Grands écarts avant le Pot au noir

Michel Desjoyeaux
DR

Ils vont bientôt cesser de naviguer la tête en bas, pouvoir regarder les siphons de leur évier se vider dans le sens inverse des aiguilles d’une montre, voir le soleil de midi dans leur sud. Toute une série de détails qu’ils avaient finis par oublier depuis deux mois qu’ils se promènent dans l’hémisphère austral. Le passage de l’équateur, s’il a un caractère symbolique évident annonce surtout l’une des deux dernières difficultés à négocier avant l’arrivée en Vendée. Il y a fort à parier que les navigateurs du Vendée Globe sont plus préoccupés par les caprices du pot-au-noir que par le fait de voir à nouveau les chiffres des latitudes croître à nouveau sur leur compteur. D’autant que celui-ci s’annonce hors norme cette année : positionné usuellement aux abords du 5ème ou 6ème degré nord, il semble s’étendre jusqu’aux limites de l’hémisphère sud et manifeste un caractère anormalement actif aux longitudes de la flotte sur le chemin du retour. Il reste que le matelas que chacun des trois premiers possède sur son poursuivant immédiat devrait leur permettre de gérer ce passage sans trop d’inquiétudes. Il s’agira plutôt d’être prudent, de ne pas se faire piéger par une brusque montée des vents sous un grain, accepter de perdre quelques milles en jouant la sécurité plutôt que la gagne.

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Steve White approche du Horn
Ce qui disparait peu à peu du quotidien des solitaires, ce sont ces écarts de route forcés qu’ils ont subi dans les mers du sud quand, emporté par une vague un peu plus puissante que les autres, le bateau partait en survitesse et finissait sur la tranche… Les petits écarts de conduite restent dans l’ordre du plus que raisonnable, quand on fait une entorse à son régime ascétique pour s’offrir un verre d’une bonne bouteille où que l’on abandonne les règles monastiques qui président aux journées pour s’offrir une petite douceur, telle la tablette de chocolat retrouvée par hasard au gré d’un rangement du bateau. Restent sûrement quelques écarts de langage quand tombe un classement particulièrement décevant où que l’on a raté une manœuvre pourtant répétée cent fois… La course au large suppose aussi quelques petites contrariétés. Toujours pas d’écarts significatifs en tous les cas, entre Arnaud Boissières (Akena Vérandas), Brian Thompson (Bahrain team Pindar) et Dee Caffari (Aviva). Ces trois-là vont avoir des histoires à se raconter dans les bars de La Chaume et nul doute qu’ils sauront trouver le langage adéquat pour le faire. Steve White (Toe in the water) s’apprête, quant à lui, à faire route vers le nord après le passage du Horn. Enfin, Raphaël Dinelli (Fondation Océan Vital) et Norbert Sedlacek (Nauticsport-Kapsch) ont trouvé la vitesse de croisière qui convient à leur navigation collée-serrée. Pour eux, le Horn est encore loin. Quand ils franchiront le Cap Dur, il y a de fortes chances que le Vendée Globe ait déjà consacré son nouveau roi. Un océan d’écart, c’est parfois un monde.

Classement à 5h00 :
1- Michel Desjoyeaux (Foncia) à 3376,9 milles de l’arrivée
2- Roland Jourdain (Veolia Environnement) à 494,6 milles du premier
3- Armel Le Cléac’h (Brit Air) à 1119,2 milles du premier
4- Sam Davies (Roxy) à 1943,8 milles du premier
5- Marc Guillemot (Safran) à 2100,7 milles du premier
6- Brian Thompson (Bahrain Team Pindar) à 2814,3 milles du premier
7- Arnaud Boissières (Akena Vérandas) à 2873,3 milles du premier
8- Dee Caffari (Aviva) à 2891,8 milles du premier
9- Steve White (Toe in the water) à 3839,6 milles du premier
10- Rich Wilson (Great American III) à 5278,2 milles du premier
11- Raphaël Dinelli (Fondation Océan Vital) à 6971,5 milles du premier
12- Norbert Sedlacek (Nauticsport-Kapsch) à 6976,4 milles du premier