantique sur un petit catamaran de la taille d’un engin de plage…

Ils ont dit :

Pierre-Yves Moreau : « La dureté de ce record nous a vraiment surpris. Nous avons été heureux de naviguer sur ce voilier mais la performance a été très dure à accomplir. Sur ce genre de petit bateau, nous sommes livrés à nous-même. Il faut faire particulièrement attention au niveau de la sécurité. On a tout de même eu des coups de vent à plus de 40 nœuds. Et puis la gestion des vagues a été très importante, beaucoup plus qu’on le croyait. Elles cassent la vitesse du bateau et les hommes qui sont à bord. Elles laissent très peu de répit. Tu ne peux jamais dormir ! Malgré la complexité de cette tentative, nous sommes ravis de battre ce record. C’est une aventure complète. Tout à commencé il y a deux ans, il a fallu réaliser le catamaran de nos propres mains puis traverser l’Atlantique dans des conditions extrêmes… »

Benoit Lequin : « C’est magique. Il y avait de nombreux bateaux pour nous accueillir. Quel bonheur de battre ce record ! Nous sommes super contents de notre voilier. Nous avons mis plus d’un an à le construire et il a bien tenu la route. C’est une superbe expérience qui nous donne des idées d’amélioration pour l’avenir. J’espère que notre record sera battu car nous sommes prêts à repartir! Les derniers jours ont été difficiles. Nous avons d’ailleurs à nouveau chaviré la nuit dernière, cette fois, Pierre-Yves était à la barre ».

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Loick Peyron toujours en tête aux Açores

Gitana Eighty
DR

A l’approche de l’archipel des Açores, le groupe de tête commence à mettre "le clignotant" à droite pour piquer vers Port la Forêt distant cet après-midi de 1100 miles. Mais le souci est de savoir à quelle sauce il va être manger puisque pour l’instant, le vent est passé au Sud en mollissant sérieusement à une douzaine de noeuds, parfois moins. L’objectif est donc de persévérer sur cette courbure progressive de la trajectoire afin de ne pas entrer dans les hautes pressions qui sévissent désormais au large de l’Espagne. A quelques dizaines de milles de Santa Maria, l’île la plus à l’Est de l’archipel des Açores, Loïck Peyron (Gitana Eighty) ne peut que constater que deux des navigateurs les plus pressants ces derniers jours, sont décrochés : Marc Guillemot (Safran) en raison de sa quille bloquée dans l’axe, et Yann Eliès (Generali) à cause de son absence de grande voile d’avant.

de Pavant et Desjoyeaux en embuscade

Mais il reste encore deux concurrents à contrôler sur cette dernière phase du parcours de 4 200 milles : Kito de Pavant (Groupe Bel), même s’il connaît aussi des problèmes techniques, se maintient en pointe à une cinquantaine de milles seulement et aussi, Michel Desjoyeaux (Foncia) à moins de soixante milles. L’écart sera-t-il suffisant pour le rush final qui sera rapide avec le passage d’un front associé à une dépression passant sur les Açores et allant "mourir" sur l’Irlande ? Pas évident sur cette bordure anticyclonique qui impose aux solitaires d’être très attentifs sur le pont pour adapter la voilure à une brise assez volage, même si elle est dorénavant portante. De plus, il faut savoir préserver "la chêvre et le chou" ! Avoir de la marge, de l’avance est forcément une bonne chose, mais savoir se positionner pour éviter les molles et attraper en premier le flux plus musclé de Sud-Ouest attendu pour ce lundi soir, est une autre problématique… Il faut donc imaginer un dernier sprint assez mouvementé et très serré entre ces trois solitaires (Peyron, de Pavant, Desjoyeaux) qui, sauf évènement malheureux, sont en passe de s’adjuger le podium de cette transat Ecover-BtoB. Dans quel ordre ? Là est la question…

Du côté du groupe de chasse, le problème stratégique ne se pose pas en les mêmes termes : avec 300 milles de décalage, soit une journée de mer, Samantha Davies (Roxy) et Yannick Bestaven (Cervin EnR) jouent au chat et à la souris en "inventant" une autre trajectoire puisque, à la latitude des Canaries, ils doivent obliquer dès ce lundi afin d’éviter de tomber dans des calmes qui vont s’installer sous les Açores dès demain… En raccourcissant la route, ils devraient pouvoir maintenir leur classement tout en contrôlant leurs concurrents plus au Sud. Mais c’est surtout sur l’arrivée, dans le golfe de Gascogne, que le peloton va perdre du terrain sur les leaders, car pendant que les premiers fêteront dignement leur résultat dans les tavernes bretonnes, le vent va passer du secteur Sud à l’Est, ce qui aura pour conséquence de terminer au près les 300 milles derniers milles pour tout le groupe derrière Bernard Stamm (Cheminées Poujoulat) ! Les premiers sont en tous cas attendus dans le port finistérien jeudi en soirée.

