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Le cap de Bonne Espérance cet après-midi pour IDEC

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Vers un nouveau temps référence…

Mais les performances réalisées depuis deux semaines par ce sacré Francis Joyon forcent un tel respect et une telle admiration que l’on peine à rester muet : Joyon et son trimaran IDEC naviguent ce matin toujours aussi vite, toujours aussi "propre" à moins de 300 milles des 18 degrés 28′ 003 de longitude Est où le top chrono du temps de référence entre Brest et le cap de Bonne Espérance sera déclenché. Et en touchant en fin d’après-midi ( vers 18 heures françaises) la symbolique de ce point, Joyon signera tout simplement le deuxième chrono de tous les temps sur ces 6 300 miles de  distance théorique, en un peu plus de 15 jours, améliorant les performances réalisés en équipage il n’y a pas si longtemps par des maxi multicoques (Orange I et Geronimo…). Le temps référence d’Ellen MacArthur (19 jours, 9 heures, 46 minutes) en solitaire exploserait de plus de 4 jours…. Au rang de l’anecdote, on classe aussi le retour sur les monocoques Imoca de tête de la Barcelona World Race parti en double voici 26 jours de Barcelone et que Francis s’apprête donc à devancer à Bonne Espérance. En parvenant à conserver une vitesse élevée à près de 24 noeuds de moyenne chaque jour, Joyon a échappé à l’anticyclone de sainte Hélène et rejoint les grands flux perturbés d’Ouest. D’autres challenges l’attendent, d’autres difficultés et dilemmes météorologiques qui empêcheront pour l’heure le marin de Locmariaquer de se retourner un instant sur ces 7100 milles nautiques réels avalés à plus de 20 noeuds depuis Brest… vous avez dit "exploit"?

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Transat B to B : Gitana Eighty reprend l’ascendant

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Loïck Peyron (Gitana Eighty) a beau connaître des soucis de girouette qui ont permis à ses concurrents de revenir à portée de lance-pierre vendredi, voilà qu’il a réussi à reprendre l’ascendant en ce début de week-end ! Différence locale de brise ou petit "coup de pompe" de ses poursuivants : il a retrouvé sa superbe, surtout que la flotte s’aligne sur le même trajectoire… Plus de décalages sensibles vers l’Ouest d’un Marc Guillemot (Safran) ou vers l’Est d’un Yann Eliès (Generali) ou Michel Desjoyeaux (Foncia). Dans ses conditions, il n’y a plus qu’à faire marcher le bateau, regarder dans le "rétroviseur", récupérer de la fatigue, checker son bateau pour le rush final. Mais avant de surfer sur les vagues à l’arrivée d’une dépression programmée pour le début de semaine, il va falloir choisir le bon couloir qui se profile à l’horizon pour lundi, au large de Madère.

Crever la bulle

Car l’anticyclone des Açores fait des siennes : il se décale au large de la péninsule ibérique car une dépression pointe sur les Açores dès lundi. Il en résulte que les alizés de secteur Est vont faire place à un flux modéré de secteur Sud entre Madère et les Açores, mais dans un couloir relativement étroit. Et si ce samedi ne devrait pas voir beaucoup de changement dans le classement, ni de décalages dans la trajectoire, il faut s’attendre à une approche stratégique différente dès dimanche. L’option serait de grappiller des milles vers l’Est en serrant plus le vent, donc en ralentissant dans un premier temps, afin de pouvoir toucher le nouveau vent plus tôt en fin de week-end. Mais entre théorie et pratique, virtuel et réel, il y a bien souvent des divergences que les solitaires devront prendre en compte en sus de l’aspect tactique : est-il bon de se séparer de la flotte à une telle distance du but ?

