L’écart se creuse

Veolia Jourdain
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Coup dur pour Roland Jourdain (Veolia Environnement) qui ne cachait pas son moral en baisse à la vacation de dimanche midi. Le deuxième du classement ne peut rien faire pour empêcher Michel Desjoyeaux (Foncia) de creuser une avance de plus en plus confortable. Pendant que Desjoyeaux surfe à vive allure dans les alizés, Jourdain bataille dans une zone de grains et de pétole. En quatre jours, l’avance de Mich’ Desj’ a plus que doublé, passant de 230 à 484 milles. Fataliste, Jourdain garde néanmoins l’espoir. " la chasse au Desjoyeaux reste ouverte jusqu’à début février " ironise-t-il. Façon de dire que la course n’est pas encore finie. Le passage de l’équateur demain, et l’entrée à suivre dans le pot-au-noir peuvent justement inverser la tendance et permettre à Roland Jourdain de réduire son retard. La zone frontalière entre les deux hémisphères est actuellement occupée par un pot-au-noir actif et épais. De son côté, Michel Desjoyeaux se dit ni inquiet ni trop confiant. La météo ne lui paraît pas trop défavorable. Et il verrait d’un très mauvais œil qu’une avarie puisse inverser le cours de ce sixième Vendée Globe qu’il mène depuis 33 jours.

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Derrière, les écarts se creusent également, à commencer par Armel Le Cléac’h (Brit Air), troisième et relégué à plus de 1000 milles du leader, contre 700 deux jours plus tôt. Idem pour Sam Davies (Roxy) et Marc Guillemot (Safran), aux prises avec des dépressions orageuses au large de l’Uruguay. Après le trio Brian Thompson (Bahrain Team Pindar), Arnaud Boissières (Akena Vérandas), Dee Caffari (Aviva), qui se tient en moins de 100 milles, le prochain concurrent à revenir dans l’Atlantique sera Steve White (Toe in the Water), la nuit prochaine. Le Britannique, bizuth des mers du sud, mérite ses galons de cap-hornier tant il bataille depuis des semaines pour maintenir son vieux bateau en état. Dernière opération en date, l’affalée de la grand-voile aujourd’hui pendant plusieurs heures pour changer un chariot défaillant.

Les trois derniers solitaires ont encore du mille à courir avant de contourner le continent sud-américain. Rich Wilson (Great American III), le doyen de la course, a vécu 48 heures horribles. Une " punition " avec port du casque obligatoire à l’intérieur pour ne pas se blesser. Au contraire, les conditions sont presque trop clémentes pour les deux derniers qui progressent doucement en bordure d’un anticyclone inhabituel dans les Quarantièmes Sud. Ce soir, ils concèdent près de 7000 milles de retard sur le leader, soit l’équivalent de la distance entre le Cap Horn et l’arrivée…

Voix du large…

Michel Desjoyeaux, Foncia, à la vacation du jour : « Là, je suis plus rapide que Bilou (Jourdain), donc l’écart va encore se creuser un petit peu, puis je vais ralentir en arrivant dans le pot-au-noir. On n’a pas une situation très académique et il sera peut-être un peu meilleur pour Bilou. De ce que j’en comprends, il est très bordélique et pas vraiment de saison. Derrière, il y a les Alizés qui nous attendent et ça risque d’être musclé. On prévoit une arrivée pour le 1er février, on va voir comment ça va se passer. Il y a des choses qu’on ne m’enlèvera pas : notamment, tout ce que j’ai fait jusqu’à présent, mais ce serait bien d’aller jusqu’au bout de la démarche. Après, la vie est faite d’impondérables… »

Roland Jourdain, Veolia Environnement, à la vacation du jour : « C’est dur. Je pensais que je rentrais dans le bon wagon, puis Mich’ est parti et moi je suis resté. Un mauvais dimanche… Enfin, je n’ai pas à me plaindre, on est dans un beau pays. Tant qu’il y a de la vie, il y a de l’espoir et j’ai jusqu’à l’arrivée pour aller le plus vite possible. Ce qui sous-entend, aller plus vite que l’autre, mais ça va être dur. Pourtant, le Pot-au noir va être plus éprouvant pour lui que pour moi. La chasse au Desjoyeaux est ouverte jusqu’à février, après on ferme, mais on la fera jusqu’au bout. »

Arnaud Boissières (Akena Verandas) à la vacation du jour : « Là, ça va, le temps est beaucoup plus clément qu’il y a quelques jours. Le fait d’avoir Brian (Thomson) devant et Dee (Caffari) derrière, ça met du piment, même pour eux. Je pense que c’est bien, on a une dynamique à nous. On s’est beaucoup écrit pendant le coup de vent. Brian (Thomson) a été très sympa, il nous a donné les conditions qu’il avait, car il était devant nous…. Sinon, j’ai croisé des pêcheurs hier soir, là où je ne m’y attendais pas, c’était génial. Le ciel est maintenant assez chargé, c’est gris et il pleut un petit peu. Mais j’ai changé mes bottes de légionnaire contre des bottes de danseuse, c’est quand même plus agréable ! »

Classement de 16h00 :
1- Michel Desjoyeaux (Foncia) à 3526 milles de l’arrivée
2- Roland Jourdain (Veolia Environnement) à 484 milles du premier
3- Armel Le Cléac’h (Brit Air) à 1065 milles
4- Sam Davies (Roxy) à 1852 milles
5- Marc Guillemot (Safran) à 2149 milles
6- Brian Thompson (Bahrain Team Pindar) à 2832 milles
7- Arnaud Boissières (Akena Vérandas) à 2889 milles
8- Dee Caffari (Aviva) à 2926 milles
9- Steve White (Toe in the Water) à 3849 milles
10- Rich Wilson (Great American III) à 5225 milles
11- Norbert Sedlacek (Nauticsport-Kapsch) à 6931 milles
12- Raphaël Dinelli (Fondation Océan Vital) à 6936 milles
RDG Vincent Riou (PRB), 3e.
(30 concurrents au départ. RDG = réparation accordée par le jury)