Ils ont dit :

Bernard Stamm (Cheminées Poujoulat) :
"Depuis hier soir et le dernier gros grain le vent s’est stabilisé, pas fort, 8-9 noeuds, et en direction aussi. Il était temps d’ailleurs, parce que je commençais à accumuler pas mal de fatigue. J’ai même réussi à faire des pâtes pour "Tanguy" (son équipier lors de la transat Jacques Vabre). Quand j’ai réalisé que j’étais tout seul, je les ai mangées évidemment, mais il fallait faire quelque chose. Donc cette nuit j’ai pu, à plusieurs reprises, recharger mes propres batteries. Le passage de cette zone de transition va être pénible et il faut surtout ne pas arrêter d’avancer au maximum. Derrière nous, il y a vraisemblablement une zone de molle qu’il faut éviter, si possible. Et ensuite nous devrions toucher le vent portant que nous amène cette gentille dépression. Tellement gentille, que, normalement, elle n’amène pas de pluie en Bretagne, une autre s’en chargera bien…"

Samantha Davies (Roxy) :
" Hello everyone ! J’espère que la tempête à passé l’Angleterre et la France sans laisser trop de dégâts. Je pense à mes parents qui sont au mouillage à Tréguier, et aussi à l’arbre dans notre jardin qui penche à 20 degrées déjà, et qui a envie de tomber… J’ai lu les messages qui passe au standard C et ça m’a fait peur pour les derniers jours : "navarea two", 445/07 – iroise : six containers 40 feets, adrift in vicinity 48-10.0n 005-37.7w at 090740z dec". Je pense aux gens qui travaillent sur ces cargos, car ses derniers jours doivent être durs. J’espère que ces containers se dirigent vers la terre où le nettoyage peut être facile. Si nous trouvons ça sur notre route, ça mettre nous et nos bateaux en danger… Ici c’est loin de la tempête ! Il y a une belle ciel du matin, bleu électric avec les nuages qui marque le fin des alizés, et les nuages plus foncés et gris. Le vent est très instable, en force et direction, avec les calmes et les petits grains. Je change entre foc Solent et Code 0 dépendant le vent, et Roxy glisse vers les Acores…"

Kito de Pavant (Groupe Bel) :
" Il fait froid, gris et humide. Vent toujours très irrégulier (force et direction) et mon travail sur le pont n’est pas simplifié par une panne d’aérien (girouette électronique) : la première n’avait pas aimé les alizes de Sud-Est, la deuxième n’a pas aimé non plus les alizes de Nord-Est !! Bah on se débrouille, on arrrive aux Açores : je pense penser à l’Est de toute les îles car il va bien falloir qu’on mette un peu d’Est dans notre route !!!!"

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Bertarelli explique son projet pour la Coupe de l’America

Alinghi - Ernesto Bertarelli avec son équipage
DR

"Depuis le succès d’Alinghi dans la défense de l’America’s Cup en juillet dernier, il y a eu de nombreuses discussions sur le sujet et j’aimerais expliquer la passion personnelle qui me pousse à réaliser mon projet pour l’America’s Cup.
Lorsque j’ai fondé Alinghi, l’objectif était de créer une équipe qui puisse partager la passion de la voile avec un public le plus large possible. Nous avons essayé d’adopter une manière d’agir plus ouverte en rendant par exemple une partie de notre base accessible au public. Ce fut une des nombreuses innovations apportées par Alinghi à l’America’s Cup. Je pense que cette approche a beaucoup contribué à notre succès en 2003.
Avec la défense de la Coupe, nous avons eu l’occasion de partager cet esprit sur l’ensemble de l’événement. Nous avons commencé par établir une stratégie précise et innovante basée sur le choix de la ville d’accueil, sur la mise en place d’un port construit spécialement pour l’occasion, sur l’America’s Cup Park et sur les Actes, afin d’ouvrir l’épreuve au plus large public possible.

Plus de six millions de personnes ont assisté à l’événement et pour la première fois, l’épreuve a accueilli des syndicats issus des cinq continents. La couverture télévisuelle a quant à elle touché plus de quatre milliards de personnes.
Les critiques à l’encontre des Actes, du choix de la Ville d’accueil, de la production TV et d’autres sujets furent nombreuses et sévères mais les résultats ont prouvé que la 32e America’s Cup a constitué un tournant positif dans l’histoire de l’événement.
À mesure que je prenais conscience des aspects fascinants de l’America’s Cup, j’en réalisais également ses faiblesses. En raison du format incertain de l’épreuve, l’avenir des équipes – et de toute la communauté de l’America’s Cup – s’arrêtait à l’édition suivante. La durée de vie d’une équipe était donc limitée à un seul cycle et l’ensemble de l’événement devait être rebâti tous les trois ou cinq ans, ce qui entraînait des dépenses considérables et rendait difficile l’engagement des sponsors sur le long terme.
Pour la 33e édition, l’idée était de donner aux organisateurs les moyens de développer d’autres innovations sans interruption inutile. Créer la nouvelle classe AC90 avec la règle du bateau unique sur un cycle de deux ans était une mesure très importante pour la réduction des coûts. Cela permettait en outre de susciter davantage d’intérêt pour l’événement, et en utilisant les infrastructures déjà présentes à Valencia, nous avions la plate-forme idéale pour maintenir l’élan. L’épreuve avait ainsi l’occasion de prospérer et de générer des revenus encore plus importants que les organisateurs auraient pu partager avec les équipes.