Mais n’oublions pas que le peloton aussi offre un superbe match même s’il concède une journée de mer aux leaders. Yannick Bestaven (Cervin EnR) s’installe en tête des chasseurs mais sa marge de manoeuvre n’est pas si grande face à Samantha Davies (Roxy). Quant à Arnaud Boissières (Akena Vérandas), l’explosion de sa trinquette il y a deux jours ne devrait plus trop le pénaliser puisque la brise mollit alors que Jean-Baptiste Dejeanty (Maisonneuve) doit connaître des problèmes techniques car il rétrograde régulièrement depuis la sortie du Pot au Noir… Ce week-end s’annonce comme une période capitale pour les solitaires comme pour les observateurs à terre : observation d’un changement de rythme, d’un changement météo, d’un changement de stratégie. En attendant, c’est à la queue leu leu que la flotte remonte vers le Nord avec une journée de plus de 320 milles pour le leader ! Ca avance tout de même bien au large des Canaries…

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PRB abandonne

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Interview de Vincent Riou au PC Presse de la Barcelona World Race à 12h30 :

« Nous faisons route vers Cape Town avec la tête de mât qui pendouille. Ce matin nous naviguions moins vite que nos concurrents parce que nous voulions être prudents. Nous savions le coin peu fréquentable. Il y avait 25 nœuds de vent et nous naviguions sous pilote automatiques avec 1 ris dans la grand voile et sous gennaker. Nous étions tous les deux à l’intérieur. Toute la nuit le bateau avait planté régulièrement dans les vagues. Là, il a planté de nouveau mais pas plus que les autres fois. Nous avons eu de la chance de ne pas démâter. Maintenant nous faisons route sous petit foc. Une dépression arrive sur nous et plus vite nous aurons évacué la zone mieux ce sera. Nous devrions être à Cape Town dans trois jours environ. Dès que la mer sera calmée nous allons essayer de monter au mât pour descendre le tronçon qui pour le moment pend dans le vide. Nous avons eu la chance de récupérer tous les morceaux du mât et nous n’avons rien perdu à part deux voiles. Cela va nous permettre d’analyser s’il s’agit d’un problème de mise en œuvre ou de fabrication.  Le mât est réparable mais pas à Cape Town. Pour nous la course est terminée. Nous allons nous occuper du rapatriement du bateau vers la France et prendre le temps du recul.
Nous sommes extrêmement étonnés. Les bras m’en tombent car nous étions depuis le départ dans une optique « course sage ». Nous vivions un moment difficile avec le retour des concurrents mais nous avions décidé de ne pas mettre le pied au plancher. Nous savions que la course était longue.  Il n’était pas question de se laisser emporter par des concurrents qui s’emballent ou par les positions. Avec Sébastien, c’était notre manière de vivre cette course afin de rester lucides et en forme. Cela ne nous a pas servi à grand-chose car effectivement nous sommes en grande forme mais… en route vers Cape Town. Nous sommes extrêmement déçus. »

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Transat B to B : avaries en série

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Un leader qui s’échappe alors qu’il est handicapé par l’absence de girouette, un concurrent qui perd systématiquement des places dans le groupe des chasseurs, des moyennes journalières qui ne correspondent pas aux conditions météorologiques sur le plan d’eau… Les interrogations fusaient ce samedi pour expliquer des écarts inexplicables sans problèmes techniques à bord. Le premier à lever le voile lors de la vacation radio du Salon nautique de Paris, fut Marc Guillemot (Safran) : "Ce matin, alors que je renvoyais de la toile, j’ai entendu un grand "crac" : l’extrémité de la tige de vérin qui permet de basculer la quille s’était cassée. J’ai mis une heure à mettre une clavette de blocage avec la tête de quille qui se balladait. J’ai même empanné involontairement pendant cette manoeuvre et j’ai valdingué. J’ai été sonné et j’ai pas mal de contusions. Mais il y a une grosse molle qui va arriver, et tout de même que je ne suis plus vraiment en course. L’objectif est de finir pour être qualifié pour le Vendée Globe…"

