MAJ 17:50 : Le Conservateur semble mieux positionné que V&B et a légèrement accru son avance qui se monte à 11 milles. Sur les 4 dernières heures, les deux Class40 vont sensiblement à la même vitesse 9,8 noeuds.
Une journée qualifiée par Yannick Bestaven d'”Hitchcockienne” sur les côtes brésiliennes, le vent revient, et Yannick et Pierre restent concentrés pour garder la première place. Yannick est serein : “On est rassuré car le vent va aller forcissant, à une allure très favorable au bateau. On espère que c’était là le dernier “passage à niveau”.
Un sentiment qui n’était pas le même hier pour Pierre Brasseur ne paraissait pas à l’aise : « C’est compliqué, on ne sait pas trop ce qui se passer au niveau du vent ces prochaines heures, alors on met du charbon ! On a eu un vent plus fort que prévu qui devrait mollir mais pour l’instant, c’est difficile de dire si on a une meilleure position que VandB. On est un peu stressé, il revient toujours sur nous, même si on fait le maximum ! On a un ris dans la grand-voile et petit spi. Ça commence à mollir… C’est ciel gris et crachin, c’est ambiance automnale près de chez nous. On est au taquet, il reste 100 milles… On est vigilant. On pense arriver en fin de soirée ce jeudi. »
Du côté de l’équateur que dans le golfe de Rio. Et c’est la victoire qui se joue dans ces heures à venir avec un duel inimaginable il y a seulement une semaine ! Car dans le Pot au Noir équatorial, le duo Yannick Bestaven et Pierre Brasseur cumulait tout de même 300 milles d’avance sur Maxime Sorel et Sam Manuard, ainsi que sur Louis Duc et Christophe Lebas… Englué dans les eaux peu mouvantes de cette zone de convergence des alizés du Nord-Est et du Sud-Est, et surtout dans cet air plus ascensionnel qu’horizontal, Le Conservateur a vu son pécule se dilapider en trois jours…
Coup de chaud au cap Frio
Depuis, Carac-Advanced Energies a décroché faute à un potentiel moindre dans les allures débridées et le plan Verdier a été sérieusement mis en question par le dessin Manuard, d’abord au près puis au vent de travers jusqu’à Recife. La longue descente dans les alizés d’Est puis Nord-Est a de nouveau séparé les duellistes, le duo Bestaven-Brasseur choisissant de se rapprocher des côtes brésiliennes pour aborder le Cabo Frio. Mais la traversée d’un front orageux, une sorte de nouveau Pot au Noir avec grains de pluie et bascule brutale du vent du Nord au Sud, a remis VandB en situation d’attaquant incisif : seulement dix milles d’écart pour une position plus Sud favorable lors du passage au milieu des plateformes de forage, au large de Rio de Janeiro.
Or la traversée du golfe de Rio s’annonce plutôt rapide puisque le vent d’Est va passer au Nord-Est en se renforçant à plus de vingt nœuds la nuit prochaine. Une nuit qui pourrait bien redistribuer les cartes puisque le delta entre les deux Class40 n’est qu’à peine de dix milles et que VandB est très légèrement plus véloce sous spinnaker avec cette brise modérée. Qu’en sera-t-il lorsque le vent va prendre des tours avant la tombée du jour ? Le Conservateur tente en tout cas de maintenir son contrôle au vent, mais son concurrent est désormais en pointe ! Le chassé va-t-il devenir le chasseur la nuit prochaine ? Surtout qu’avec ce faible écart, les deux équipages peuvent visualiser sur leur écran AIS, tous les changements de cap et les accélérations de leur adversaire… Aller vite et aller au bon endroit tout en gardant au chaud l’autre duo : le problématique nocturne s’annonce épuisante pour les deux tandems attendus dans la nuit de mercredi à jeudi à Itajaí !
Le train sifflera six fois…
Derrière, le petit train s’égrène du Cabo Frio à l’équateur, tel les cailloux du Petit Poucet le long des alizés… Carac-Advanced Energies est déjà en approche du virage après avoir traversé la nuit dernière, le front orageux qui sévit quasiment perpétuellement au large de cette pointe Sud-Est du Brésil. Puis Solidaires en peloton ARSEP va commencer à discerner à l’horizon l’accumulation nuageuse, prémices aux orages quand TeamWork40 a encore une bonne journée de glisse sous spinnaker dans les alizés avant de s’interroger sur la meilleure parabole pour entrer dans le golfe de Rio.
Et au large de Salvador de Bahia, les Brésiliens de Zetra mettent de plus en plus de charbon dans la chaudière : de 40 milles au passage de Fernando de Noronha, leur avance sur le trio suivant atteint désormais le double. Et l’équipage féminin de Concise 2 grappille les milles un par un sur Groupe Sétin et SNBSM Espoir Compétition qui naviguent à vue. Pour Alan Roura et Juliette Pêtrès, l’équateur est à portée de lance-pierres : Club 103 devrait changer d’hémisphère au coucher du soleil français. Quant à Creno Moustache Solidaire, le Pot au Noir est dans le tableau arrière : l’équipage s’est finalement rapidement extrait de cette zone aléatoire et touche désormais des alizés plus consistants.