Les récents événements à la Cour de New York et la décision du Juge contre la validité du CNEV parce que ce dernier n’avait pas organisé de régate au bon moment, ont révélé le talon d’Achille de l’épreuve qui risque d’être perturbée par des actions individuelles. Une fois de plus, comme en 2003, notre projet a été critiqué par toutes les personnes réticentes au changement. Je m’en tiens à l’un des principes fondamentaux de la Coupe : le Trustee (administrateur), avec le Defender, a pour responsabilité le contrôle de l’événement et la mise en oeuvre des modifications nécessaires à sa prospérité.

En réfléchissant à l’avenir de l’événement et en étudiant les règles de la Coupe, j’ai pu observé que le Deed of Gift n’encourageait pas la parité pour les équipes et ne permettait pas un avenir durable pour l’épreuve.

En octobre dernier, je me suis rendu à New York pour entamer un dialogue avec le New York Yacht Club afin d’examiner s’il serait possible d’adapter un peu plus l’événement au paysage sportif d’aujourd’hui. Après tout, le Deed of Gift a été rédigé au NYYC il y a plus de 150 ans et ne pouvait pas anticiper les changements que le monde a subis depuis. Je ne m’attendais pas à des discussions très promptes mais je fus ravi de voir Charles Townsend, Président du NYYC et George W. Carmany III, Président du Comité de l’America’s Cup au NYYC, exprimer les mêmes impressions.

Je pense qu’il est juste de dire que la 33e America’s Cup a joué de malchance et je tiens vraiment à trouver une issue. La solution la plus rapide pour atteindre cet objectif serait pour le Golden Gate Yacht Club et la Société Nautique de Genève de travailler avec le New York Yacht Club sur la révision du Deed of Gift afin de l’adapter à notre époque, sans perdre ce qui fait de l’America’s Cup un événement unique. Je suis prêt pour cela à faire des compromis sur certains droits du Defender.

Je soulève ainsi les questions suivantes :
– Le Defender doit-il automatiquement être qualifié pour l’America’s Cup Match ou est-ce que toutes les équipes doivent partir sur un pied d’égalité ?
– La ville d’accueil et les règlements ne devraient-ils pas être annoncés plusieurs cycles à l’avance afin d’établir un calendrier et de faciliter les financements ?
– L’organisation de la Coupe ne devrait-elle pas être assurée en permanence par des entités représentant d’anciens et d’actuels trustees ainsi que des équipes participantes ?

Le week-end dernier, j’ai longuement discuté avec Larry Ellison pour lui exposer notre projet et j’étais ravi de constater qu’il soutenait le principe même de ces changements.

J’ai ainsi l’intention de travailler pour une America’s Cup modernisée qui se tiendra à Valencia avec la certitude de ne pouvoir être perturbée par des recours individuels au détriment des personnes qui ont la volonté et la possibilité de participer.

Si cette révision des documents fondamentaux de l’America’s Cup s’avère impossible à réaliser, nous accepterons le défi du GGYC selon le Deed of Gift."

Ernesto Bertarelli
Président d’Alinghi,
Defender de la 33e America’s Cup

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Coups stratégiques à attendre aux Kerguelen

Delta Dore Jeremie  Beyou
DR

Comme attendu, la flotte est scindée en deux groupes : les quatre leaders évoluent toujours au portant à l’avant d’un nouveau front froid (20 à 35 nouds avec rafales) tandis que le peloton doit négocier des conditions météo moins favorables. Conséquence directe : les moyennes des premiers tournent entre 17 et 20 nouds (la palme toujours pour Paprec Virbac 2 à 20,8 nouds moyens ce matin, et Veolia Environnement à 20,7 nouds moyens à la mi-journée) alors que les autres concurrents affichent 10 à 12 nouds de vitesse (sauf Temenos à 13 – 14 nds).
Cette situation ne va cependant pas durer. Le front s’en va, laissant la tête de flotte aux prises avec une brise moins forte (20 à 25 nouds de secteur Sud puis Ouest). La quasi-totalité des concurrents se retrouvera alors dans le même système météo, avec le même enjeu : gagner dans le Sud pour échapper aux hautes pressions qui se gonflent dans le Sud Est de Bonne Espérance. Seul le duo Escoffier/Barguès devra composer avec cet anticyclone sud africain.

Côté météo, ça se complique

Pour les jours à venir, il semble que le jeu stratégique s’ouvre sous l’influence de « bulles » anticycloniques qui se dessinent au niveau des Kerguélen. Sidney Gavignet y faisait déjà allusion hier, il le confirmait ce matin : « après les Kerguelen, la course va évoluer. Nous passerons d’une course de sangliers à une course de renards ! La stratégie et la tactique reprendront le pas sur la période actuelle. L’essentiel étant d’être frais et dispo, hommes et bateaux, pour cette nouvelle phase. »
Les fichiers météo prévoient en effet des vents faibles sur la zone de l’archipel français pour cette fin de semaine. Les concurrents devront trouver le meilleur chemin, au Nord ou au Sud de ces îles. ? « C’est une situation météo assez étonnante », confirmait Roland Jourdain, « on va essayer de trouver un petit trou de souris pour passer ! »
« Il va falloir jouer fin », confirme Jean-Pierre Dick, sous-entendant qu’il allait falloir trouver le compromis entre descendre chercher du vent sans toutefois s’approcher trop près des « zones à growlers ».