A suivre, Yann Eliès (Generali) qui menait la flotte hier, concédait plus de trente milles ce samedi après-midi. L’explication du Briochin n’était pas complète : "Je me repose après trois jours difficiles contre le vent. J’ai fait le ménage à bord, il y a 15-17 noeuds de vent, la mer se calme… Je me suis recalé sur la route de Loïck mais j’ai des problèmes de voiles ! Je n’en dirais pas plus avant lundi… En tous cas, cette remontée de l’Atlantique était presque idéale avec ces alizés : on devrait arriver dès vendredi…" Pour le premier de la flotte, le paysage est légèrement différent, Loïck Peyron (Gitana Eighty) constatant qu’il s’enfonçait progressivement dans l’anticyclone des Açores : "Je n’ai plus d’indications de la direction et de la force du vent puisque je n’ai plus de girouette… Ca m’a ennervé et j’ai attrapé un gros grain qui m’a permis de m’échapper ! Il faut maintenant négocier une bulle anticyclonique qui se trouve pile sur la route mais elle devrait nous laisser passer… Du moins les premiers : il ne faut donc pas traîner en route ! Il y a 48 heures difficiles car ça mollit partout en même temps… Mais j’ai la forme, ce qui ne veut pas dire qu’il n’y aura pas de travaux à faire cet hiver…"

Dernières heures et premiers heurs…

Derrière aussi la course n’est pas de tout repos pour le peloton car les bateaux ont bien été sollicités depuis le Pot au Noir dans des alizés puissants. Dee Caffari (Aviva) : "Je suis assez fatiguée mais les conditions vont s’améliorer au fil des heures prochaines. Il y a encore pas mal de mer et c’est très humide et dur sur le pont. Très inconfortable aussi à l’intérieur ! En plus, j’ai un trou dans ma grand voile." Jean-Baptiste Dejeanty (Maisonneuve) a aussi pu être joint pour expliquer son rétrogradage de ces dernières heures : "Je ne peux plus envoyer de grandes voiles d’avant puisque mon étai (câble qui retient le mât sur l’avant) s’est arraché il y a trois jours… J’ai en plus des problèmes d’électricité ! Et j’ai même failli démâter. J’ai sécurisé le mât mais j’ai pensé faire route sur le Cap Vert ou les Açores. Maintenant, ça va à peu près et j’ai envoyé le foc de brise ORC. Je rentre donc en convoyage mais je suis très déçu parce que je comptais faire un résultat sur cette transat retour."

Armel Le Cléac’h (Brit Air) est quant à lui toujours sous gréement de fortune et n’avance qu’à trois noeuds en attendant un voilier de charter qui va pouvoir le ravitailler en carburant et en eau douce. Bernard Stamm (Cheminées Poujoulat) est l’un des seuls "éclopés" qui gagne du terrain ces dernières heures : "Ca mollit un peu mais c’est toujours la même allure débridée : ça tape moins, c’est plus paisible et je pense que Mike Golding doit avoir plus d’ennuis que moi pour que je le dépasse comme ça ! J’ai aussi de petits soucis mais ça se gère. Là j’ai cassé la fixation de mon rail d’écoute de grand voile, mais j’ai bricolé. Ca ne m’a pas trop ralenti…" Bref, le seul solitaire qui voit la vie (presque) en rose, est bien la jeune Britannique Samantha Daveis (Roxy) : "Il y a encore vingt noeuds de vent et ça me motive de voir que Yannick Bestaven m’a passé. Il va vite mais je vais mettre du charbon… enfin, du chocolat parce que j’ai trouvé une réserve !"

Alors que les leaders ont presque atteint les deux triers du parcours et qu’ils naviguent au large des Canaries, force est de constater que les avaries plus ou moins mineures handicapent les solitaires et presque aucun d’entre eux n’échappe à cette "maladie alizéenne" : trois jours contre le vent et une mer hachée fatiguent énormément les structures, les voiles, les appendices, les gréements… et les hommes. Tous le sachant, les régatiers vont passer progressivement en "mode préservation du matériel" mais l’enjeu de la compétition restera prédominante et ce mollissement anticyclonique devrait permettre à chacun d’entre eux de faire une pause : physique d’abord pour recharger les "batteries corporelles", technique aussi pour tenter de résoudre (en partie au moins) les problèmes du bord. Après la tempête qui va balayer les côtes bretonnes dimanche, les solitaires devraient avoir de la brise portante pour terminer cette transat Ecover-BtoB qui aura apporté bien des enseignements aux navigateurs et à leurs équipes techniques…

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PRB arrête, la course continue

