L’écart se creuse

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La flotte des Multis  ORMA et des Monos IMOCA  a pris un solide « coup de pied au derrière » au passage du Cap Finisterre ce midi, comme le racontait Romain Attanasio, routeur de Brossard.  Pointes à 28 nœuds pour le leader Safran qui poursuit sa route Ouest et surfs réguliers à 25 nœuds pour Groupe Bel. Les poursuivants de Safran sont allés chercher de l’Ouest, là où se trouve la pression. Sauf Cheminées Poujoulat  qui poursuit seul le long des côtes portugaises.  Gitana Eighty, Bel, Ecover et VM Matériaux ont entrepris cet après-midi un bord à 80 % de la route pour aller cher cette fameuse pression. Ces bateaux  d’ailleurs se suivaient une peu comme éléphants de Babar dans ce bord. Foncia, tranquille comme Baptiste,  est au plus près de l’ortho. Côté multis, l’option extrême de Gitana, (Nord en sortie de Manche puis Ouest par la suite sur l’Atlantique), donne de beaux fruits. Hier Gitana 11 était en tête à 20 heures. Cet après-midi le voilà à nouveau en tête et flashé à 30 noeuds. Autant dire que les craintes de Pascal Bidégorry ce midi étaient justifiées . « Demain c’est fini et il faut engranger entre ce soir et demain en journée le plus d’avance »,  disait Romain Attanasio.
Les alizés portugais se sont retournés contre leur employeur et c’est un vent dans le nez que va rencontrer la flotte.   
En multi 50 pieds, le trio de tête composé de Crêpes Whaou !, Laiteries de Saint-Malo et de Croisières Anne Caseneuve, est  inchangé.
Enfin du côté des 40 pieds, la flotte  était toujours menée par Telecom Italia qui tient d’une main sûre la course depuis le départ et qui devait passer le Cap Finisterre vers minuit, suivi d’une meute des 29 poursuivants.

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Imoca, des pointes à 28 noeuds
 
Safran est toujours le chef de file des Imoca, mais derrière, ça pousse, et les coups de butoirs les plus insistants viennent de Foncia et de Gitana Eighty. Ce trio de bateaux neufs ne parvient toutefois pas à décrocher de manière significative les quatre 60 pieds lancés à leur chasse : Groupe Bel, Ecover, VM Matériaux et Cheminées Poujoulat.
 C’est un bon test grandeur nature avant le Vendée Globe pour les nouveaux 60 pieds. Shootés à plus de 20 nœuds en vitesse instantanée, dans 35 à 40 nœuds de vent, les monocoques peuvent surfer dans une mer pourtant qualifiée de « dégueulasse » par les quelques marins joints à la vacation de milieu de journée. Charles Caudrelier (Safran) était de ceux-là : «On a battu le record du bateau ce matin, 28 nœuds ! Je n’étais jamais allé aussi vite en monocoque. On fait quand même gaffe au matériel, même si ça pousse derrière. Nous sommes convaincus d’avoir fait le bon choix avec notre bord ouest». Sur le bord opposé, Gitana Eighty et Foncia affichent au compteur des vitesses tout aussi impressionnantes. Dans quelques heures, la plupart d’entre eux auront franchi ce passage difficile du cap Finisterre, en particulier au niveau du banc de la Galice où les hauts fonds (on passe de 5000 mètres de fond à 500 m) rendent la mer cassante, à fortiori quand le vent souffle à 40 noeuds.