« C’est dantesque ! »

Avant de négocier ce casse tête météo, les marins du groupe de tête surfent encore pour quelques heures dans des conditions stressantes : « c’est chaud, c’est impressionnant, le vent est monté à 40 noeuds, ça va vite. C’est dantesque. Le bateau gigote beaucoup, ça tape. On préfèrerait jouer aux cartes au coin de la cheminée ! », lançait Jean-Pierre Dick cet après-midi. Roland Jourdain précisait qu’il préférait parfois limiter les accélérations du bateau : « Ca peut aller très vite dans les surfs, mais il y a des trous dans la route, on préfère être un noud moins rapide que Paprec et se limiter à des pointes à 24 – 25 nouds ». Ce qui est déjà pas mal !
Côté ambiance, le skipper de Paprec Virbac 2 évoquait ce matin une atmosphère « spéciale ». « C’est une sorte de désert, avec de l’eau très froide, quasiment pas de soleil, un temps gris, des grains, c’est un endroit reculé. pas macabre, mais spécial ! » Du coup, les marins passent le plus clair de leur temps dedans : « Je suis vraiment content de l’intérieur du bateau, on arrive à y vivre convenablement et à dormir malgré les vibrations et les bruits. J’ai même mis des boules quiès cette nuit pour dormir : y a un tel vacarme dans les surfs. mais on s’y habitue ! » Remarque assez similaire de la part de Jérémie Beyou ce matin « ça va toujours vite, mais ça va . on s’habitue à ces surfs constants. Au début ça fait drôle, mais on s’habitue. » Après quelques jours seulement sous les 40e, le navigateur commence également à s’accomoder du froid : « Nous sommes très bien équipés. Nous utilisons aussi le tuyau d’aération du moteur pour réchauffer les bottes et les gants. »

Cap sur Cape Town

Estrella Dam poursuit sa route vers l’Afrique du Sud où le duo espère réparer son safran. Ce matin, ils évoluaient à 12 nouds, à 490 milles de Cape Town. A ce rythme, cela représente près de deux jours de navigation. Cet arrêt technique leur coûtera 12 heures de pénalité (compris dans la durée de l’escale). Vincent Riou et Sébastien Josse devraient être sur le point de mettre pied à terre.

(source BWR)

Classement du 10 décembre 07 à 15h :
1. PAPREC-VIRBAC 2 à 16847,7 milles de l’arrivée
2. VEOLIA ENVIRONNEMENT à 103,8milles du premier
3. HUGO BOSS à 186,0milles du premier
4. DELTA DORE à 402,2milles du premier
5. TEMENOS à 805,8milles du premier
6. PRB à 1149,9milles du premier
7. MUTUA MADRILENA à 1174,7milles du premier
8. ESTRELLA DAMM à 1396,8milles du premier
9. EDUCACION SIN FRONTERAS à 1912,0milles du premier

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Le trio de tête à 1000 milles du but

foncia
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Pour les trois leaders et leurs trois poursuivants, la brise est enfin coopérative en passant du mode "contraire" ou "travers" à une situation de vent portant. Un souffle qui manque encore un peu de coffre comme l’indiquait le leader Loïck Peyron (Gitana Eighty) : " Il y a des variables et mes poursuivants doivent bénéficier de grains qui les propulsent un peu plus vite. Le vent n’est pas encore très stable… " Une douzaine de nœuds semble-t-il aux abords de l’archipel açorien que le groupe de tête frôle sur sa bordure orientale. Mais déjà, les caps ont changé de registre puisque le Nord a fait place au Nord-Est, route directe vers l’arrivée à Port la Forêt. Surtout, les conditions de navigation sont nettement plus agréables comme le soulignait à la vacation radio en direct sur Internet, autant Kito de Pavant (Groupe Bel) désormais bien installé dans son rôle de dauphin, que Marc Guillemot (Safran) qui reste pénalisé par sa quille bloquée dans l’axe. Car avec ces monocoques de 60 pieds, il faut pouvoir relancer sur les vagues et naviguer plutôt autour de 130° du vent réel pour aller vite. Ce qui impose alors, soit de basculer la quille au vent pour ne pas trop gîter (pencher), soit remplir des ballasts d’eau de mer ce qui est tout de même un peu moins efficace puisque le bateau est alors plus lourd…

Le dernier millier

En bref, la lutte pour la première place de la transat Ecover-BtoB reste ouverte entre les trois leaders : Loïck Peyron maintient toujours un coussin d’avance d’une cinquantaine de milles sur Kito de Pavant et Michel Desjoyeaux (Foncia). Ils sont les premiers aussi à toucher le nouveau vent de la dépression açorienne et peuvent ainsi aligner des moyennes de plus de 15 nœuds. Les deux "éclopés" qui les suivent, en l’occurrence Marc Guillemot et Yann Eliès (Generali) auront du mal à ne pas se faire décrocher, le premier parce qu’il ne peut plus basculer sa quille, le second parce qu’il n’a plus toutes ses voiles d’avant. Pour Bernard Stamm (Cheminées Poujoulat), il y a donc une ouverture pour revenir à leur contact car le Bigouden suisse a résolu ses problèmes techniques de ballasts et navigue à la limite de la zone de transition qui s’installe par derrière. S’il arrive à s’échapper (ce qu’il semblait dire à la vacation de 15h), il pourra batailler pour cette quatrième place…

