« Je vous déconseille un voyage en amoureux dans les alizés, ce serait un motif de rupture ! » écrivait Martin Le Pape cette nuit. L’ambiance à bord des 9 équipages de la route sud n’a rien d’une promenade de santé. Les marins sont en cirés, surfent sur de gros talus presque aussi grands que des immeubles, dorment peu, voire pas du tout, à l’image de Gérald Véniard sur Scutum : « C’est un champ de mines ici, on ne voit rien du tout car il n’y pas de lune, nous nous relayons toutes les heures, car au bout d’un moment on ne voit plus rien, je suis un peu naze ». Sous petit spi, les Figaro Bénéteau 2 progressent à vive allure vers l’arc antillais. Dans les surfs, les équipages se sont offerts des pointes à 20 nœuds, de quoi affoler les compteurs. Generali en tête du classement provisoire de 5h ce matin poursuit sa trajectoire proche de la route directe. L’équipage reste hyper confiant : « Cela va rester comme ça pendant deux jours, après il y aura des coups à jouer » avouait Eric Péron. Safran-Guy Cotten et Skipper Macif en pointe de la flotte sudiste affichent tous deux une trajectoire parfaite depuis plusieurs jours.
« Nous n’avons pas arrêté de faire des petits empannages, c’est ce qu’on appelle un « pif-paf. Nous empannons, ré-empannons pour éviter les grains » expliquait Jean Le Cam sur Interface Concept ce matin. Les quatre mousquetaires du Nord continuent de ronger leur frein dans des conditions météo très instables. Ils voient leurs camarades du Sud prendre la poudre d’escampette. Made in Midi, le premier du groupe, n’a avalé que 152 milles en 24 heures, contre 254 pour Generali. L’écart va continuer de se creuser car les alizés toniques ne sont pas encore pour aujourd’hui pour les gars du nord.
Ils ont dit
Eric Péron, Generali : « Depuis hier midi, c’est tonique. Nous avons entre 22 nœuds et 30 nœuds de vent qui permettent de surfer assez fort. Il n’y a pas de lune, ça n’a pas été facile car nous ne voyions rien du tout. Nous avons dû faire des pointes à 18-19 nœuds toute à l’heure. Nous sommes premiers, c’est cool. Nous avons dépassé les gens du Nord. »
Gérald Véniard, Scutum : « C’était une nuit difficile. Nous avons 25 nœuds de vent. Il y a de gros nuages mais ce ne sont pas des grains. La mer, comme on ne voit rien, c’est un champ de mines. Aux dernières nouvelles, nous avons un empannage à faire pour deux heures seulement. Plus on avance, plus le vent va être à droite, ce qui sera favorable. »
Jean Le Cam, Interface Concept : « Nous sommes au portant avec un peu d’air. Nous ne sommes pas loin de Made in Midi, nous le surveillons. Nous sommes descendus un peu plus Sud que lui. C’est pas mal. Nous sommes plutôt contents de marcher vers le Sud. »
Roland Jourdain, La Cornouaille : « C’est sportif. La mer est copieuse et le vent est tonique. Nous nous attendions à un meilleur confort dans ces alizés. Nous sommes très déçus de la formule « All inclusive » que nous avons prise. Il faut se méfier de ce qui se cache derrière le mot alizé. Avec notre petit spi, il faut faire attention d’autant que la mer est grosse. Ça roule, ça roule, et puis tu peux te retrouver avec deux trois talus, il faut rester concentré. Nous sommes un peu agacés que Generali soit passé si rapidement devant nous. Nous pensions qu’ils allaient être bloqués par la dorsale, mais non. Et en plus ils savent très bien faire marcher leur bateau. Là il n’y a pas mille options, c’est surtout une course de vitesse. »
CLASSEMENT DE 5H
1 Generali Nicolas Lunven – Eric Peron à 1551,38 milles de l’arrivée
2 Safran – Guy Cotten Gwenolé Gahinet – Paul Meilhat à 8,68 milles
3 Skipper Macif Fabien Delahaye – Yoann Richomme à 14,22 milles
4 Scutum Gérald Veniard – Jeanne Grégoire à 22,84 milles
5 La Cornouaille Roland Jourdain – Martin Le Pape à 33,02 milles