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La nouvelle est tombée ce matin : le duo Riou/Josse abandonne. Leur tête de mât a cédé. Une sale « surprise » comme le disait Jean-Pierre Dick.  « Si un mât casse, c’est qu’il n’était pas assez solide », souligne Jean-Luc Nélias, mais tous sont sincèrement déçus pour leurs camarades de course : « Je suis désolé pour eux, pour leur équipe, pour la course. C’est un concurrent sérieux qui s’en va… Rendez-vous à la prochaine épreuve ! », poursuivait Jean-Luc.
« C’est triste. Depuis le début, on a fait un beau duel. Je sais ce que c’est… cest très dur : il faut se reconstruire, se faire une raison, rentrer à la maison. Je leur souhaite beaucoup de courage », confirmait  Jean-Pierre Dick.
PRB fait route sur Cap Town depuis la mi-journée.

Malgré tout, la course continue
Le rythme est toujours très soutenu avec des vitesses moyennes autour de 17 nœuds. Veolia Environnement caracole même autour de 20 nœuds de moyenne depuis cette nuit. Le duo finistérien, en seconde position, n’est plus qu’à 78 milles de Paprec-Virbac  2 : « On était sous spi. On a barré tout le temps avec Bilou. Là, le vent est rentré plus fort : nous avons dû affaler le spi… On va pouvoir laisser le pilote barrer », expliqait Jean-Luc Nélias à la vacation, tandis que Jean-Pierre Dick sur Paprec -Virbac 2 déplorait lui un passage « mou » : « le vent est tombé. Nous sommes dans une zone de transition. On espérait pouvoir souffler un peu, car nous avons beaucoup barré ces dernières heures, mais avec les deux autres (Veolia Environnement et Hugo Boss) qui arrivent derrière, le stress est toujours là, la course continue… »

Vents forts, grosses vagues et icebergs au programme
Le vent devrait effectivement s’essoufler un peu. Mais pas pour longtemps. D’ici une douzaine d’heures ça va accélérer à nouveau. Un flux de 40 nœuds (75 km/h) avec des rafales à 60 nœuds (110 km/h) et des creux de 7 à 8 mètres sont attendus. Cette nouvelle dépression va accompagner les courreurs sur leur route Sud Est, vers les Kergelen.
Les coureurs de la Barcelona World Race ont donc bel et bien embarqué dans le train de dépressions des mers du grand Sud. Et pour compléter ce décor, les icebergs sont également à prévoir, comme le signalait Sidney Gavignet ce matin : « le vent est monté à 27 noeuds et la température de l’eau est descendue à 9°C. Cela me rappelle ces deux énormes icebergs rencontrés le deuxième jour après notre départ de Cap Town il y a quelques années. Nous sommes exactement dans cette zone aujourd’hui… Il faut ouvrir l’oeil! »

Soucis de safran pour Estrella Dam
Guillermo Altadill et Jonathon McKee ont eu des problèmes techniques avec leur safran babord la nuit dernière. Le duo a bataillé pendant 7 à 8 heures pour réparer : « tout va bien désormais à bord, nous sommes prêts pour la dépression qui arrive », précisait Guillermo cet après-midi.

Froid et humidité. Veille contante et assidue. Tension nerveuse et physique. C’est le lot des marins qui ont choisi de s’attaquer à ces latitudes hostiles, en course de surcroît. C’est aujourd’hui le contexte dans lequel évoluent les duos de la Barcelona World Race, et cela ne fait que commencer…

Classement du 8 décembre à 14h00 GMT

1 PAPREC-VIRBAC 2 à 17724,8 milles de l’arrivée
2 VEOLIA ENVIRONNEMENT à 76,6 milles du premier
3 PRB à 84,2 milles du premier
4 HUGO BOSS à 100,3 milles du premier
5 DELTA DORE à 266,2 milles du premier
6 TEMENOS 2 à 593,5 milles du premier
7 ESTRELLA DAMM à 845,5 milles du premier
8 MUTUA MADRILENA à 910,8 milles du premier
9 EDUCACION SIN FRONTERAS à 1594,6 milles du premier

 

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Nouveau record à Bonne Espérance pour Francis Joyon

Start Idec
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Ce chrono exceptionnel fait de lui le skipper le plus rapide de tous les temps en solitaire, mais aussi améliore les records établis en 2002 et 2003 par les multicoques géant Orange I et Géronimo pourtant maniés en équipage! Seul Orange 2, le maxi catamaran de Bruno Peyron détenteur du trophée Jules Verne aura fait mieux en 2005 avec un temps de 14 jours, 05 heures, 21 minutes.