Ce n’est plus le cas pour le peloton emmené par Samantha Davies (Roxy) qui concède plus de 380 milles au leader et se retrouve dans un système météo très différent : l’anticyclone des Açores étant poussé vers l’Espagne par le passage des dépressions atlantiques, une vaste zone de vents faibles et variables s’installe sous l’archipel… Il faudra compter une journée et demie pour que le "troisième groupe" s’en sorte et probablement trois jours pour les retardataires, les anglo-saxons Derek Hatfield (Spirit of Canada), Dee Caffari et Rich Wilson (Great American III) ! En sus, du vent d’Est est annoncé dès le jeudi 13 décembre dans le golfe de Gascogne, et ce pour toute la fin de la semaine ! Les premiers arrivés n’auront que quelques bords à tirer pour finir la course, les derniers vont devoir louvoyer très longtemps pour atteindre Port la Forêt… En tous cas, sur ce parcours de 4 200 milles entre le Brésil et la Bretagne, il y a eu, il y a et il y aura bien des retournements de situation et, alors qu’il ne reste plus qu’un dernier millier de milles à parcourir pour les premiers, l’ordre du podium est loin d’être déterminé.

Ils ont dit :

Kito de Pavant (Groupe Bel) :
" Ca va très bien et on a retrouvé un semblant de beau temps. C’est la première fois depuis dix jours que le pont n’est pas balayé par les vagues ! Le vent tourne au Sud-Est puis au Sud. Je fais sécher quelques vêtements. Je peux maintenant faire route directe vers Port la Forêt que je devrais atteindre vendredi : les conditions sont bonnes jusqu’à jeudi mais après c’est du vent contraire d’Est pour finir… Mais on devrait accélérer franchement dès ce soir avec du Sud-Sud Ouest et plus de 20-25 nœuds avec une mer qui nous pousse. Mais on est en solitaire et on ne va pas être à 100%… C’est la première fois que je passe aussi près de Santa Maria ! C’est bien, d’ailleurs j’y retourne bientôt car Groupe Bel possède des laiteries à Sao Jorge… "

Bernard Stamm (Cheminées Poujoulat)
" J’ai toujours du vent et donc c’est plutôt bien parce que j’ai failli me faire prendre par les calmes. Visiblement, le front va balayer le Nord de la flotte. Je m’accroche pour faire du Nord-Nord Est et m’extirper… C’est limite : devant, ils vont s’échapper car il y a une grosse zone de transition derrière moins. J’ai toujours 12-15 nœuds de vent. La nuit dernière était sympa parce qu’il y avait un peu moins de grains et le vent s’est stabilisé. J’ai pu prendre un peu de sommeil. Je suis 110° du vent sous gennaker avec ballasts à fond et quille basculée au vent ! Hier, j’ai fait à manger pour mon équipier de la transat Jacques Vabre ! La fatigue commence à se faire sentir… "

Marc Guillemot (Safran) :
" J’étais dans le mât… car deux jours après le Pot au Noir, j’ai cassé un lazy-jack (cordage qui retient la bôme et permet de ranger la grand voile) et j’ai profité d’aujourd’hui pour faire une grimpette et bricoler une réparation. Malgré mes soucis de quille, j’avance encore mais je suis désormais en "deuxième division". Le problème, c’est que le bateau manque quand même de la raideur à la toile… Je perds 1 à 1,5 nœuds mais je peux encore attraper la place du c… (Quatrième) : ça m’irait bien ! Les conditions de mer et de vent sont idéales : il a fallu attendre d’être à proximité des Açores pour en arriver là. C’était une journée à ne pas manquer. J’ai eu un petit bug dans mon logiciel qui m’a fait partir un peu trop à l’Ouest cette nuit : un décalage qui ne servait à rien. Je me suis enlisé dans une succession d’erreurs. je ne suis pas très content de moi ! Ca a été un alizé soutenu, génial pour aller aux Antilles ! Mais pour aller aux Açores, ce n’était pas pareil… Très humide à l’extérieur et de l’alpiniste à l’intérieur. "

Samantha Davies (Roxy) :
" Ca va bien ! Si j’ai du vent ? Des fois oui, des fois non : entre 6 et 12 nœuds… Il y a de gros nuages noirs. Les premiers sont en train de partir, jusqu’à Bernard Stamm. Il vaut mieux pour eux parce qu’ils finiront au près. Moi, je ne suis pas handicapée et Roxy n’a aucun problème technique… En ce moment, c’est moins inconfortable : je peux sortir dehors ! Mais il y a plus de travail avec ce vent instable. Je passe du temps à la table à cartes qui peut pencher pour compenser la gîte du bateau… On va toucher le vent portant dans… un jour et demi. Mais je suis un peu inquiète à propos des containers qui ont été perdus avec la tempête qui a touché la Bretagne hier : il ne faudrait pas qu’on en percute un ! "

