Certes le skipper américain est seul dans le Grand Sud, mais il souligne qu’il partage cette expérience avec son monocoque Le Pingouin et avec la nature. « D’abord, Le Pingouin et moi-même aurons à discuter ensemble car mon bateau a beaucoup de choses à dire sur le fait d’atteindre l’âge moyen. Il a déjà participé deux fois à cette course et deux fois au Vendée Globe. C’est donc son 5e tour du monde alors que je participe à mon troisième. C’est d’ailleurs assez incroyable de penser qu’il avait déjà parcouru 150 000 milles avant que nous débutions ensemble cette aventure. A la suite de ma discussion avec Le Pingouin, je m’adresserai à tous les animaux qui m’accompagnent sur cette route. Ici, les oiseaux sont incroyables. Ils ont l’air si fragiles quand ils tournent en cercle autour de Le Pingouin. A observer ces oiseaux, je remarque qu’il y en a de toute tailles et de toutes formes. C’est aussi différent que l’ensemble des avions qu’ait pu imaginer l’homme. Les albatros par exemple, ils me font penser à des B52 avec leurs immenses ailes et leurs torses robustes. »
« Enfin, après cette transition quelque spéciale vers 2011, je m’adresserai à toutes ces choses que j’espère ne pas rencontrer dans l’année. Cela comprend les baleines et les icebergs. Mon premier message à ce monde océanique alors que nous entrons en 2011 est un mot d’excuse. Je suis un observateur privilégié de l’impact des humains sur cet environnement. Peut-être suis-je un ambassadeur un peu esseulé mais, au moment où j’écris, je navigue dans une eau à 9°C alors qu’elle devrait être bien plus froide. Je navigue un peu plus nord qu’auparavant en raison de la zone de convergence des glaces qui se situe à des centaines de milles bien plus nord que lorsque j’avais navigué dans le Grand Sud en 1998. Il y a beaucoup moins d’oiseaux qu’à cette époque. Quant aux baleines… vous connaissez l’histoire. Mon message sera donc un message d’excuse. »
« Je ne prétends pas savoir comment nous influençons l’écosystème et je ne veux pas être embrigadé par des politiciens de tous bords. Les baleines ont été tuées pour la nourriture ou des ressources dont nous n’avons plus besoin. Les populations d’oiseaux ont été exterminées à cause de notre pêche intensive et en raison des déchets que nous rejetons et qu’ils absorbent ensuite. Cette planète est recouverte à 70% d’eau. L’équilibre du monde aquatique fait la vie. Alors on peut facilement imaginer ce qui va se produire si cet équilibre vacille. L’eau peut détruire la vie encore plus vite qu’elle ne l’a créée. Ceci est donc mon message pour la nouvelle année; Il est un peu sombre mais je veux le partager avec mes amis des mers du Sud ».