Marc Guillemot fait route sur une île déserte pour réparer

Marc Guillemot - Safran
DR

« Je suis certain de m´arrêter maintenant. Je fais route sur Auckland Islands. J´ai ce qu´il faut comme cartes marines pour y aller sans mettre en danger le bateau et effectuer la réparation ». Joint par téléphone satellite ce matin de Noël, Marc Guillemot est on ne peut plus affirmatif. Après 46 jours de mer, et une semaine après le sauvetage de Yann Eliès, un nouvel épisode « aventure » se présente à lui dans ce Vendée Globe. Marc explique : « Je suis à un peu plus de 500 milles d´Auckland Island, où je devrais donc être samedi. Cela représente un petit détour, mais pas trop important. Si je compte ce léger crochet plus le mouillage et la réparation, cela devrait me prendre environ dix à douze heures au total : c´est moins bien que zéro mais ce n´est pas grand chose à l´échelle du demi-tour du monde qu´il me reste à parcourir. Et mieux vaut les investir maintenant, à l´entrée du Pacifique que perdre chaque jour du terrain avec un bateau qui n´est pas à 100% de son potentiel ».

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Une douzaine d´heures

Le détour devrait représenter environ cinq heures, l´opération de mouillage deux à trois heures et autant pour la réparation du rail elle-même. « J´aborderai probablement l´île par le sud avant de gagner la baie de Port Ross, au nord-est de l´île principale », précise Marc Guillemot. « Tout va bien, même si les conditions sont un peu rudes car j´ai passé la journée au près, avec le bateau sur la tranche qui tape beaucoup. Ce régime tonique va durer encore plusieurs heures aujourd´hui avant que le vent n´adonne ».

Le réveillon aux antipodes a été plutôt musclé, même si dans sa zone de navigation Safran a été relativement épargné par les 40 nœuds de face subis par les leaders et les 60 nœuds qui ont mis les derniers à rude épreuve. « Pour ma part, je n´ai pas eu plus de 35 nœuds en rafales et tout va bien. J´ai même ouvert les quelques petits cadeaux de Noël que l´équipe avait caché dans le bateau. J´ai notamment découvert un bloc de foie gras fort bienvenu et un bonnet-barbe blanche de père Noël du meilleur goût », plaisante le skipper de Safran… pour qui son « plus beau cadeau de Noël, c´est l´appel de Yann (Eliès) depuis sa chambre d´hôpital en Australie. De savoir qu´il était entre de bonnes mains et que son opération s´était bien passée m´a fait vraiment chaud au cœur ».

Un investissement à long terme

Effectuer un mouillage aux abords d´une île déserte pour réparer sans aucune aide extérieure s´annonce pour Marc Guillemot comme un nouveau moment d´aventure dans l´épopée de son Vendée Globe. Mais le compétiteur qu´il est ne perd pas de vue la course, bien au contraire. « C´est un investissement qui sera rentable sur le long terme », assure le skipper de Safran. Pour le moment, Marc réussit à maintenir sa 9e place. Le premier poursuivant de Safran, le Britannique Brian Thompson (Bahrain team Pindar), est encore à plus de 400 milles. Il est permis d´imaginer qu´il deviendra le premier sparring-partner de Marc d´ici la fin du week-end.

Zoom sur Auckland Island

Auckland Island est une île volcanique située par 50°42 de latitude Sud et 166°50 de longitude Est. Territoire néo-zélandais, elle mesure 43 kilomètres de long et 20 kilomètres dans sa partie la plus large. C´est l´un des endroits les plus reculés et les plus sauvages de la planète, où seuls quelques scientifiques et les plus grands photographes animaliers viennent étudier et immortaliser une faune et une flore exceptionnelles et préservées. Sa côte au vent présente de fantastiques falaises de basalte hautes de plus de 300 mètres. Son côté Est, le plus abrité, présente des fjords découpés comme celui de Port Ross, au nord-est, où Marc Guillemot envisage le mouillage de Safran. Le climat y est évidemment rude à toute époque à cette latitude, dans les Cinquantièmes Hurlants. Ce qui explique en partie que l´île principale détienne le record de la plus courte tentative d´implantation humaine : deux ans et neuf mois par une petite colonie britannique. Marc Guillemot passera; 170 ans après lui, dans le sillage du grand marin français, Jules Dumont D´Urville qui explora ces îles en 1839.

(source Safran)