Le communiqué de la Class’50 Open prête à Yves Le Blévec un intérêt certain pour les multis de 50 pieds : "Yves Le Blévec et son skipper Actual sont à la recherche d’un programme de course au large pour les années à venir, un programme qui leur permette notamment de participer aux grandes classiques comme la Jacques Vabre et la Route du Rhum". Selon la Class’50 Open, le principal intéressé a commenté : "on voit tout de suite que ce sont des bateaux de courses et c’est important pour l’image des partenaires. Sans parler du plaisir de naviguer sur une coque à 25 noeuds. Or, les budgets sont dans nos cordes et maintenant il faut affiner les chiffres avant de s’engager." Yves Le Blévec a poursuivi : "L’intérêt des projets en Open, c’est qu’on peut fabriquer l’histoire du début à la fin". De la construction du bateau à la participation à la Route du Rhum 2010, par exemple, avec des bateaux qui sont prévus pour être opérationnels dès la saison 2009.
Cette démarche des multis 50′ intéresse aussi le figariste Romain Attanasio, navigateur la saison 2007 pour le Groupama de Franck Camas, qui cherche lui aussi une voie de développement pour les prochaines années, dans l’attente de l’éventuel renouveau de la classe Orma (qui elle, milite pour des trimarans de 70 pieds, ndr). "Les quelques places en Orma seront chères et la Class 50’Open représente un palier intermédiaire formateur en même temps qu’une véritable alternative sportive" a déclaré Romain Attanasio. De son côté, le navigateur malouin Victorien Erussard, lui, espère concrétiser prochainement le partenariat lui permettant la construction d’un bateau nouvelle génération toujours de 50 pieds.
Voilà les principaux échos d’une table ronde organisée par la Class’50 Open avec Bertrand Chambert-Loir, qui porte le projet chez Crêpes Whaou! et aimerait développer ce circuit en donnant une réelle concurrence au bateau éponyme de Franck-Yves Escoffier, via un véritable circuit dédié à ces multicoques de 50 pieds. Bertrand Chambert-Loir a expliqué : "cela représente une implication de 500 000 euros sur 5 ans, sachant que notre chiffre d’affaire est de seulement 30 millions d’euros, un certain nombre de PME peuvent elles-aussi devenir des acteurs du futur de cette classe si elles savent s’associer à des skippers professionnels, dont les compétences doivent savoir intégrer la gestion de projet."
Côté concepteurs et constructeurs, on a évoqué évidemment le cabinet d’architecture navale VPLP et le chantier CDK, puisque ce seraient eux qui "permettraient la mise en place la plus fiable et la plus rapide" pour les nouveaux projets" ; sachant que "d’autres projets multicoques 50’Open sont à l’étude avec quelques architectes de renom", précise le communiqué de la Class’50 Open.
Les multis 50 intéresseraient Le Blévec et Attanasio
Sodeb’O au Cap Vert samedi soir
Cette zone de transition n’était pas facile à accepter pour Thomas Coville, mais elle lui a permis de checker l’ensemble du matériel embarqué et du trimaran. Rien à signaler malgré les conditions musclées du départ il y a 4 jours. Il apparait cependant suite à des tests de tension que la carte électronique de la girouette, située en tête de mât et qui avait reçue la foudre, est grillée.
Le vent s’est désormais stabilisé à une vingtaine de noeuds de moyenne accompagné d’une mer plate. Le skipper bénéficie toujours de températures estivales et devrait passer le Cap Vert demain en début de soirée.
Plus tôt dans cette journée de vendredi, l’équipe à terre de Sodeb’O estimait que le maxi trimaran de Thomas Coville pouvait espérer atteindre l’équateur "en sept jours et quelques heures". Francis Joyon, sur le projet concurrent IDEC (qui en est lui à la traversée du Pacifique) avait amélioré ce premier temps de passage par rapport au chrono d’Ellen MacArthur en parcourant ce premier segment du parcours en 6 jours et 17 heures. A suivre, donc.
Vigilance glaces et dépressions au programme d’IDEC
« J’avais commencé mon journal de bord en écrivant ‘vendredi ‘… et je me suis repris : j’ai passé l’antéméridien donc c’est mon deuxième jeudi de la semaine… » Il faudrait plus que ce « rajeunissement » instantané d’une journée pour perturber Francis Joyon. Car après une navigation plus difficile hier, IDEC est de nouveau sur des bases de 500 milles à la journée. Le maxi trimaran navigue ce vendredi midi par 55 degrés de latitude sud et 170 degrés de longitude redevenue ouest donc, après le passage de l’antéméridien. A des vitesses de l’ordre de 20 nœuds en moyenne.
