A toi, à moi. Le duel insensé que se livrent les deux anciens Figaristes en tête de course n’en finit plus… et toujours à grande vitesse, proche des 400 milles par jours, une barre qui était exceptionnelle jusqu’à ce septième Vendée Globe et qui devient presque banale sur celui-ci. L’immense pays-continent australien a été avalé en trois jours. Armel Le Cléac’h et François Gabart sont à égalité, les 18 milles qui séparent le “bateau-banquier” du “bateau-assureur” ne pèsent rien au regard de ce qui se dresse devant les étraves : l’immensité du Pacifique Sud. Et l’océan qui mène au cap Horn s’annonce potentiellement complexe, peut-être autant que l’Indien ? Car après l’ex cyclone Claudia, voilà qu’on annonce sur la route son cousin germain : Evan, cyclone tropical qui pourrait bien décider d’aller se balader du côté de la Nouvelle Zélande et mettre à son tour un joli petit bazar dans les cartes isobariques… Si ça donne le même résultat que dans l’Indien (mais ce n’est absolument pas écrit à l’avance), voilà qui promet.
Surveiller le timing à l’aplomb d’Hobart
Toujours est il que d’un point de vue comptable, les écarts très marqués derrière les leaders n’ont guère évolué ces dernières 24 heures. Jean-Pierre Dick (Virbac-Paprec) est toujours 3e à environ 400 milles, le duo composé d’Alex Thomson (Hugo Boss, 4e) et de Bernard Stamm (Cheminées Poujoulat, 5e) est à un peu plus de 850 milles : les routes de ces trois là devraient converger à moyen terme, d’ici quelques jours et l’écart latéral entre eux (550 milles) se réduire. Car il faudra bien que Dick s’acquitte à son tour de la porte Australie Est en remontant vers le nord pendant que Thomson et Stamm en “descendent”… ne serait-ce que pour parer la Tasmanie puis la Nouvelle-Zélande. Cela à un petit côté pratique : le timing à la verticale de Hobart sera finalement le plus pertinent pour mieux quantifier le retard des uns et des autres sur les deux hommes de tête.
Sanso revient vers “les tontons”
Derrière, Jean Le Cam (Synerciel) emmène toujours le groupe autoproclamé “tontons flingueurs” (devant Mike Golding et Dominique Wavre), qui est lui aussi à une porte baptisée “Australie”… sauf que c’est celle de l’ouest, 1500 milles (2780 km donc) derrière le duo des meneurs. En théorie, leur timing fait que ce sont de nouveau eux les plus menacés par Evan, d’ici quelques jours. Un fait notable : le retour de l’Espagnol Javier Sanso (Acciona). “Bubi” a mis du charbon dans une mer mal pavée ces derniers jours et est revenu comme une balle sur le Mirabaud de Dominique Wavre (8e à 1850 milles), qui n’est plus que 160 milles devant lui. Arnaud Boissières (Akena Vérandas) complète le Top Ten avec 2500 milles de débours. Bertrand de Broc (Votre nom autour du monde) est en train de s’acquitter de la Porte Amsterdam et pourrait bien avoir une mer et des vents musclés à affronter dans la journée, mais ce sera encore le cas aussi pour Tanguy de La Motte (Initiatives Coeur), qui navigue 500 milles à la verticale des Kerguelen. Dans un message ce matin, l’excellent Tanguy (magnifique show d’air guitar envoyé hier sur l’air de “Smoke on the Water, de Deep Purple) était rassurant : “la nuit a été cool, je n’ai pas eu trop souvent plus de 40 noeuds, mais j’ai quand même eu un peu de mal à m’endormir. Le bateau part encore dans des surfs assez virils avec des pointes de vitesse à 24/25 noeuds… Ce matin, il fait 7° dehors les vagues sont un peu plus petites qu’hier mais avec 3 ris et J3 (trinquette) ça dépote sévère et il faut vraiment bien se tenir.” On veut bien le croire.
BM
Classement de 5h
1 Armel Le Cléac’h Banque Populaire à 12 476.4 nm
2 François Gabart Macif à 18.4 nm
3 Jean-Pierre Dick Virbac Paprec 3 à 413.1 nm
4 Alex Thomson Hugo Boss à 863.7 nm
5 Bernard Stamm Cheminées Poujoulat à 931.5 nm
6 Jean Le Cam SynerCiel à 1490.5 nm
7 Mike Golding Gamesa à 1664.7 nm
8 Dominique Wavre Mirabaud à 1858.5 nm
9 Javier Sanso Acciona à 2018.5 nm
10 Arnaud Boissières Akena Verandas à 2529.4 nm