En 2006, depuis 24 heures déjà, Kito de Pavant et Pietro D’Ali en avaient fini avec cette traversée océanique. Sur cette 9ème édition, les équipages doivent composer avec les langueurs océanes qui ont sérieusement freiné leur progression. La faute à une météo Atlantique, qui si elle n’a rien d’exceptionnel n’en a pas moins complexifié la partie. Au Nord et aux abords de la route directe, pas de salut qui tienne. Les milles sont là qui s’accumulent. Financo, ex et solide leader progresse en 10è position à 200 milles des premiers. Au Sud, on le sait, ça passe et ça avance. Mais les équipages ont considérablement rallongé leur route. Résultat : même s’ils progressent portés par un bon flux d’alizé, il leur reste encore 400 milles à parcourir.
Quadrature du cercle
Il y a une certaine quadrature du cercle à résoudre à deux bons jours de l’arrivée. Jamais simple. Quatre bateaux n’ont en effet de cesse de se disputer les honneurs de la victoire finale. Qui de Concarneau-Saint Barth, SNEF-Cliptol Sport, Cercle Vert ou encore Solarinox, trouble-fête désigné, l’emportera ? Quel sera le tiercé ? Sur l’eau, c’est toujours le même statu quo. Le tandem caraïbo-breton et le duo de sudistes jouent encore au chat et à la souris en tête. A l’aube du 21ème jour de course, avantage au tandem Pellecuer-Mouren qui a pris la tête et affiche 6 milles d’avance face aux impétueux de Concarneau-Saint Barth. Ces deux-là n’ont certainement pas fini d’inscrire leurs noms au palmarès de cette édition, dont ils comptent parmi les grands animateurs. Quant à la paire des experts de Cercle Vert, elle veille tout près derrière. Savoir les « vieux crabes » du bord à 12 milles derrière à deux jours du dénouement, voilà qui constitue une belle menace pour leurs prédécesseurs au classement.
Quant aux filous de Solar Inox, ils fourbissent toujours leurs armes par-dessous. Leur stratégie ne manque pas de rajouter un peu sel. Ces dernières heures, les deux complices du bord, Ronan Guérin et Luc Poupon, ont en effet passé la vitesse supérieure. Ils ont repris 10 milles. Les voilà 6ème à 60 milles. Tous les rebondissements sont encore permis au regard de ces dernières évolutions et des routages qui les ont volontiers vus faire leur entrée les premiers… de conserve avec les sudistes de SNEF. Bref, rien est joué. Tout reste à faire. Et vogue l’incertitude !
Régate en baie de Gustavia
On prend les mêmes et on recommence, ou presque. A terre, mieux vaut prendre son mal en patience et ne pas chercher midi à 14 heures. La 9ème Transat AG2R ne livrera son verdict et ne désignera son grand vainqueur que dans les tout derniers milles. Paradoxalement, à l’issue d’une traversée qui traîne volontiers en longueur, les arrivées promettent de se succéder en accéléré. Le dénouement se jouera sans nul doute sur le mode de la régate au contact. On ne va pas s’en plaindre. C’est là toute la magie de cette traversée océanique à armes égales qui place les équipages sur un pied marin d’égalité. Et que le meilleur gagne !
Ils ont dit :
SNEF et Cliptol Sport – Jean-Paul Mouren (1er au classement de 5h)
« Ca va plutôt bien, même si on se fait un peu de souci face à la progression de notre ami du sud. Cela risque d’être très serré à l’arrivée. S’il nous prend 20 milles par jour, on risque d’arriver à égalité. Je m’y attendais depuis le départ à ce que cela se termine en Match Race en baie de Gustavia, c’est assez rigolo ! Sinon, on commence un peu à s’impatienter car on sent que la fin du tunnel est proche mais en même temps on savoure les derniers instants de cette belle nature avec plaisir : des instants fugaces et fugitifs. Tant qu’à faire autant bien la finir cette course et offrir un beau cadeau à tous ceux qui nous soutiennent… Oui, il y a dix ans, avec Laurent, nous avions terminé 3ème. Comme quoi, on n’a pas trop mal vieilli, mais il nous reste à décrocher la cerise sur le gâteau »
SOLARINOX – Ronan Guérin (6ème au classement de 5h)
« Rien n’a vraiment changé depuis que nous avons empanné au Cap Vert. Une certaine routine s’est mise en place et nous avons hâte d’arriver et passer devant Pellecuer (SNEF-Cliptol Sport, ndlr) une bonne fois pour toute. Notre objectif est de rattraper les milles perdus à la fin et nous gérons le timing, nous en saurons plus dans deux jours. Les routages du soir nous font arriver premiers avec 2 heures d’avance, ceux du matin nous placent derrière… alors on prend ceux du soir ! A présent, on envisage seulement de faire avancer le bateau le plus vite possible, on ne tire pas de plans sur la comète. Le moral est bon d’autant que nous arrivons bientôt et que nous avons retrouvé la lune pour naviguer la nuit… »
CONCARNEAU SAINT BARTH – Eric Péron (2ème au classement)
« C’est assez sympa en ce moment… Les nuits surtout sont agréables, il y a un peu de lune, ce qui n’était quasiment jamais arrivé depuis Madère. On profite un peu de cette lumière naturelle dans des conditions de demoiselles : short, T-shirt et en route vers Saint Barth !
Pour la suite, on va essayer de jouer un peu tactique. Il y a deux ou trois bascules qui nous attendent alors on reste très vigilant. Surtout que ça commence à sentir l’arrivée serrée… Concernant SNEF et Cercle vert, ça se jouer à celui qui négocie au mieux les variations de vent. Par contre, du côté de SolarInox, on ne peut rien contrôler. On ne lâche rien ! »