Calmes évités de justesse
Joint au téléphone satellite, Francis Joyon explique : « hier, j’ai eu droit aux signes avant-coureurs de la fameuse dorsale anticyclonique porteuse de calmes devant laquelle je fuyais. J’ai eu des grains, un vent très changeant en force et en direction, cela pouvait passer de 8 nœuds à des rafales à 30 nœuds, des nuages noirs, de la pluie… » Donc beaucoup de manœuvres, de changements de voiles, de concentration pour anticiper le passage des grains. La (très) bonne nouvelle du jour est qu’IDEC a donc réussi à échapper à cette dorsale. Francis Joyon en convient : « j’y ai échappé de peu, il s’en est fallu d’un cheveu… un moment j’ai même cru que j’allais m’arrêter et être rattrapé par la dorsale. Mais maintenant je suis dans un système de sud-ouest bien établi, j’ai même du prendre un ris dans 32 nœuds de vent tout à l’heure. J’ai échappé à un piège qui aurait pu me faire perdre 24 heures».
Gare aux icebergs
Et maintenant ? « je descends un peu » dit Francis Joyon, cap au 100 avec un peu de Sud dans son Est, donc. «Je n’ai pas le choix : d’une part le vent m’oblige à continuer à descendre et d’autre part il est un peu tôt pour empanner car l’anticyclone est encore dans mon nord, et il ne s’agit pas de buter dedans. Je devrais descendre jusqu’à 56° sud peut-être, j’espère pas plus bas car là le risque de glaces deviendrait alors vraiment trop important ». Tout le jeu consiste donc à « faire avec la météo sans trop descendre, les limites sont faites pour être franchies mais tout de même… » Vigilance maximale donc sur les glaces, avec 2 ou 3 milles de visibilité maximum et un œil en permanence sur le radar dans ces contrées « où personne ne va », comme dit Jean-Yves Bernot, le routeur d’IDEC, « où il n’y a pas de données d’observation sur les icebergs, alors qu’il y en a encore quelques unes dans l’Indien ».
Aujourd’hui vendredi, IDEC a repris de la vitesse et ce devrait être le cas pendant encore deux à trois jours. « Je fais des vitesses moyennes de l’ordre de 20 nœuds », confirme Francis Joyon, « mais ce n’est pas régulier, le vent n’est pas encore très stable dans ce temps à grains : un coup j’accélère à 25 nœuds, un coup je ralentis. Hier un moment j’étais même sous voilure de près, dans du sud-est !» Côté bonhomme, « le jeu est de ne pas trop tomber en déficit de sommeil, j’arrive à m’en sortir avec mes 4 heures vitales par jour que je trouve par-ci, par-là… et côté alimentation, je ne me fais pas vraiment des repas de Noël mais des choses qui permettent de tenir, là c’est une soupe de poissons et un plat de nouilles, rien de très original!»
Dépressions à négocier
IDEC devrait bénéficier encore deux à trois jours de ce vent de sud-ouest portant, «ensuite il repassera à l’ouest et j’en profiterai pour me recaler un peu, car devant il y a une dépression un peu embêtante à gérer », explique Francis Joyon, « dépression que j’essaierai de contourner par le nord pour garder du vent portant ». Autrement dit, IDEC va faire de la vitesse encore deux jours, puis devoir empanner (virer de bord au vent arrière, ndr) dans une bascule d’ouest avant de devoir choisir une route de passage pour franchir des petites dépressions qui se créent devant sa route. Une navigation un peu complexe… et donc intéressante. Avec pour atout, il ne faut pas l’oublier, un capital d’avance sur le chrono d’Ellen MacArthur qui n’a jamais été aussi élevé : 3045 milles à midi ce vendredi, soit plus de 5600 kilomètres.
Voilà qui permet d’appréhender avec une relative confiance un toujours possible coup de frein dans trois jours. D’autant qu’au terme de 28 jours de course après le temps, chaque mille qui passe rapproche désormais de la ligne d’arrivée. IDEC est en train de passer sous la barre des 10 000 milles à parcourir pour boucler son tour du monde.
Sodeb’O à fond vers l’Equateur
Une nuit de plus pour le maxi Sodeb’O et son skipper, la troisième depuis le départ lundi soir de Ouessant. Le trimaran file ce matin à bonne allure, après une nuit satisfaisante mais éreintante pour Thomas Coville.
La nuit fut rapide pour le solitaire mais ponctuée de grains et donc de conditions très variables : si la mer est de plus en plus rangée, le vent reste instable en force et en direction amenant le navigateur à effectuer beaucoup de manoeuvres. Peu de repos cette nuit donc, et des vents de 15 à 25 noeuds poussant malgré tout le trimaran vers le sud.
Thomas devrait dès ce matin commencer à se positionner davantage vers l’ouest afin de poursuivre la descente vers l’Equateur, le plus important pour le skipper étant maintenant de récupérer : les conditions musclées d’il y a à peine 24 heures l’ayant amené à beaucoup donner de lui-même.
