Aux longues heures de près, succèdent maintenant les grandes cavalcades sous spi ou sous gennaker. Finalement la course au large a parfois des allures de retour à une sorte de posture primitive. Dormir, manger, se laisser bercer par la musique de la coque qui surfe sur les vagues, jusqu’à ce que le choc d’une vague rappelle qu’on est engagé dans une course de vitesse. Sur le pont, on continue de faire marcher au plus vite avec l’objectif de gratter des milles sur la concurrence.
A bord de Safran, Marc Guillemot et Charles Caudrelier ont forcément la tentation de regarder dans le rétroviseur de leur monocoque, le retour de Kito de Pavant et François Gabart (Groupe Bel). Le train d’enfer mené par les deux leaders auquel s’accrochent avec vaillance Mike Golding et Javier Sanso (Mike Golding Yacht Racing) les met provisoirement à l’abri d’un retour inopiné de leurs poursuivants. D’autres ont tout autant intérêt à progresser au plus vite : ainsi Victorien Erussard et Loïc Féquet (Guyader pour Urgence Climatique) mettent-ils les bouchées doubles, non pour tenter de grappiller des places, mais pour échapper à l’anticyclone qui se reconstitue dans leur nord et pourrait bien les engluer dans des calmes.
Prince de Bretagne, la double peine ; Hugo Boss, la déchirure
Pour d’autres, ces problématiques ne sont pas d’actualités. L’équipage de Prince de Bretagne, pour la deuxième fois, a vu son rail de grand-voile s’arracher dans le mauvais temps. La réparation initiale a tenu, mais c’est juste au dessus que le mal s’est manifesté cette fois. Dans leur malheur, Hervé Cléris et Christophe Dietsch se consolent en constatant que leur routage les amenait à proximité immédiate de Madère. L’île portugaise, voire les Canaries, devrait consacrer un troisième arrêt pour le trimaran des légumiers bretons.
Alex Thomson et Ross Daniel n’auront même pas de deuxième chance : après être passé sans encombre majeur au plus fort de la tempête, leur monocoque a percuté un objet flottant provoquant une déchirure d’environ 1,50m sur son flanc tribord. Après avoir pompé toute la nuit, les deux navigateurs ont choisi de retourner vers les Açores et ont notifié leur abandon auprès du comité de course. Ils devraient atteindre Horta jeudi prochain, 19 novembre.
Ils ont dit :
Charles Caudrelier – Safran – 1er au classement Imoca de 11h
« On a perdu un peu de distance cette nuit, ça nous énerve un peu. Les autres ont bien navigué. Comme on a empanné plus tôt, ça leur a permis de perdre de la distance, on y a perdu une dizaine de milles mais ce n’est pas grave. C’est bien d’être en tête mais le problème, c’est d’y rester ! C’est très frustrant de penser qu’on peut se faire battre. Il nous reste 8 jours de mer, 4 jours très compliqués et sûrement de nombreuses options, plus ou moins risquées qui vont se dessiner. Je ne connais pas bien Mike Golding, mais je connais Kito et je sais que lui, il va jouer !»
Alex Pella – W Hotels – 9ème au classement Imoca de 17h
« Au début on n’était pas du bon côté, on a été obligé de se recaler un peu. On navigue sur l’ancien bateau de Jean-Pierre Dick et la passation du bateau s’est très bien passée, notamment lors du Tour de l’Europe. On s’est entrainé depuis le mois de mars, on en a bien profité. On remplit notre carnet de notes pour la Barcelona World Race 2010, c’est notre prochain objectif. On n’a pas encore pu se reposer entre les coups de vent et les options. On commence tout juste à récupérer un peu. »
Classement à 17 heures :
IMOCA 60
1 Safran (M Guillemot – C Caudrelier) à 2512,4 milles de l’arrivée
2 Groupe Bel (K de Pavant – F Gabart) à 28,1 milles du premier
3 Mike Golding Yacht Racing (M Golding – J Sanso) à 70 milles du premier
4 Veolia Environnement (R Jourdain – JL Nélias) à 309,4 milles du premier
5 Foncia (M Desjoyeaux – J Beyou) à 311,1 milles du premier
Multi 50 :
1 Crêpes Whaou ! (FY Escoffier – E Le Roux) à 2957,3 milles de l’arrivée
2 Guyader pour Urgence Climatique (V Erussard – L Féquet) à 692,6 milles du premier
3 Région Aquitaine Port-Médoc (L Roucayrol – A Alfaro) à 742,3 milles du premier