Lorsque Roland Jourdain a prévenu son équipe technique de l’avarie, le monocoque rouge naviguait dans 25 à 30 nœuds de vent. Le bateau venait de planter dans une vague quand le mât est soudainement tombé. Les deux marins se trouvaient alors à l’intérieur du bateau et sont donc sains et saufs. Dans la nuit noire, ils ont réussi à récupérer la bôme et un outrigger avec lesquels ils envisagent ce soir de constituer un gréement de fortune dès le lever du jour. Pour l’heure, le monocoque rouge fait route dans l’Est au moteur vers la pointe de l’Australie, distante de 1660 milles. Au moment de l’accident, Roland Jourdain et Jean-Luc Nélias se trouvaient en troisième position.
"Un planté dans la vague…"
Contacté en vacation à 22h50 (heure française), Roland Jourdain a expliqué : « Nous étions au portant sous grand-voile haute et gennaker dans des circonstances similaires à PRB, sauf que là, tout le mât est parti. Je me levais de la sieste, Jean Luc était de quart. Il y avait 22 nœuds avec des grains. On naviguait tranquille. Le bateau est parti dans un surf et arrivé en bas, il a planté dans la vague et le mât est parti. On était tout les deux à l’intérieur quand la risée est arrivée. Jean Luc est sorti sous la casquette, il a réglé le pilote et choqué un peu d’écoute… et le mât est tombé »
"La coque n’a rien"
« On a réussi à tout dégager rapidement, en une heure on avait réglé l’affaire. Le problème, c’est que la grand-voile recouvrait le bateau. On a du la découper. On a réussi à récupérer la bôme et un outrigger. Le mât a cassé à 4 mètres environ du pied de mât. Tout le reste est parti à l’eau. Les filières et les chandeliers sont arrachés, mais la coque n’a rien. Nous attendons que le jour se lève pour faire un gréement de fortune. Pour l’instant, nous faisons route au moteur vers l’Australie, à 5/6 nœuds de moyenne, avec une autonomie de 60 heures de carburant ».
La série noire
« C’est le troisième démâtage en une semaine, mais il est trop tôt pour savoir ce qui s’est passé. PRB et nous avons un mât identique, mais il n’a pas cassé au même endroit. Delta Dore a un mât différent…il y a des tonnes de raisons différentes qui peuvent expliquer ces démâtages ».
17 décembre, jour maudit pour Bilou
« Physiquement, nous étions fatigués après notre escale aux Kerguelen, mais on reprenait la route avec joie et motivation. On se disait qu’il pouvait se passer plein de choses. Et v’lan, c’est à nous que c’est arrivé. Ce qui est complètement fou c’est qu’il y a trois ans jour pour jour, je cassais ma quille dans le Vendée Globe et dans la même course en 2000, le 16 décembre, mon rail de mât ! C’est vraiment incroyable ! »
(source Barcelona World Race)