Aviva a démâté !
Alors qu’elle avait enfin paré la pointe de l’Espagne pour rentrer dans le golfe de Gascogne et pour terminer sa première transat en solitaire sur un monocoque Imoca, Dee Caffari a vu son mât s’écrouler ce mercredi vers 7h00. Le vent de secteur Sud-Est soufflait alors à plus de 45 noeuds et la mer était bien formée en raison de l’installation d’une dépression entre les Açores et la péninsule ibérique. La navigatrice britannique a réussi à se débarasser au bout de deux heures, des morceaux de mât qui commençaient à poinçonner la coque puis à alerter son équipe technique à terre. Aviva marchait auparavant à neuf noeuds en route directe vers l’arrivée à Port la Forêt distante de 250 milles. Ce mercredi matin, Dee Caffari n’avait pas beaucoup d’opportunité pour rallier un port rapidement : non manoeuvrante en progressant à deux noeuds et en difficulté pour installer seule un gréement de fortune efficace, la solution s’oriente vers un remorquage sur le port espagnol de La Corogne, distant de 160 milles dans son Sud-Est. Le problème vient du fait que le vent est encore très soutenu dans cette partie du golfe de Gascogne et qu’il ne devrait mollir que demain jeudi matin…
Un Gascogne qui cogne
Jean-Baptiste Dejeanty n’est pas à la fête non plus dans ce golfe qui marque pourtant la fin de cette transat Ecover-BtoB ! A 70 milles de Port la Forêt ce mercredi à 6h00, Maisonneuve n’est pas attendu avant le début de l’après-midi car le solitaire avançait à petite vitesse face à un vent de secteur Est de plus de trente noeuds qui ne va tourner au Sud-Est qu’en fin de soirée… Handicapé par de nombreux problèmes techniques depuis des jours, le jeune skipper doit encore parer l’archipel des Glénan avant d’espérer conclure cette traversée de 4 120 milles. Le froid piquant et la mer dure qui balayent les côtes bretonnes ne sont pas la meilleure façon d’accueillir un marin après vingt jours de mer ! Quant au Canadien Derek Hatfield (Spirit of Canada), il n’est plus qu’à 200 milles du but et progresse à sept noeuds au près dans une brise musclée de plus de quarante noeuds… Son arrivée est prévue pour jeudi matin à Port la Forêt. Enfin, l’Américain Rich Wilson le suit avec cent milles d’écart et Great American III devrait couper la ligne d’arrivée jeudi en soirée.
DBo.
Arrivées à Port la Forêt :
1-Loïck Peyron (Gitana Eighty) en 14j 09h 13′ 25”
2-Kito de Pavant (Groupe Bel) en 14j 12h 22′ 49”, à 3 heures 09 minutes 24 secondes du premier
3-Michel Desjoyeaux (Foncia) en 14j 13h 43′ 24", à 4 heures 29 minutes et 59 secondes du premier
4-Yann Eliès (Generali) en 14j 19h 22′ 02”, à 10 heures 07 minutes 37 secondes du premier
5-Marc Guillemot (Safran) en 15j 08h 25′ 44”, à 23 heures 12 minutes 19 secondes du premier
6-Bernard Stamm (Cheminées Poujoulat) en 15j 16h 24’34”, à 1 jour 07 heures 09 minutes 09 secondes du premier
7-Samantha Davies (Roxy) en 17j 17h 38′ 46”, à 3 jours 08 heures 25 minutes 21 secondes du premier
8-Yannick Bestaven (Cervin EnR) en 18j 00h 57′ 48”, à 3 jours 15 heures 44 minutes 23 secondes du premier
9-Arnaud Boissières (Akena Vérandas) en 19j 00h 57′ 26”, à 4 jours 15 heures 44 minutes 01 secondes du premier
Francis Joyon à mi-parcours : interview
Francis, l’idée du moment est de rester en avant d’une dorsale anticyclonique ?
«Oui, exactement. J’ai ‘speedé’ à fond toutes les dernières 24 heures pour ça… J’ai tiré un bord bâbord amure pour monter sur le 52e Sud, puis je suis redescendu le plus vite possible pour ne pas me faire rattraper par les vents faibles d’une dorsale anticyclonique qui se trouve juste derrière moi. Je ne sais pas si je vais réussir, mais je crois que je tiens le bon bout parce que le baromètre commence à baisser de nouveau, ça veut dire que j’arrive à aller un peu plus vite que la dorsale. »
Devant une dépression dans l’Indien et devant un anticyclone dans le Pacifique, donc ?
