« Les voiles ont très bien vieilli. Je n’ai noté aucune usure anormale, connu aucune déchirure liée à la structure ou à la fabrication des voiles. C’est très positif quand on voit le rythme qu’on a mené et à quel point on a pu tirer dessus… » Des propos qui trouvent écho chez Maxime Paul, dessinateur en charge du projet Macif à la voilerie : « Les premiers retours techniques sont extrêmement positifs. Les skippers nous ont fait part de leur très grande satisfaction, bien qu’il y ait toujours des petites choses à améliorer pour la suite. »
Yann Regniau, dessinateur à Vannes depuis 2000, qui a dessiné les voiles du bateau Banque Populaire, se dit lui « impressionné. Visuellement, elles sont impeccables, comme neuves ! La grand-voile n’a pas bougé. Sa forme est presque parfaite. » A tel point qu’il verrait bien Jérémie Beyou, le nouveau propriétaire du bateau, prendre le départ de la Transat Jacques Vabre avec à bord une bonne partie de ce jeu de voiles…
Alessandro Di Benedetto, 11ème et ultime concurrent du Vendée Globe 2012-2013 à rejoindre les Sables d’Olonne, s’est lui élancé avec des voiles certes neuves mais d’ancienne génération, conçues majoritairement en 3DL. Question de budget, principalement. D’objectif aussi : « Nous avons fait le pari de voiles plus lourdes certes, car nous cherchions avant tout la fiabilité », indique le skipper transalpin. Il a malgré tout connu quelques soucis avec ses voiles surtout sur la dernière partie de course. « Mon projet s’est construit sur le tard et rapidement. On a donc manqué de temps avant le départ pour optimiser les voiles et les réglages, concède Alessandro Di Benedetto. J’ai fait tous mes entraînements et la qualification avec l’ancien jeu de voiles. Cela explique sans doute en partie les problèmes que j’ai rencontrés sur la fin de course. »
Le 3Di® est donc devenu aujourd’hui LA référence pour les bolides de la course au large. C’est d’ailleurs cette technologie qui a « séduit » Armel Le Cléac’h et son équipe, à l’heure des choix de garde-robe pour Banque Populaire. « Durant la Volvo Ocean Race, on a bien vu à quel point ces voiles étaient performantes, en termes d’usure et de tenue notamment, explique le skipper morlaisien. Avec des projets tels que le mien ou celui de François (Gabart), on ne peut pas se permettre de perdre la course à cause d’un problème de structure de voile. »
Les atouts du 3Di
Stéphane Fauve, dessinateur chez North Sails France, décrypte pour nous les principaux atouts de cette technologie. « Le 3Di® est constitué de bandelettes de microfilaments unidirectionnels, qui sont superposées les unes aux autres, dans toutes les directions. Dans les directions principales des efforts donc, mais aussi dans les directions secondaires, dont celles horizontales. Ce type de voile offre donc un “module” – sorte de raideur – largement supérieur aux autres. Cela a pour effet de préserver la forme de la voile et d’augmenter ainsi sa durée de vie. Et moins de déformation signifie aussi plus de puissance ! Il y a en effet moins de déperdition d’énergie dans la déformation de structure, surtout lorsque la voile travaille en dynamique, avec des conditions de vent changeantes. Avec le 3Di®, si des déchirures peuvent apparaître, elles resteront la plupart du temps minimes et facilement réparables, grâce à la superposition des bandelettes dans toutes les directions. Contrairement au carbone (utilisé par exemple pour les voiles des AC 72 de la Coupe de l’America, ndr.), qui se déforme peu et qui est très “tenace”, la fibre de Dyneema peut être étirée jusqu’à 3% de sa longueur initiale. Elle est plus “tolérante” et ne casse pas si on la plie. Aucun film n’est nécessaire pour former ce laminé (des films de Mylar recouvrent par exemple les voiles 3DL, ndr.). Cela a pour effet de supprimer le point faible que peut représenter le film et empêche les problèmes de délamination. »