Le fait que Kojiro ait eu son bateau entre les mains en mai dernier seulement et qu’il naviguait pour la première fois à bord d’un 60 pieds Open n’aura pas attendri la nature qui a malmené la flotte. Et même s’il ne faisait pas partie des favoris, Kojiro Shiraishi a formidablement su tirer son épingle du jeu, surmontant les plus extrêmes des conditions quand les plus modernes des bateaux n’en faisaient pas autant. Il a su trouver le parfait équilibre entre performance et sécurité, naviguant finement et tactiquement et démontrant ainsi qu’il avait sa place chez les grands.
En direct des pontons, Kojiro a confié : « Je suis très très honoré de finir second et d’arriver après Bernard. Je suis également très reconnaissant du travail que mon équipe a fourni. Le pire moment de la course a été le début pour moi. J’avais le mal de mer et c’est là que nous nous sommes retrouvés dans la tempête. Du coup les premiers jours de course ont été un vrai cauchemar pour moi. Je ne m’attendais pas à me retrouver dans 70 nœuds de vent, ni à utiliser si tôt mon tourmentin ! J’ai l’impression d’être déjà réhabitué à la vie à terre mais je n’y aurai vraiment repris goût qu’après avoir pris une douche et avoir trempé mes lèvres dans une bière bien fraîche ! Concernant mon état général, je me sens bien et je me suis senti constant tout au long de cette étape. J’ai perdu plus de poids que je ne le pensais. Mais contrairement à Bernard qui n’avait plus rien à manger, j’ai encore au moins de quoi faire une autre étape sur les réserves qu’il me reste ! ». Revenant sur le sauvetage d’Alex Thomson par Mike Golding, Kojiro s’est dit être « vraiment triste et désolé de ce qui leur était arrivé. J’admire le courage de Mike. Au final, ce dramatique sauvetage ne me fait que me conforter dans ma devise « safety first ». Car ma priorité reste de finir cette course et de boucler ce tour du monde. Nous allons maintenant établir la liste des réparations, qui ne sont pas majeures, et voir ce qu’il reste en banque pour s’y atteler ! ».
Kojiro Shiraishi a bouclé la première étape de la couse en 46 jours, 2 heures, 0 minutes et 27 secondes. A son arrivée, Kojiro a notamment retrouvé son équipe et de nombreux médias venus du Japon. Ne perdant pas de temps il s’est vite attaqué à un plateau de sushi et de sashimi, accompagné de champagne et saké. Bernard Stamm, qui lundi dernier a remporté cette première étape était également sur les pontons pour accueillir le japonais en Australie. Bernard a commenté la performance de Kojiro : « Il a vraiment fait une course super propre et a réussi à passer toutes les difficultés sans s’arrêter. Ayant eu son bateau assez tard et ne le connaissant donc pas depuis longtemps, il parvient visiblement bien à le faire marcher. Kojiro a très bien géré la course et il est définitivement un concurrent à surveiller ». David Adams, le directeur de course a commenté « Kojiro a fait une fantastique course. Le fait qu’il ait survécu à la tempête est une parfaite démonstration de son sens marin et de ses incroyables ressources et capacités ».
La performance du japonais est d’autant plus remarquable qu’il navigue à bord d’un bateau n’ayant pas les technologies de pointe qu’ont ses concurrents. SPIRIT OF YUKOH, l’ancien Temenos de Dominique Wavre, est en effet le seul de la flotte à ne pas avoir de quille basculante. A défaut, Kojiro Shiraishi doit donc utiliser un système de ballast. Cela représente pour lui un surplus de poids et donc un désavantage de vitesse, mais aussi de simplicité de manœuvre. Après avoir quitté Bilbao en se frayant un chemin au cœur de la tempête rencontrée dans le Golfe de Gascogne, Kojiro a démontré sa force et détermination. Et alors que le reste de la flotte s’arrêtait pour réparer les dommages causés par les conditions dantesques de ces premiers jours de course, Kojiro Shiraishi et Bernard Stamm étaient les seuls skippers à s’en sortir quasi indemnes.
Kojiro Shiraishi est arrivé en Australie trois jours seulement après Bernard Stamm. Il va maintenant se concentrer sur les réparations à effectuer à bord de SPIRIT OF YUKOH pour que le bateau soit prêt à prendre le départ de la seconde étape vers Norfolk (Virginie, USA) qui aura lieu le 14 janvier prochain. La seconde étape de la VELUX 5 OCEANS a la réputation d’être la plus dure de la course.
Source Velux 5 Oceans