« C’est l’intérêt d’un bateau rapide : on peut vraiment jouer avec les éléments, se placer par rapport à eux. Enfin parfois c’est un peu limite, car IDEC n’est quand même pas aussi rapide que les grands bateaux qui font le tour du monde en équipage comme Orange… mais tout de même, on arrive à jouer… »
Ton record de l’Indien en solo, tu l’as laissé à Orange II en équipage pour être poli ?
« Oui, il faut être correct avec les garçons ! (rires) J’ai beaucoup d’admiration pour eux, donc si je commence à les vexer ce ne serait pas bien ! »
On t’imagine tout de même très satisfait…
« C’est vrai que c’est une grande satisfaction d’avoir fait aussi proprement cette première moitié (du tour du monde, ndr). Maintenant, j’attaque la deuxième partie, les questions se posent de nouveau, c’est le Pacifique qui commence… »
La carte postale du bord au 27e jour de course, par 54 degrés de latitude Sud ?
« Le vent vient du sud-ouest pour environ 20 nœuds, et c’est le contraire de chez nous : ici, il apporte la lumière, les grains, ça oblige à manœuvrer énormément pour gérer les nuages noirs chargés de pluie et de vents plus forts qui arrivent d’un seul coup. Il y a toujours beaucoup d’oiseaux, un mélange d’albatros et de plus petits, dans une belle lumière… c’est vraiment une très belle journée. Ce matin j’avais cinq mètres de houle avec un début de mer déferlante… mais le vent a molli et refusé et ça s’est un peu calmé. Le vent refuse maintenant, il va adonner ensuite de nouveau… il faut s’adapter, c’est une navigation vraiment intéressante… j’allais dire depuis hier, mais elle l’est depuis le départ ! »
La moitié du parcours c’est pour ce soir, cette nuit ?
« Oui, la moitié du parcours, c’est le sud de la Nouvelle-Zélande, dans à peu près 300 milles. J’ai regardé, en distance et en temps ça correspond. J’ai vu qu’Ellen était à peu près la moitié de son trajet en temps pendant son record, et moi aussi en 2004, j’étais à la moitié en temps à cet endroit là…
Finalement tu n’as été que peu freiné ces derniers jours ?
« Je ne suis pas encore sûr à 100% d’échapper à l’anticyclone, mais j’ai de bonnes chances… ça permettrait de continuer encore quelques jours avec des moyennes correctes, oui. Je vais être fixé assez vite, ça va se jouer dans les 24 heures. Derrière, je pourrais avoir encore du sud-ouest de 15 nœuds forcissant, puis tournant à l’ouest. Donc, route directe dans un premier temps, puis il faudra que je tricote (pour donner de l’angle au bateau et ne pas le laisser plein vent arrière, une allure lente, ndr), je serai peut-être amené à descendre un peu plus bas, jusqu’à 55° ou 56° Sud, si nécessaire.
Justement, as tu fixé une « limite glaces » à ne pas franchir pour parer les risques d’icebergs ?
« Dans l’Indien, je ne voulais pas descendre au dessous de 53° Sud, maintenant c’est différent. C’est la météo qui décide et celle-ci est favorable pour aller plus bas. Et puis, j’ai les outils pour surveiller les icebergs avec le radar qui repère les parois des blocs de glaces. Enfin, contrairement à l’Indien où j’étais dans les brumes, j’ai de l’horizon et une très bonne visibilité, cela permet de prévenir les risques. »
Pour être propre, non polluant, ton bateau n’a aucun moteur… le bilan à mi-chemin ?
« Cela fonctionne vraiment bien. Le fait d’avoir des sources d’énergie diversifiées est une super sécurité, quand je vois que parfois tu peux être à la merci d’une panne de moteur et être obligé d’abandonner faute d’énergie… L’éolienne tourne parfaitement, elle me fournit environ 70% de l’énergie dont j’ai besoin pour les instruments du bord, les panneaux solaires font le reste. Ils fonctionnent même par temps couvert et j’ai 20 heures de jour sur 24h en ce moment. Pour le complément, j’ai utilisé en tout et pour tout 4 litres de méthanol pour la pile à combustible. C’est agréable d’être en accord avec les éléments. Ici on est dans un milieu naturel propre : il n’y a pas une trace de sac poubelle, de plastique, de bouteille ou de déchet, rien, juste l’océan. La mer est absolument propre, quand on voit quelque chose ce sont des algues à la surface de l’eau et c’est bien de rester dans le respect de l’endroit où on navigue… »
Comment va le bonhomme ?
« Le froid on doit s’y habituer, car j’en souffre plutôt moins que la semaine dernière. Au niveau alimentation et sommeil, ça va mais j’ai eu 24 heures un peu difficiles car il fallait tout le temps surveiller le bateau et manœuvrer… La nuit tombe pour moi, je vais essayer d’en profiter pour récupérer un peu… »


