Après le déjà spectaculaire record sur la distance Brest-Equateur, 6 jours 16 heures et 58 minutes, c’est un second temps référence qui tombe dans l’escarcelle du skipper Morbihanais. Heureux mais loin de tout triomphalisme, "c’est toujours bon à prendre", Francis, conscient de la relativité de ces records (cf le démâtage du monocoque de Vincent Riou survenu à quelques encablures d’IDEC), est plus que jamais appliqué à maintenir le bon compromis entre vitesse et vigilance. Témoin ce petit contre-bord effectué à la mi-journée pour recaler IDEC au coeur du flux d’Ouest Nord Ouest et conserver un fort régime de vent (25 noeuds). Par près de 45 degrés de latitude Sud, Joyon observe à présent le déplacement dans son Sud Ouest d’une dépression très creuse avec des vents de 40 noeuds et plus…

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La flèche rouge

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Ainsi qu’il l’espérait, Francis est en passe de rallier sans coup férir les grands régimes d’Ouest qui tournent autour de l’Antarctique. Au terme d’une première partie de course époustouflante, Joyon devrait d’ici deux jours en terminer avec l’Océan Atlantique et entamer le grand périple au "Pays de l’ombre", ces mers du Sud lointaines et méconnues, redoutables et redoutées, qui donnent aux aventures humaines autour du Monde un caractère épique sans égal. Pour la petite histoire et pour ceux que les chiffres n’inspirent pas, notons qu’IDEC a rattrappé 4 des 8 monocoques 60 pieds IMOCA partis 12 jours plus tôt de Barcelone pour un tour du monde similaire en double. Il talonne désormais son ami Roland "Bilou" Jourdain (Véolia) qui navigue par 43 degrés Sud avec Jean-Luc Nélias… Ses 1 300 milles d’avance sur le point référence d’Ellen MacArthur en 2005 en paraissent presque anecdotiques.

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Transat B to B : haute pression dans l’anticyclone

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Ca déboule toujours en tête de la flotte et la hiararchie se resserre au point que Loïck Peyron (Gitana Eighty) est de plus en plus sous pression avec seulement 2,5 milles d’avance sur Marc Guillemot (Safran) qui suit exactement sa trace (et peut-être même le voit), et 3 milles sur Yann Eliès (Generali) qui a quant à lui, choisi de se décaler un peu plus à l’Est. Et cette hémorragie de milles qu’a connu le leader depuis sa sortie du Pot au Noir il y a deux jours, concerne aussi les autres prototypes de l’année puisque Kito de Pavant (Groupe Bel) n’est plus qu’à 20 milles et que Michel Desjoyeaux (Foncia) à 58 milles…

Y a-t-il un souci technique sur le monocoque leader ? Un petit alors parce que le différentiel vitesse n’est pas très important (moins d’un noeud) et que les solitaires allongent encore bien la foulée entre 13 et 15 noeuds de moyenne. Les bateaux frisent les 300 milles par jour, ce qui est tout de même pas mal pour une allure assez proche du vent, dans une brise de 20 à 30 noeuds hier, qui tend à mollir au fil des heures et de leur remontée vers le Nord.

Mi temps !

Car les prévisions météorologiques sont encore assez stables avec l’anticyclone des Açores qui ne bouge pas trop ces deux prochains jours en s’affaissant un peu sur lui même, entraînant donc un léger affaiblissement du flux d’alizés de secteur Est. Faisant route plein Nord ou presque, la flotte devrait alors pouvoir grappiller du latéral, gagner un peu dans l’Est pour se rapprocher de la route directe afin de passer entre Madère et les Açores. Ce gain vers les côtes africaines est important à moyen terme pour anticiper la rotation du vent au secteur Sud à la latitude de Gibraltar, prémice de l’arrivée d’une perturbation atlantique pour finir le parcours. Un parcours de 4 200 milles dont les solitaires ont déjà avalé une bonne moitié, et au vu des fichiers météo et du rythme que se sont imposés les navigateurs ces derniers temps, une arrivée dès le 13 décembre est même envisageable !

