" C’est une nouvelle page qui s’ouvre. Ca va être sympa ! ", prédit Armel Tripon, skipper de "Gedimat". En tête depuis six jours maintenant, le Nantais a, comme prévu touché la bascule de vent au secteur Ouest Nord-Ouest. Il fait actuellement cap au Sud, poussé par 12-13 noeuds de vent. " Je me positionne par rapport à l’anticyclone. C’est difficile de savoir comment il va se déplacer. Ca devrait néanmoins passer ", assure Tripon qui espère échapper au piège qui va se refermer dans la journée de demain. " Si c’est le cas, je devrais récupérer rapidement de bonnes vitesses. Ensuite, j’aurai a priori un meilleur angle pour rejoindre Marie-Galante que ceux au Sud. Tout ça, c’est plutôt plaisant. Il y a du jeu à fond ! Rien n’est figé, c’est intéressant ", poursuit-il. " Et puis, si ça passe au Sud, ça passe au Sud… Pour gagner, il faut parfois accepter de perdre ". Accepter de perdre, c’est ce qu’ont fait les partisants de l’extrême Sud en rallongeant considérablement la route – à ce jour, ils ont parcouru environ 500 milles de plus que les tenants de la route directe – et aujourd’hui, ils commencent à tirer les bénéfices de leur option. Ils naviguent en effet dans un alizé de plus en plus régulier – entre 15 et 25 noeuds – en empannant régulièrement en fonction des petites rotations de vent. " Le vent est bien rentré et dans le bon sens. Cela me permet de faire route directe. En descendant très au Sud, j’ai perdu quelques milles et j’espère bien les récupérer " commente Nicolas Troussel ("Financo"). Objectif : avancer, la poignée dans le coin, pour combler le retard accumulé jusqu’ici. Ce vendredi à 15h, ils ont entre 200 et 250 milles de retard sur les leaders par rapport à la distance à l’arrivée. La bonne nouvelle, c’est que depuis ce matin, leurs vitesses de rapprochement au but avoissinent les 180 milles – c’est le cas notamment de Charles Caudrelier ("Bostik") et Thomas Rouxel ("Défi Mousquetaires") – alors que celle d’Armel Tripon, par exemple, stagne autour de 100 milles. " Je ne sais pas encore si ça va continuer comme ça longtemps. Les fichiers ne sont pas mauvais mais la réalité peut-être complètement différente ", temporise toutefois Troussel.
Pour les autres, " la situation n’a rien d’évident ! ", comme dit Gildas Morvan. Le skipper de "Cercle Vert" le sait, l’anticyclone va se centrer vers le 26N 43W. Cela signifie que tous les voiliers qui vont se trouver dans les parages de cette position vont être très ralentis. En revanche tous ceux qui auront réussi à s’échapper au sud du 25e nord toucheront un alizé qui se renforcera régulièrement en descendant vers le Sud. " Il est encore difficile de prévoir l’étendue de cet anticyclone mais il ne fera pas bon tomber dans ses griffes. Cela va se jouer à quelques milles près. Ils vont tous fuir devant l’anticyclone qui s’étendra derrière eux ou sur eux ! " analyse Louis Bodin, le météorologue de la course. " Il faudra que les Nordistes descendent très Sud pour ne pas être bouffés par l’anticyclone. Nous, c’est un peu pareil. J’ai un peu peur d’avoir du mal à traverser cette zone. On est dans une phase de transition. C’est délicat car il y a des molles dans tous les sens. Au Sud en revanche, ils vont avoir de plus en plus de vent et ils vont en profiter pour cavaler." En effet, dimanche l’alizé semble s’établir jusqu’au 25e Nord entre 20 et 25 nœuds pour les ultra sudistes. C’est un véritable alizé qui a l’air de revenir alors que pour les Nordistes nous entrerons dans les heures capitales de la course puisqu’au nord du 25e les vents ont l’air de rester bien faibles. " Difficile d’être précis. Est-ce qu’il y aura 2, 5 ou 10 noeuds c’est trop tôt pour le dire. Dans tous les cas, cela fera une journée de plus où les ultra sudistes pourront combler une nouvelle partie de leur retard ", poursuit Bodin. " En revanche pour les jours suivants l’alizé semble vraiment s’installer pour tout le monde. Les écarts seront plus difficiles à combler. "