Chez les 60 pieds Imoca (18,28 m), la lutte sera terrible. Sur les douze engagés, la concentration de stars de la voile – héros des précédentes éditions de la Transat Jacques Vabre, du Vendée Globe, d’Around Alone ou de La Solitaire – est impressionnante. De Roland Jourdain et Ellen Mac Arthur (Sill et Veolia) à Jean-Pierre Dick et Loick Peyron (Virbac-Paprec) jusqu’à Jean Le Cam et Kito de Pavant (Bonduelle), en passant par Bernard Stamm et Yann Eliès (Cheminées Poujoulat) ou encore Anne Liardet et Miranda Merron (Roxy) et bien sûr Mike Golding et Dominique Wavre (Ecover), tout le gratin de la course océanique s’active autour du bassin Paul Vatine, en attendant le grand saut de samedi.
Bien difficile en l’espèce de distinguer les favoris de ceux qui le sont un peu moins. Pour tenter quand même, honneur au seul navigateur brésilien de la course, Walter Antunes. En compagnie du Français Raphaël Coldefy, il va courir sur Galileo, monocoque flambant neuf à ballasts et quille orientable, construit de ses mains. Voici donc l’idée que Walter se fait des forces en présence : « Selon moi, il y a quatre bateaux vraiment grands favoris : Sill et Veolia, Bonduelle, Ecover et Virbac-Paprec. L’objectif pour nous avec Galileo sera de tenter de prendre la 5e place, ce qui serait déjà un excellent résultat. »
On ne trouvera personne pour démentir parmi les quatre favoris cités. Tous sont là pour la gagne… A commencer peut-être par Roland Jourdain et Ellen Mac Arthur, légendaires rivaux autour du monde et cette fois associés sur une monture désormais éprouvée, victorieuse de la dernière Calais Round Britain Race. Pour Mike Golding et Dominique Wavre, autres figures du Vendée Globe, c’est clair également : « nous faisons partie des quatre ou cinq bateaux qui ont le potentiel pour gagner », assure sans détour Dominique. « L’ambiance au Havre est déjà fantastique avec tout ce public, j’aimerais bien voir ce que ferait une victoire à Salvador de Bahia », sourit Mike « Goldinger », l’homme qui sait naviguer sans sa quille quand les circonstances l’imposent…
Pas de chichi non plus chez Jean-Pierre Dick et Loïck Peyron qui ambitionnent « le podium et pourquoi pas aussi bien que la dernière fois », sachant que Jean-Pierre Dick est le tenant du titre de la Transat Jacques Vabre… Et que dire des duos Jean Le Cam – Kito de Pavant (Bonduelle) et Bernard Stamm – Yann Elies (Cheminées Poujoulat), double alliance de deux des plus talentueux circumnavigateurs et de leurs homologues en classe Figaro, Trophée Jules Verne en prime pour Bernard et Yann ? Eux aussi seront extrêmement dangereux. « On espère que les modifications apportées au bateau seront bénéfiques, ça a l’air d’aller, si on a bien réfléchi ça devrait payer» assure le roi Jean. « Avec Yann nous sommes complémentaires et on part pour la meilleure place possible », plaisante Bernard Stamm.
Attention aux filles encore : le Roxy d’Anne Liardet et Miranda Merron n’est autre que l’ex-PRB double vainqueur du Vendée Globe. Sur Pro-Form, Marc Thiercelin et Eric Drouglazet (tiens, encore un Figariste, vainqueur cette année du Trophée BPE Saint-Nazaire-Cuba) seront des outsiders on ne peut plus sérieux, tout comme le Britannique Brian Thomson et l’Australien Will Oxley sur Skandia.
Une formidable bagarre tous azimuts s’annonce donc, à laquelle tenteront de participer aussi les jeunes et talentueux Jean-Baptiste Dejeanty et Alexandre Toulorge sur Région Basse Normandie Maisonneuve, l’increvable Hervé Laurent et son complice Laurent Massot sur UUDS et enfin Joe Seeten et son alpiniste de coéquipière italienne Cecilia Carreri sur Mare Verticale. Tous tendus vers le même objectif : aller vite au bon endroit et rallier dans le wagon de tête voire mieux Salvador de Bahia, en route « directe » – sans aller virer l’île de l’Ascension comme les multicoques. En 2003, Virbac n’avait mis que 16 jours, 15 heures et 18 minutes pour rafler la mise, à une moyenne de près de onze nœuds sur la route théorique. Il va y a voir du sport…
Monocoques Classe 2
Six bateaux dans cette seconde catégorie des monocoques classe deux (50 pieds soit 15,24m).. et la benjamine de la course, Servane Escoffier (24 ans) qui part avec le très expérimenté Bertrand de Broc, qu’on ne présente plus, sur Vedettes de Bréhat. Un bateau au palmarès impressionnant : vainqueur de la dernière Transat Jacques Vabre, vainqueur d’Around Alone, vainqueur de la Route du Rhum… Alors, favorite Servane ? « Je ne crois pas, non, c’est très ouvert. Moi je pense que quatre bateaux peuvent gagner, dont deux n’étaient pas là à la précédente édition. Pour moi Artforms, Gryphon Solo et Défi Vendéen seront des adversaires redoutables. Alors avec Bertrand, on n’est pas favoris… mais on veut bien gagner quand même si jamais l’occasion de présente ! »
Pour la petite histoire, Servane Escoffier participera à sa deuxième Transat Jacques Vabre, cette fois contre son père Bob qui, lui, reste fidèle à son vénérable Adecco-Etoile Horizon, bateau de course-croisière au surprenant gréement aurique. « Nous ne sommes pas vraiment rivaux, donc, mais c’est sympa d’être sur la même ligne de départ », sourit la jeune Malouine. Si les Britanniques Paul Metcalf et Ryan Finn partent eux aussi surtout pour l’aventure sur leur bateau conçu pour la Route du Rhum de 1990, Servane et Bertrand de Broc auront donc trois grands adversaires : le duo Joe Harris-Josh Hall sur Gryphon Solo (bateau 2e des 50 pieds sur Around Alone 2002), Jean-François Durand et Karen Leibovici (tiens, encore une héroïne du Vendée Globe) sur Défi Vendéen et – sans doute le plus dangereux de tous – Artforms, skippé par l’Américain Kip Stone et l’architecte Merfyn Owen, sur le bateau vainqueur de The Transat 2004. « Ils ont un mât plus haut, une dérive plus profonde, ça cause…», sourit Servane Escoffier. Chez les 50 pieds aussi, la lutte sera chaude. Tant mieux pour le spectacle.
Source Transat Jacques Vabre