Orma, Gitana 11

Pascal Bidégorry est venu dire deux mots à la vacation de ce midi. A l’écouter ce n’était pas la moment de sortir de son terrier : « Franchement là, c’est énorme. C’est court et violent. La croix et la bannière. On est tous les deux à l’abri pour le moment… »

Interrogé sur la route très ouest de Gitana 11, revenu dans le match, Bidégorry  a dit de Lemonchois, qu’il connaît bien et qu’il admire, toute sa crainte :  « Il me fait peur avec sa route. En fait, il me fait toujours peur. »  

Les deux trimarans ( Groupama-Banque Populaire), un peu à l’Ouest de l’ortho, mais sur deux routes différentes, étaient séparés de 5 milles au pointage ce midi. Groupama n’a pas varié et est toujours dans un bord rapproché le long de la route.  Banque Populaire, lui, est légèrement plus décalé dans l’Ouest. Quand à Gitana 11, suivi assez loin par Brossard, ces deux-là ont privilégié l’option Ouest à la sortie de la Bretagne. Option qui a permis hier soir à Gitana 11, grâce au renforcement des vents de Nord-Ouest enfin au rendez-vous, de passer ainsi momentanément en tête au classement à 20 heures, hier. La flotte des trois premiers devrait passer Gibraltar demain dans la nuit, ou jeudi aux premières heures. A 15 H 20, Groupama avait retrouvé des conditions plus maniables et progressait sous solent. Brossard, non localisé, avait repris de la pression hier et, sur cette route Ouest, comme celle Gitana 11, s’escrimait à refaire son retard. Les deux à bord sont de sacrés clients. Quant à Sopra, après une remarquable navigation en Manche, une descente assez propre de l’Atlantique, on sent toutefois un certain poids des ans.

50 pieds, tous derrière et lui devant

Depuis la nuit dernière, ils sont tous en Atlantique et touchent enfin de l’air après une première partie de course en Manche qui aura usé les nerfs.
Les classements reflètent désormais la réalité de cette flotte hétéroclite et sympathique. Tous derrière et lui devant. Laiterie de Saint Malo est revenu à sa place de dauphin de Crêpes Whaou après avoir joué l’échappée belle le long des côtes anglaises. De son côté, Victorinox, un temps dans le trio de tête, est rentré dans le rang en occupant la sixième place au classement ‘content d’avoir, sans illusion, vécu cette aventure ». C’est en soirée que les premiers approcheront du cap Finisterre où les attendent 40 nœuds de vent et une mer mal pâvée.  Hervé de Carlan et sa fille Nolwenn se présenteront à la pointe espagnole beaucoup plus tard, en effet, 206 milles séparent DZ energie.com de Crêpes Whaou !

Classe 40 : le Cap Finisterre cette nuit
 
" Nous avons enfin du vent et du bon ! La fin de la pétole fait vraiment du bien et on a l’impression que ça commence pour de vrai ", se satisfaisait Tanguy de Lamotte, skipper de "Novedia – Set Environnement", ce matin. " On a actuellement 18-20 nœuds de vent, il fait beau : pratiquement des conditions d’été, c’est hallucinant ! Une chose est sûre, c’est plus agréable pour chacun d’entre nous de descendre le Golfe de Gascogne comme ça plutôt qu’avec 40 nœuds dans le nez ", commentait de son côté Damien Grimont à bord de "Chocolats Monbana" qui a, comme la majorité de la flotte des 40 pieds, choisi de s’écarter dans l’ouest pour traverser le Golfe. " Le risque de dévent est important à l’approche de la péninsule ibérique ", a précisé le Morbihannais. Côté classement, non localisé au pointage de 16 heures, "Télécom Italia" de Giovanni Soldini et Pietro d’Ali, reste néanmoins solidement accroché à la première place depuis Ouessant, premier passage à niveau de cette 8e Transat Jacques Vabre. Le prochain pourrait avoir lieu entre le Cap Finisterre – que les premiers devraient atteindre en milieu de nuit – et le Cap Saint Vincent. La descente jusqu’à la pointe du Portugal devrait, en effet, être particulièrement tactique. En attendant, la course de vitesse et le jeu des empannages va se poursuivre jusqu’à demain, toujours dans un vent de secteur est à nord-est qui, selon les prévisions, atteindrait  30 noeuds dans les rafales et une mer de plus en plus difficile.