En Imoca, on sait trop à quel point Marc Guillemot et Charles Caudrelier-Bénac ont cette saine revanche à prendre sur l’édition passée de l’épreuve et leur deuxième place. A bord de Safran, ils font depuis quelques jours la course idéale mais n’oublient pas qu’ils ont à leurs trousses Kito de Pavant et François Gabart, deux marins qui tenteront tout ce qui est en leur pouvoir pour contrarier les plans des leaders. En Multi 50, le challenge de Franck-Yves Escoffier et Erwan Le Roux visant à arriver avant les monocoques est à portée d’étraves.
Quatre monocoques naviguent désormais en mer des Caraïbes, engageant un dernier acte complexe. Soumis à des grains violents et des vents moyens soutenus, ceux qui ouvrent la marche trouvent actuellement des conditions très éloignées de la carte postale idyllique. La faute à une dépression installée dans le golfe de Panama, générant des vents de secteur Est soufflants 25 à 30 nœuds le long des côtes colombiennes. Pour se déjouer des écueils du phénomène actuellement rencontré, les frères ennemis, Safran et Groupe Bel, vont devoir, en théorie, en faire le tour par le Nord, se rallongeant ainsi la route mais échappant à ses effets pervers.
Mode furtif ?
Les hommes de Safran, comme ceux de Groupe Bel ont encore un joker dans leur jeu par l’entremise du mode furtif et ce midi, les interrogations ne manquaient pas quant à la possibilité d’y avoir recours. A bord de Safran, Charles Caudrelier-Bénac confiait que l’idée avait un temps été à l’ordre du jour mais que décision avait été prise de garder cet atout pour plus tard… pour les derniers milles avant l’arrivée. L’incroyable scénario d’une flotte disparaissant en partie des écrans de contrôle à quelques encablures de l’arrivée est donc bel et bien à envisager, autant dans la bagarre à couteaux tirés que se livrent les deux prétendants au titre en monocoque, que pour Crêpes Whaou ! qui faute de concurrent direct entend bien aller damner le pion aux camarades de l’autre classe.
Ils ont dit…
Charles Caudrelier – Safran – 1 er au classement Imoca de 11h
« Les conditions se sont un peu calmées par rapport à cette nuit. C’est plus calme, mais franchement ce n’était pas les vacances ! C’est très exigeant ce temps là. Moi je barre en short, ca peut paraître agréable mais en fait on est en permanence trempé. Ca sent la fin : on dort peu et on fait de nombreuses manœuvres. Le mode furtif… haha… (rires). Je ne sais pas si c’est très drôle, il faut voir, mais pour vous ce ne serait pas marrant de ne pas savoir qui est en tête ? »
Crêpes Whaou ! – Frank- Yves Escoffier – 1er au classement Multi50 de 11h
« On continue à cravacher, on aimerait arriver avant les monocoques, c’est notre objectif, et ça l’est depuis le début. Maintenant on navigue près des côtes, cette nuit c’était superbe il y avait plein d’étoiles. Depuis le début on a croisé des cargos, on les reconnaît bien par leurs lumières, c’est différent des bateaux de pêches. On a aussi croisé une tonne, un truc entre chien et loup, on l’a vraiment évité de justesse. Il y a eu des nuits où on ne voyait ni l’horizon, ni les vagues, du coup on a dû être sur le pont très souvent pour barrer. On aura vraiment pris du plaisir à ça et on remercie ces foutus Imoca devant parce que ça nous fait un vrai défi. On pense arriver demain matin, dans la molle ».
Loïc Fecquet – Guyader pour Urgence Climatique – 2ème au classement Multi50 de 11h
« On prend beaucoup de plaisir mais par contre il pleut, c’est assez surprenant. C’est une petite pluie dans les grains. Quand c’est un peu dur techniquement comme là, il faut faire bien attention aux vagues. La météo n’est pas très claire depuis 2 ou 3 jours donc on n’est pas encore sûr de l’angle qu’on va choisir pour arriver sur La Barbade. Le mode furtif, on va sans doute l’utiliser, mais ce sera certainement au dernier moment. Si on ne s’en sert pas, ça sera plutôt bon signe parce que ça voudra dire qu’on aura suffisamment d’avance pour ne pas avoir à s’inquiéter de ceux qui sont derrière. On devrait passer la Barbade le 24 et arriver le 28 dans la journée ».
Classement de 17 heures
Monocoques
1 SAFRAN Marc Guillemot – Charles Caudrelier Benac à 435,5 milles de l’arrivée
2 GROUPE BEL Kito De Pavant – François Gabart à 72,3 milles
3 MIKE GOLDING YACHT RACING Mike Golding – Javier Sanso à 283,2
milles
Multicoques
1 CRÊPES WHAOU ! Franck Yves Escoffier – Erwan Leroux à 549,6 milles
2 GUYADER POUR URGENCE CLIMATIQUE Victorien Erussard – Loic Fecquet à 1553,3 milles
3 REGION AQUITAINE-PORT MEDOC Lalou Roucayrol – Amaiur Alfaro à 1743,3 milles