Jeanne Grégoire a la hargne

Banque populaire Jeanne Gregoire
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Jeanne Grégoire n’est plus la même. Pour ceux qui l’ont croisée en 2000-2001, elle s’est métarmophosée. On se souvient en effet d’une jeune femme un peu "fofolle", ne tenant pas en place. "J’étais jeune, c’était l’époque Mini", dit-elle dans un éclat de rire. Entre temps, cette régatière, née il y a 30 ans en Picardie, a compris "qu’à défaut d’avoir du talent, il fallait travailler".
 
Rencontres importantes
Alors, depuis 2004, année où elle remplaça Pascal Bidégorry, blessé, à la barre du Figaro "Banque Populaire", elle a répété ses gammes. Inlassablement : "J’ai commencé par les manœuvres. L’année suivante, je me suis consacrée à la préparation mentale et à la météo. L’an passé, ce furent la préparation physique et encore la météo car j’aime bien ce domaine".
Au cours de ces trois années Figaro, Jeanne a également croisé le sillage de deux marins qui lui ont "beaucoup apporté". A commencer par l’Anglaise Samantha Davies avec laquelle elle a terminé 6e de la Transat AG2R 2004 : "Elle m’a appris à naviguer avec le sourire, à me faire plaisir sur l’eau, à positiver. Oui, Sam est arrivée au bon moment".
Puis ce fut le tour de Gérald Véniard qui l’épaula l’an passé entre Concarneau et Saint-Barth’ : "Avec Gérald, j’ai énormément appris sur les réglages : c’est quelqu’un de très fin dans ce domaine".
 
L’étape de Dingle
Ravie de monter sur le podium aux Antilles, Jeanne Grégoire s’offre quelques mois plus tard une étape d’anthologie sur la Solitaire Afflelou – Le Figaro. Alors que les concurrents montent vers Dingle en Irlande, elle hisse fièrement son "Banque Populaire" en tête de la flotte, imprimant un rythme soutenu dans le vent fort et tenant à distance les gros bras de la série.
"Oui, j’aurai pu la gagner celle-là !" Elle aurait dû… sans cette maudite pétole à l’approche des côtes irlandaises qui a injustement redistribué les cartes, ruinant du même coup ses espoirs de victoire : "La pétole, c’est mon point faible mais cette expérience à Dingle m’a énormément servi. J’ai compris pas mal de choses".
Elle pige qu’elle a les capacités pour titiller les meilleurs. Qu’elle a maintenant le droit de viser le podium sans que cela fasse rire ses adversaires.
 
"J’aime le solitaire"
 Aussi, elle débarque sur ce Trophée BPE avec un capital confiance énorme. Et une envie de confirmer cette belle saison 2006. "Sur cette transat, j’ai deux objectifs : faire ma route et réussir à maintenir une cadence élevée". En clair, ne pas se soucier des autres. Et si, à l’arrivée, le résultat n’est pas à la hauteur, elle se remettra au boulot. "Tant que je n’aurais pas atteint mon but…"
Celle qui rêve humblement d’être "considérée comme un vrai marin" ne baissera jamais les bras. "J’aime naviguer, j’aime le solitaire et j’aime quand ça dure longtemps".
Ça tombe bien car entre Belle-Ile et Marie-Galante, il y a 3.500 milles. Soit entre 20 et 25 jours de mer.
 
Philippe Eliès

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