Comme attendu, la flotte est scindée en deux groupes : les quatre leaders évoluent toujours au portant à l’avant d’un nouveau front froid (20 à 35 nouds avec rafales) tandis que le peloton doit négocier des conditions météo moins favorables. Conséquence directe : les moyennes des premiers tournent entre 17 et 20 nouds (la palme toujours pour Paprec Virbac 2 à 20,8 nouds moyens ce matin, et Veolia Environnement à 20,7 nouds moyens à la mi-journée) alors que les autres concurrents affichent 10 à 12 nouds de vitesse (sauf Temenos à 13 – 14 nds).
Cette situation ne va cependant pas durer. Le front s’en va, laissant la tête de flotte aux prises avec une brise moins forte (20 à 25 nouds de secteur Sud puis Ouest). La quasi-totalité des concurrents se retrouvera alors dans le même système météo, avec le même enjeu : gagner dans le Sud pour échapper aux hautes pressions qui se gonflent dans le Sud Est de Bonne Espérance. Seul le duo Escoffier/Barguès devra composer avec cet anticyclone sud africain.
Côté météo, ça se complique
Pour les jours à venir, il semble que le jeu stratégique s’ouvre sous l’influence de « bulles » anticycloniques qui se dessinent au niveau des Kerguélen. Sidney Gavignet y faisait déjà allusion hier, il le confirmait ce matin : « après les Kerguelen, la course va évoluer. Nous passerons d’une course de sangliers à une course de renards ! La stratégie et la tactique reprendront le pas sur la période actuelle. L’essentiel étant d’être frais et dispo, hommes et bateaux, pour cette nouvelle phase. »
Les fichiers météo prévoient en effet des vents faibles sur la zone de l’archipel français pour cette fin de semaine. Les concurrents devront trouver le meilleur chemin, au Nord ou au Sud de ces îles. ? « C’est une situation météo assez étonnante », confirmait Roland Jourdain, « on va essayer de trouver un petit trou de souris pour passer ! »
« Il va falloir jouer fin », confirme Jean-Pierre Dick, sous-entendant qu’il allait falloir trouver le compromis entre descendre chercher du vent sans toutefois s’approcher trop près des « zones à growlers ».
« C’est dantesque ! »
Avant de négocier ce casse tête météo, les marins du groupe de tête surfent encore pour quelques heures dans des conditions stressantes : « c’est chaud, c’est impressionnant, le vent est monté à 40 noeuds, ça va vite. C’est dantesque. Le bateau gigote beaucoup, ça tape. On préfèrerait jouer aux cartes au coin de la cheminée ! », lançait Jean-Pierre Dick cet après-midi. Roland Jourdain précisait qu’il préférait parfois limiter les accélérations du bateau : « Ca peut aller très vite dans les surfs, mais il y a des trous dans la route, on préfère être un noud moins rapide que Paprec et se limiter à des pointes à 24 – 25 nouds ». Ce qui est déjà pas mal !
Côté ambiance, le skipper de Paprec Virbac 2 évoquait ce matin une atmosphère « spéciale ». « C’est une sorte de désert, avec de l’eau très froide, quasiment pas de soleil, un temps gris, des grains, c’est un endroit reculé. pas macabre, mais spécial ! » Du coup, les marins passent le plus clair de leur temps dedans : « Je suis vraiment content de l’intérieur du bateau, on arrive à y vivre convenablement et à dormir malgré les vibrations et les bruits. J’ai même mis des boules quiès cette nuit pour dormir : y a un tel vacarme dans les surfs. mais on s’y habitue ! » Remarque assez similaire de la part de Jérémie Beyou ce matin « ça va toujours vite, mais ça va . on s’habitue à ces surfs constants. Au début ça fait drôle, mais on s’habitue. » Après quelques jours seulement sous les 40e, le navigateur commence également à s’accomoder du froid : « Nous sommes très bien équipés. Nous utilisons aussi le tuyau d’aération du moteur pour réchauffer les bottes et les gants. »
Cap sur Cape Town
Estrella Dam poursuit sa route vers l’Afrique du Sud où le duo espère réparer son safran. Ce matin, ils évoluaient à 12 nouds, à 490 milles de Cape Town. A ce rythme, cela représente près de deux jours de navigation. Cet arrêt technique leur coûtera 12 heures de pénalité (compris dans la durée de l’escale). Vincent Riou et Sébastien Josse devraient être sur le point de mettre pied à terre.
(source BWR)
Classement du 10 décembre 07 à 15h :
1. PAPREC-VIRBAC 2 à 16847,7 milles de l’arrivée
2. VEOLIA ENVIRONNEMENT à 103,8milles du premier
3. HUGO BOSS à 186,0milles du premier
4. DELTA DORE à 402,2milles du premier
5. TEMENOS à 805,8milles du premier
6. PRB à 1149,9milles du premier
7. MUTUA MADRILENA à 1174,7milles du premier
8. ESTRELLA DAMM à 1396,8milles du premier
9. EDUCACION SIN FRONTERAS à 1912,0milles du premier