Quant au peloton, Yannick Bestaven (Cervin EnR) a pris les rênes de vendredi matin aux dépends de Samantha Davies (Roxy) et surtout de Jean-Baptiste Dejeanty (Maisonneuve) qui a perdu 70 milles en 24 heures ! Pour Arnaud Boissières (Akena Vérandas), la perte de sa trinquette jeudi matin est sévèrement sanctionnée puisqu’il glisse en queue de ce groupe de chasseurs… Enfin, les trois anglo-saxons qui ferment la marche cumulent déjà plus d’une journée et demie de retard sur le leader.

Yann Eliès (Generali)

« L’alizé est sportif avec 25 à 30 nœuds de vent ! Nous naviguons au près à 80° de l’axe du vent. La bateau souffre, tape dans les vagues… et moi avec ! Les bruits du carbone et les sauts du bateau sont un peu stressants mais on va vite, c’est bon pour le moral ! Cela me fait plaisir de mener Generali dans ces conditions. Je me bats en tête de flotte ce qui est très motivant. J’attends avec impatience les positions toutes les quatre heures ! Au niveau stratégique nous avons deux possibilités : soit faire une route directe vers le Cap Finisterre en laissant les Açores à bâbord, soit contourner ces îles par l’Ouest afin d’aller chercher le train de dépressions. D’après les informations météo dont je dispose, je privilégie la première option. Depuis deux jours je vis enfermé à l’intérieur du bateau tellement cela remue et mouille à l’extérieur ! Hier matin j’ai enfilé mon ciré et mes bottes pour aller faire un bon check du bateau comme nous l’a appris Bruno Peyron sur le trophée Jules Verne ! J’ai eu assez peu de temps pour m’entraîner entre la mise à l’eau du bateau et le départ de la transat Jacques Vabre. J’ai privilégié les entraînements en double avec Sébastien Audigane. En partant de Bahia sur la transat Ecover BtoB j’ai passé ma première nuit en solitaire à bord de Generali ! J’ai rapidement trouvé mon rythme ce qui est à la fois une grande satisfaction et rassurant pour le Vendée Globe. Enchaîner deux traversées de l’atlantique est éprouvant mais c’est un excellent test pour le matériel et les hommes ! »

Bernard Stamm (Cheminées Poujoulat)

"Il ne se passe pas grand chose en dehors des oscillations du vent. Il fait toujours gris avec, cependant, des petits coins de ciel bleu de temps en temps. Mais c’est toujours aussi humide et en ce moment, c’est la panoplie complète, pour juste aller choquer une écoute. La vie est toujours penchée. Tout va bien à bord, je surveille souvent le bateau pour essayer de localiser un éventuel problème technique."

Dee Caffari (Aviva)

"After a miserable 24 hours crashing to windward in 18 – 24 knots of breeze I decided that I was a broken person and called the shore team to tell them how miserable life was. During the afternoon after looking at the position reports I learnt a top tip that I could not learn from a website that tells you how to sail an open 60. I cracked the sheets by ten degrees and I entered a whole nicer environment. Not brilliant but much better. So what these rock stars that sail these boats do not tell you is that they do not sail upwind unless they have to. Sail somewhere else until the wind changes. Life is faster and more comfortable. It is top tips like this that I am learning by spending time out here with my boat."

Mike Golding (Ecover)

« On est assez secoué, et trempé sur le pont comme en bas. La mer est assez formée, ce qui rend la vie et les déplacements assez inconfortables. J’ai de nouveau un problème avec les ballasts. Le bateau prend tellement d’eau que le ballast avant se remplit et que toutes les deux heures environ, je me retrouve avec le ballast avant sous le vent plein. Je suis obligé d’abattre en grand pour vider, ça ne m’aide pas. Autrement en ce moment on est très secoué et c’est très difficile de dormir. Il faut s’attendre à deux autres jours comme ça. Ce ne serait pas un problème car le bateau va bien et vite, si je n’avais pas à ralentir et vidanger le ballast. Ca ne m’arrange pas du tout. »

Derek Hatfield (Spirit of Canada)

"Today was a long day exiting from the doldrums and into wind, plenty of wind. Most of the day the boat was upwind at 26kts True. Welcome to the northern trades and then some. The air is much cooler tonight, an indication of whats to come by next week. After all, we are only weeks away from Christmas. What a strange feeling this is."