Dee Caffari (Aviva) :
« Depuis six heures ce matin, je n’ai pas avancé d’un pouce. Tout le monde avait vu la bulle et l’avait contournée mais Aviva et moi sommes coincés en plein dedans. Tous les fichiers Grib me donnent six nœuds de vent mais je n’ai rien au-dessus de trois nœuds et j’en ai vraiment marre. Je n’avance pas. Il me reste 1600 milles à parcourir et je ne navigue même pas dans la bonne direction, alors ça pourrait me prendre des semaines avant de rentrer à la maison. Oublie Noël, j’aurai de la chance si j’y suis pour le Nouvel An ! Je dois me qualifier pour le Vendée Globe mais à ce régime, j’aurais de la chance si je rentre à temps pour le départ du Vendée ! C’est ridicule ! Et en plus je ne suis pas très patiente. Je veux du vent et je le veux maintenant !! Ces satanées Canaries, je ne reviendrai jamais ici en vacances ! »

Classement Transat ECOVER B to B – Classement à 14h
1 Gitana Eighty Peyron Loick à 1099.80 milles de l’arrivée
2 Groupe Bel Kito de Pavant à 37.20 milles
3 Foncia Desjoyeaux Michel à 48.70 milles
4 Safran Guillemot Marc à 84.20 milles
5 Generali Elies Yann à 101.50 milles
6 Cheminées Poujoulat Stamm Bernard à 203.50 milles
7 Roxy Davies Samantha à 384.60 milles
8 Cervin EnR Bestaven Yannick à 413.00 milles
9 Maisonneuve Dejeanty Jean-Baptiste à 464.70 milles
10 Akena Vérandas Boissières Arnaud à 472.90 milles
11 Spirit of Canada Hatfield Derek à 562.70 milles
12 Aviva Caffari Dee à 583.60 milles
13 Great American III Wilson Rich à 661.00 milles
– Ecover Golding Mike – – – – – – – -ABD
– Brit’Air Le Cleach Armel – – – – – – – -ABD

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Encore une journée à près de 600 milles pour Joyon!

idec
DR

Alors que la houle se fait plus désordonnée, Francis repousse d’heure en heure l’instant de la décélération, ne réduisant qu’à contre cœur la voilure, d’abord à l’avant où ne subsiste plus que la trinquette, puis retardant au maximum la prise de son second ris dans la grand voile. Sa course folle se concrétise par une nouvelle impressionnante journée à près de 600 milles parcourus, soit 24,8 nœuds de moyenne !
Une telle performance inscrite dans le contexte exigeant des grandes latitudes Sud en dit long sur l’état d’esprit d’un Francis Joyon plus que jamais en mode « record transatlantique ». Attentif jour et nuit aux moindres variations d’angle et de force de vent, le marin de Locmariaquer parvient, après 17 jours de sprint débridé, à trouver toujours et davantage encore l’énergie, la fraîcheur pour sans relâche adapter à son grand trimaran rouge la toile du temps ; « Il faut choquer, abattre, puis reborder et relancer en permanence… » Cette course contre la montre et le retour inévitable des trains de dépression d’Ouest stimulent Francis qui relativise sa fatigue, « C’est le métier qui veut ça ! », et conserve une étonnante lucidité ; « J’essaie de m’alimenter en vue des prochains jours qui seront difficiles, de faire le plein d’énergie… »

A 26 noeuds…

Le front finira bien en effet par passer la grande flèche rouge, et c’est à un tout nouveau paysage auquel le duo IDEC –Joyon sera confronté ; « Je vais devoir réduire la voilure dans le vent fort. La mer va se croiser et le bateau bien moins glisser. Les moyennes vont tomber. » Des perspectives que Joyon envisage avec le même calme, la même sérénité. « Ce qui est pris n’est plus à prendre », référence sans doute aux 1 730 milles d’avance engrangés sur le parcours d’Ellen MacArthur. La « Lady » britannique avait réalisé un excellent chrono dans l’Océan Indien en ralliant Bonne Espérance à Leuwin en 10 jours et 5 heures. Alors qu’il file toujours ses 26 noeuds, Francis affiche la couleur, faire au moins aussi bien que la jeune anglaise. Jean-Yves Bernot lui envoie régulièrement depuis la terre des indications sur l’évolution des systèmes météos. « Je lui demande des fichiers à long terme, car il est important de voir loin. » Loin, vite et bien, à l’image d’un premier tiers (et oui déjà) de tentative avalée comme dans un rêve. Un songe que Francis prend le temps de goûter de tous ses sens, plus que jamais attentif à l’altération des éléments et au vol des albatros qui l’entourent chaque jour plus nombreux et chaque jour plus familiers ; « Ils étaient six à me suivre aujourd’hui et à se faire surprendre dans le dévent d’IDEC, perdant du coup la superbe de leur long vol plané… »

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Nouveaux challenges

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Vent et mer fortes à venir…

Ellen MacArthur en 2004 y avait signé un chrono époustouflant en 10 journées, 5 heures et 41 minutes de folle cavalcade qui l’avaient placée en avance sur le précédent record établit par Francis sur IDEC premier du nom. Principal obstacle à surmonter, la gestion des trains de dépressions très creuses qui circulent d’ouest en est autour de l’antarctique, avec ces vents puissants qu’aucune terre, qu’aucun continent ne vient freiner. Dès ce soir, Joyon recevra de plein fouet les premiers éffets de l’un de ces flux perturbé qui arrive derrière lui à toute allure avec des vents constants à 40 noeuds, et des rafales annoncées à 60 en sa bordure Nord. Fonçant plein est, Francis veut profiter jusqu’au bout d’une mer "lisse et parfaitement carossable" avant le désordre attendu au passage de la dep’. Il lui faudra ensuite s’enfoncr davantage encore dans les latitudes Sud pour éviter le plus fort du vent. Le compteur en permanence bloqué sur plus de 21 noeuds vitesse, IDEC accumule les journées à 520 milles et plus et porte ainsi en ce dimanche matin son avance virtuelle sur Dame Ellen à 1 650 nautiques.

