Les concurrents mis à rude épreuve

Gildas Morvan - Cercle Vert
DR

Du près, une mer formée, des virements de bord qui s’enchaînent et qui obligent les marins à charrier des quantités de matériel à l’intérieur du bateau… Le tableau idyllique du premier matin de course a laissé place à une plongée dans un quotidien, somme toute assez courant, pour un figariste navigant dans le Golfe de Gascogne, mais toujours aussi inconfortable quand la vie à terre est encore si proche. Toujours dans un régime d’Ouest, les solitaires de la Transat BPE 2009 voient progressivement le vent monter en force et si pour l’heure les vitesses rencontrées oscillent entre 18 et 30 nœuds par moment, elles devraient s’intensifier dans la journée. L’état de la mer quant à lui ne devrait pas épargner les marins  aux abords du Cap Finisterre et chacun se prépare à vivre quelques longues heures dans un « shaker », ballotté par le vent et la mer…

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Côté course, Gildas Morvan reste installé dans son rôle de leader et creuse l’écart sur ses poursuivants en maintenant sa position médiane par rapport au reste de la flotte. Derrière, le groupe des quatre mousquetaires composé de Thierry Chabagny (Suzuki Automobiles), Franck Le Gal (Lenze), Isabelle Joschke (Synergie) et Adrien Hardy (Agir Recouvrement) poursuit sa chevauchée à l’Ouest et trouve ce matin les faveurs du classement même si les précautions s’imposent. Ces derniers sont en effet les plus proches des Antilles en distance au but. Les partisans de l’Est parmi lesquels figurent Nicolas Troussel (Financo), Eric Drouglazet (Luisina), Erwan Tabarly (Athema) ou encore François Gabart (Espoir Région Bretagne) ne manquent pas non plus d’arguments et continuent à gagner du terrain vers la pointe espagnole. Il faudra toutefois attendre la fin de cette journée et l’évolution annoncée du vent au Sud-Ouest pour savoir si cette tendance se confirme pour le groupe des quatre ou si la deuxième voie, largement plébiscitée par la flotte, s’impose dans ce premier match…
 
Ils ont dit…
 
Thierry Chabagny – Suzuki Automobiles – 2ème au classement de 5h
 
« Je dors régulièrement mais c’est un peu bruyant, j’ai du mal ! On est au près dans une mer formée avec du vent entre 18 et 30 nœuds. Du coup la vie à bord au quotidien n’est pas très drôle car la moindre manœuvre est une vraie bagarre. On dépense beaucoup d’énergie, même quand c’est pour se faire à manger. On fait des bords depuis hier et j’ai l’impression que c’est parti pour durer… je ne vois pas trop le bout du tunnel là. Pour moi cette situation va durer au moins 2 ou 3 jours encore.
Ce n’est pas les conditions extrêmes qu’on a connues lors de la Solitaire 2007 dans le Golfe de Gascogne mais de les avoir vécues c’est tout de même un avantage car on sait comment les appréhender. C’est un peu pénible ces montagnes d’eau qui s’abattent sur le bateau, faut s’attacher tout le temps, c’est un peu la punition. Mais là encore il n’y a que 25 nœuds ! »
 
Franck Le Gal – Lenze – 3è au classement de 5h
 
« Ca a été la nuit de l’enfer pour moi !
J’ai perdu mon aérien en tête de mât, donc je n’ai plus d’angle… Ce n’est pas très pratique. Dans le ¼ d’heure suivant la drisse de génois a pété, le tout dans 25 nœuds…. J’ai donc pris l’autre drisse et dans l’heure elle a cassé. Ensuite j’ai voulu aller chercher mon aérien à l’intérieur du bateau, vu comme ça secoue j’ai été malade… Bref, me voilà sans pilote et sans drisse de voile d’avant et j’ai perdu beaucoup de terrain. Je pense avoir perdu au moins 10 milles dans cette histoire…. J’ai appelé Jean (Maurel) pour lui expliquer les raisons de ma vitesse faible. Là j’ai 22 /25 nœuds, mais ce qui est perturbant aussi c’est les cargos, il y en a partout, il faut les gérer. Enfin… Quelle belle nuit ! C’est la fête hein… ? Vous devez être bien vous à Paris avec le café et les croissants…. ! Là pour tout vous dire ça faisait une heure que je dormais sans réveil. J’ai besoin de récupérer car en mode compas avec les vagues, le bateau part à gauche à droite, c’est galère, ca m’a mis dans le rouge… Maintenant on attend une grosse mer avec du vent, ca va être sportif ! Là à moins que le mât me tombe dessus je ne vois pas comment la journée peut être pire que la nuit… ! »