Kito de Pavant (Groupe Bel)

"Les conditions ne sont pas excellentes pour écrire sur un clavier d’ordinateur, d’autant plus que sur celui là, étanche, et c’est une bonne idée, il faut appuyer comme un sourd pour sortir une lettre (je vois pas pourquoi un sourd taperait plus fort qu’un autre, c’est la question philosophique du soir?!!!!). Bon bref, oui j’en étais où ? Ah oui la course B to B… Je disais donc que ça bouge un peu. Vous voyez une balle de ping pong dans une machine à laver, eh ben vous voyez Kito à l’interieur de Groupe Bel !!!! Et aussi que nous avons déjà parcouru en une semaine plus de 2000 milles depuis Bahia et ça malgré un passage de Pot au Noir plutôt laborieux et c’est rien de le dire… Et depuis 2 jours, je vis penché dans l’humidté et un bateau qui joue au sous marin dans les vagues. Les gus (dont finalement je ne connais pas la nationalité, ils n’ont pas leurs papiers mais je me renseigne et vous tient au courant) qui poncent la dérive bâbord ce coup-ci, font les 3/8. La prochaine fois, je prends des boules Quiès et "la plomberie en 10 leçons"… En plus gros probleme de fuite provient du voisin d’en haut, oui, un original qui vit dehors sur sa terrasse… Il a dû laisser le robinet de sa douche ouvert et ça coule sans discontinuer juste sur ma banette : j’ai été obligé de déménager dans mon bureau sauteur d’où je vous ecris ce soir. Il est un peu tôt pour parler d’ETA mais il semble se confirmer qu’un flux de Sud-Ouest devrait nous pousser vers la Bretagne donc selon comment et à quelle vitesse nous traverserons l’anticyclone des Açores, nous pourrions arriver dès le 14 décembre dans une atmosphere certes humide mais pas trop froide… Voila les nouvelles du bord."

Yannick Bestaven (Cervin EnR)

« Je suis étonné de n’être pas si loin des nouveaux bateaux, et au contact avec certains. C’est de bonne augure pour la suite et les évolutions que nous allons apporter au gréement pour plus de performance. Je viens d’apprendre le démâtage de Brit Air, je dois rester concentré sur l’objectif principal de la qualification et ramener le bateau à bon port, mais quand la compétition reprend le dessus, c’est toujours difficile de chercher le frein à main. Côté bonhomme l’allure actuelle : près appuyé fait qu’on a l’impression de voyager dans une machine à laver, tout est humide, les moindres bobos ont du mal à cicatriser, je perds des litres de transpiration tout en faisant du saute mouton sur les vagues, le bateau est tout le temps penché, et chaque mouvement pour préparer à manger etc… est toujours délicat à faire… Mais bon je crois que l’on aime ça aussi. »

