Onze jours de course et plus que 1 600 milles à parcourir, ou encore de longues journées de lutte pour les Imoca… c’est selon. Quoi qu’il en soit, pour les partisans du verre plein ou du verre vide, la course est loin d’avoir livrée son verdict et aujourd’hui plus que jamais, chaque détail aura son importance, chaque mot émanant du large pourra trouver une interprétation définitive pour qui l’entendra. Mais à l’heure où la nuit a pris ses quartiers sur une flotte qui pointe ses étraves vers les Antilles, chacun se réjouit du spectacle d’un ciel étoilé, sans un nuage, bercé par une mer plate et un semblant d’Alizé dont chacun se contente de bon gré.
Mais qu’on ne s’y trompe pas, aucun d’entre eux n’a pour autant posé son mouchoir sur la compétition qui bât son plein sur l’Atlantique. Ainsi, si Charles Caudrelier Bénac, heureux co-skipper du bateau de tête chez les Imoca, prenait la peine de relever le spectacle, c’est surtout qu’il accompagnait en ce jeudi le constat d’une échappée nocturne fructueuse et se soldant par désormais près de 80 milles d’avance sur le duo Kito de Pavant – François Gabart et environ 160 milles sur Mike Golding et l’espagnol Javier Sanso. Heureux ces riches qui s’enrichissent au contact d’une météo favorable. Mais cette situation n’est qu’un instantané du petit jour et ne vient pas pour autant mettre un terme au duel fratricide. En navigateurs d’expérience, le pilote de Safran et le meilleur ami de la Vache savent mieux que quiconque à quel point le chemin vers le Costa Rica est encore semé d’embûches.
Chez les Multi50 aussi on apprécie le spectacle et la palme de la description enchanteresse revient à celui qui truste le haut du pavé depuis l’entrée en scène havraise. Pour Franck-Yves Escoffier, la récompense des rigueurs dépressionnaires endurées la semaine dernière se gagne aujourd’hui dans le spectacle de ces nuits rêvées. Mais n’allons pas imaginer que pour les autres protagonistes de cette pièce atypique, à l’impossibilité matérielle de rivaliser avec le chef de file s’ajoute la privation de tout plaisir visuel et sensoriel. A bord d’un Guyader pour Urgence Climatique aussi on profite du moment et on s’accorde une projection à long terme en rêvant d’une monture à la hauteur de ses ambitions.
Classement de 8 heures
Monocoques
1 SAFRAN Marc Guillemot – Charles Caudrelier Benac à 1658,6 milles
2 GROUPE BEL Kito De Pavant – François Gabart à 80,3 milles
3 MIKE GOLDING YACHT RACING Mike Golding – Javier Sanso à 168,7 milles
Multicoques
1 CRÊPES WHAOU !Franck Yves Escoffier – Erwan Leroux à 1924,4 milles
2 GUYADER POUR URGENCE CLIMATIQUE Victorien Erussard – Loic Fecquet à 1057,1 milles
3 REGION AQUITAINE-PORT MEDOC Lalou Roucayrol – Amaiur Alfaro à 1146,8 milles