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Transat B to B : Ecover out !

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Ce n’est pas une décision prise à la légère mais une accumulation de difficultés techniques qui ont amené Golding à privilégier sa sécurité et celle du bateau, en particulier maintenant qu’il a effectué, en solo et avec son voilier, les 2.500 milles qualificatifs pour le Vendée Globe. Ecover 3 est à environ 560 milles dans le sud-ouest des Iles Canaries. Durant la nuit Ecover a vu s’aggraver ses soucis de moteur. Le très expérimenté navigateur en solitaire en a déduit qu’il ne pourrait pas recharger les batteries essentielles au reste de la course. Depuis la fin de l’après-midi la centrale électronique et le pilote automatique sont définitivement hors d’usage.
L’accumulation de ces problèmes et les incidents précédents ont persuadé Golding qu’il ne pouvait plus être compétitif à 100%. La nuit dernière le moteur, qui peinait, a explosé un joint du circuit d’huile, aspergeant toute la cabine, endommageant l’équipement et rendant très dangereuse toute cette zone. Mike a passé la plupart de la journée à nettoyer, tout en luttant pour réparer le moteur. Il a décidé que la route la plus raisonnable était celle du port sous voilure réduite. Le temps gagné est vital à ce stade du développement d’Ecover 3. S’acharner à finir cette course pourrait être dangereux pour le bateau comme pour lui.

« Ce n’est pas une décision que je prends facilement. Je ne suis pas réputé pour abandonner face à l’adversité mais il s’agit ici de sens marin. Il y a trop d’enjeu pour faire naviguer inutilement le bateau dans ces conditions. Le but premier de cette transat Ecover B to B était de se qualifier pour le Vendée Globe et d’accumuler des milles en situation de course » a expliqué Mike Golding. "Dès le fin de la Transat Jacques Vabre nous avons eu une discussion avec l’équipe technique d’Ecover et nous avons décidé que je la courrais uniquement qu’avec un bateau compétitif, ce qui était le cas au moment du départ. Ce n’est plus le cas suite à ces problèmes. Des petits soucis peuvent devenir beaucoup plus importants dans le Golfe de Gascogne en décembre. A partir de maintenant ce ne serait plus qu’un test de ma capacité à ramener le bateau en un seul morceau, en aucun cas nous n’apprendrions plus sur ce que nous avons besoin de savoir pour le futur. Les 600 milles à venir seront à eux seuls un défi et ce ne sont pas cinq jours faciles qui m’attendent »

Matt Cowpe, directeur du projet, commente : “Le bateau n’avait jamais navigué au près en course avant cette régate, nous avons appris beaucoup dans ces conditions, sur les faiblesses des systèmes et sur ce que nous devons améliorer. Le temps est essentiel et il n’est pas nécessaire de risquer davantage sans en apprendre plus »

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Cap à l’est

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Sous le cap de Bonne Espérance, excatement, les trois bateaux de tête suivent des trajectoires très proches. Hugo Boss est toutefois  un peu décalé dans le Sud de Veolia Environnement et de Paprec-Virbac 2. Un positionnement qui pourrait lui permettre de toucher plus de « pression ». A la mi-journée cependant, le duo Jourdain/Nélias semblait vouloir mettre un de Sud dans sa route.
Pas au cour de la dépression
Le trio de tête navigue plein Est, cap sur les Kerguelen, dans la partie Nord du système dépressionnaire. Les marins devraient donc bénéficier de brises soutenues de 25 à 35 nouds établis, tout en évitant le gros du front,  ses rafales à 60 nouds et ses creux de 7 à 8 mètres.
Les cadences, très rapides la nuit dernière et en matinée, notamment pour Veolia Environnement et Paprec-Virbac 2, se sont un peu calmées cet après-midi pour redescendre en dessous de 20 noeuds