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Demain à Bonne Espérance

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Entre anticyclone et dépression
 Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’à bord du trimaran géant IDEC, les motivations pour aller vite, très vite, ne manquent pas. Il y a bien sûr cette envie naturelle du marin Joyon de garder en permanence le curseur dans les hauts degrés du speedomètre. Mais il y a aussi sur l’eau, quelque part dans le Sud Ouest du continent africain, la conjugaison de deux puissants facteurs météos entre lesquels cavalent le multicoque rouge. Dans son Nord se tient en effet la menace réelle d’un affaissement vers le Sud du fameux anticyclone de Sainte Hélène. Francis en redoute les calmes comme la peste. Et se profile dans le tableau arrière d’IDEC le spectre d’une dépression très creuse bien typique de ces parages inhospitaliers, qui arrive par l’ouest de toute la force de ses 40 noeuds et plus de vent glacial. « Je dois prolonger mon bord actuel au moins jusqu’à 44 degrés Sud » explique Francis. « Les 20 à 22 noeuds de vent de secteur Nord que j’ai actuellement me permettent de glisser sans heurt à grande vitesse, 25-26 noeuds en permanence, car la mer est bien lisse et le bateau passe merveilleusement bien… Lorsque le centre dépressionnaire qui évolue dans mon Ouest va me rattraper, la conjugaison du vent de Nord et de la houle de Sud va créer un effet « bouilloire » sur lequel il sera moins aisé d’aller très vite… » IDEC se gave donc littéralement de milles. Plus de 580 avalés à la mi-journée lors des dernières 24 heures. La barre des 600 milles semble parfaitement accessible à l’étonnant duo Joyon-IDEC. « J’essaie de préserver le matériel et passer Bonne Espérance, je naviguerai de manière un peu plus conservatrice car je serai alors dans des zones où il n’est jamais agréable de devoir effectuer des réparations, aussi infimes soient elles. »

Une grosse satisfaction
 « Arriver si vite dans les 40èmes est bien sûr une grosse satisfaction » avoue Joyon. A 750 milles de la longitude du Cap de Bonne Espérance, le marin de Locmariaquer est en passe d’ajouter son nom en haut des tablettes de référence de ces grands passages, après avoir déjà signé un formidable temps à l’Equateur. En franchissant ce premier des trois grands caps qui scandent traditionnellement les circumnavigations (Bonne Espérance, Leeuwin, Horn) en 15 jours et demi, Francis le solitaire améliorerait les temps, non seulement de Dame Ellen en 2005, mais aussi des grands multicoques Géronimo et Orange menés en équipage en 2003 et en 2002… Des satisfactions d’ordre sportif auxquelles Francis associe volontiers le plaisir personnel de mener avec aisance un voilier visiblement bien pensé, bien conçu et bien construit. Les choix techniques décidés en toute complicité avec les architectes Benoit Cabaret et Nigel Irens, et le constructeur Lorientais Samuel Marsaudon, trouvent sur l’eau toute leur justification, jusqu’au choix très écologique de Francis de naviguer propre autour du monde ; « Mon Eolienne charge mes batteries à bloc. Je n’ai pour l’instant pas eu recours ni à mes panneaux solaires, ni à ma pile à combustible… »

 Alors que les premiers albatros commencent en planant à accompagner de loin le vol d’IDEC, les températures chutent, la lumière se fait plus blanche et plus laiteuse. Francis Joyon au sommet de sa forme, aborde le grand morceau de bravoure des tours du monde, ce Sud mystérieux et avouons le, si effrayant. Et le marin de Locmariaquer de nous laisser avec cette énigmatique pensée du jour ; « L’harmonie du multicoque, c’est le stress… »

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Armel Le Cléac’h sous gréement de fortune

brit air
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Dans ces conditions précaires, sans moteur afin d’économiser le peu de carburant restant pour assurer le fonctionnement du matériel de communication, sans radar, à la merci des cargos croisant dans les parages, Armel Le Cléac’h vit des heures difficiles au milieu de l’Atlantique…
 
Comment vis tu ces moments délicats ?
Armel Le Cléac’h : « Dur, dur… C’est très difficile à vivre. Ici c’est un peu ambiance Tom Hanks dans "seul au monde" mais bon au moins j’ai pas mal aux dents… C’est mon premier démâtage, mon premier gréement de fortune, j’espère que ce sera le dernier. Ca fait mal ! Dans mon malheur, je me dis qu’au moins BRIT AIR n’a pas tant souffert que ça… »
 
Comment s’est déroulée ton opération « gréement de fortune » ?
ALC : « Ca n’a finalement pas été si compliqué que ça. J’ai mis un peu plus de quatre heures pour monter l’outrigger restant à la place du mât et mettre en place un tourmentin. Malheureusement, ces efforts n’aident pas BRIT AIR à avancer beaucoup plus vite : je gagne au plus 1,5 nœuds, soit une vitesse maximale désormais de 4 nœuds… En revanche ça aide à stabiliser le bateau et vu les conditions de mer actuelles, c’est au moins ça de gagné… »
 

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