Moins de vent derrière.
En 4e position, 300 milles dans le Nord Est de la tête de flotte, Jérémie Beyou et Sidney Gavignet (Delta Dore) ne devraient pas toucher autant de brise que leurs camarades de course.
Quoiqu’il en soit, l’écart entre Delta Dore et les leaders reste raisonnable au regard des 17 350 milles qui restent encore à parcourir. « Le vent n’est pas aussi fort que prévu, les conditions sont même plutôt agréables. Pour l’instant, notre but est d’aller vite, il n’y a pas d’autre stratégie possible. Ce n’est qu’après les Kerguelen que l’on pourra peut-être tenter des coups tactiques », expliquait Sidney Gavignet à la vacation.
Passage à niveau ?
Ce premier front des 40e de la Barcelone World Race pourrait bien être un passage à niveau pour les poursuivants.  Au-delà de la 4e place, les distances commencent à être conséquentes, et la météo ne va pas aider les marins à inverser la donne.  En effet, un anticyclone se forme dans le Sud Ouest du Cap de Bonne Espérance, soit devant l’étrave de Temenos 2,  Estrella Dam, Mutua Madrilena et Educacion Sin Fronteras. « Nous attendons une rotation des vents » expliquait Dominique Wavre, « et dès que possible nous empannerons pour plonger très Sud, jusqu’aux 50e,  afin de contourner cette bulle. Nous n’avons pas le choix. »
Surf à 34 nouds pour Temenos 2

Temenos II passant dans le détroit du Gibraltar

Pour l’heure, le navigateur fanco-suisse se réjouissait des très bonnes réactions de son Temenos 2 par 30 nouds de vent établis et une mer formée : « c’est la première fois qu’il navigue dans de telles conditions et il se comporte très bien. On part au surf sur chaque vague, on a même un record à 34 nouds ! Il est très sain, et sous pilote, ça se passe très bien ! »
Même satisfaction à bord d’Estrella Dam : « le bateau va vite, tout va bien à bord. Nous ne sommes pas vraiment dans le grand Sud encore, mais ça ne va pas tarder : nous devrions bientôt empanner. », soulignait Javier Senso précisant qu’ils ne tiraient pas à 100% sur le bateau afin de préserver leur safran réparé.

Dès demain, la flotte devrait donc se scinder en deux groupes : le quatuor de tête en route vers l’Est et les Kerguelen, leurs poursuivants plongeant vers les 50e.
Vincent Riou et Sébastien Josse poursuivent leur route vers Cap Town.
Classement du 9 décembre à 14h00 GMT
1 PAPREC-VIRBAC 2 à 17315,9 milles de l’arrivée
2 VEOLIA ENVIRONNEMENT à 81,9 milles du premier
3 HUGO BOSS à 122,6 milles du premier
4 DELTA DORE à 306,0 milles du premier
5 PRB à 521,7 milles du premier
6 TEMENOS à 2640,8 milles du premier
7 ESTRELLA DAMM à 899,6 milles du premier
8 MUTUA MADRILENA à 984,2 milles du premier
9 EDUCACION SIN FRONTERAS à 1715,4 milles du premier
 

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Au rythme d’une Transat

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Une première partie de course très satisfaisante
Après un gros quart du parcours de ce tour du monde à la distance traditionnellement estimée à 21 600 milles, Francis Joyon affiche une certaine satisfaction ; « Je suis hyper content du temps de cette première partie. J’ai eu du vent pas trop fort et le bateau a vraiment bien marché. J’ai pu tirer dessus comme en Transat. J’étais dans un rythme de transat durant toute cette descente. J’ai pu suivre une trajectoire assez propre sans « tricoter ». L’Equateur d’abord, Bonne Espérance hier… la chasse aux temps référence est fructueuse. Joyon en paie le prix, à coups de fatigue et d’un stress que dissimule naturellement son tempérament placide. « Je dois continuer sur mon rythme actuel, sous peine de me retrouver dans la galère si la dépression me rattrape. Le vent fluctue beaucoup en force. Dès qu’il faiblit, je renvoie de la toile. Dès qu’il forcit, il faut abattre, réduire, attendre que les choses se stabilisent, puis relancer à fond jusqu’au prochain ralentissement où il faudra renvoyer la toile, et ainsi de suite depuis des jours…Il faudra bien reprendre un rythme de tour du monde un jour, mais ce n’est pas pour les 24 ou 48 heures à venir…  »

Rester dans le vent de Nord-Ouest
IDEC et Francis Joyon continuent donc de forcer leur destin. Les étonnantes capacités du bateau, ajoutées aux stupéfiantes habilités du marin de Locmariaquer à tenir des jours durant et avec lucidité la maîtrise de son œuvre, permettent au duo IDEC-Joyon de prolonger aujourd’hui encore, et pour peut-être deux, voire quatre jours selon les modèles, cette extraordinaire trajectoire sous le continent Africain. En parvenant à glisser le plus longtemps possible en avant du front dépressionnaire qui gronde dans son Sud-Ouest, Francis bénéficie d’une mer toujours bien ordonnée, « avec une aimable houle de Sud-Ouest »,  et ce vent de Nord Ouest oscillant entre 17 et 26 nœuds dont le plan Irens Cabaret extrait sans effort ses 23 nœuds de moyenne quotidiens. « Le bateau va plus vite que ses polaires ; je peux rester dans le vent de Nord-Ouest et ne pas être rattrapé par le front dépressionnaire, et éviter dans l’immédiat le mauvais temps… » Francis Joyon n’envisage donc pas pour le moment de pousser plus au sud sa route actuelle qui le mène plein Est à croiser dans quelques jours bien au Nord des archipels de Crozet et de Kerguelen. « Avec ce Nord Ouest, si je descend, je ralentis. J’ai donc tout intérêt à garder mon cap actuel. »
Et de conclure avec humour, « Mon concurrent immédiat, c’est la météo. »

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