Giraglia Rolex Cup, l’heure des comptes

Alfa Romeo 2
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Avec Russell Coutts à la tactique d’Artemis, le Swan 601 de Torbjorn Tornqvist, l’équipage surentraîné de Neville Crichton, et encore bien d’autres noms figurant parmi les meilleurs régleurs, tacticiens ou barreurs du monde des courses au large, la Giraglia  Rolex Cup 2006 s’annonçait comme une grande édition.
Les conditions météos semblaient prédire un nouveau record de la course par Alfa Romeo, et les maxis devaient s’imposer au classement général. Mais, ce qui aurait dû être une promenade de santé pour la plupart des participants s’est révélé être un long chemin, parsemé de pièges et d’obstacles.
 
Avant d’en découdre avec la Méditerranée, l’ensemble des équipages engagés a régaté pendant 3 jours sur les eaux tropéziennes.
 
La première manche des régates côtières de la  Giraglia Rolex Cup a donné l’occasion aux professionnels, aux amateurs et aux spectateurs de jauger la qualité exceptionnelle du plateau.
La première découverte a été la facilité avec laquelle Alfa Romeo glisse sur l’eau et engrange les milles. Avec une vitesse proche de celle du vent, le 98 pieds dessiné par le cabinet californien Reichel/Pugh disposait de sérieux atouts pour partir à la conquête de son ancien record (22h13mn48s établit en 2003). La seconde surprise, et non la moindre, est le très bon résultat d’Aurora, un canard 41, propriété de l’italien Paolo Bonomo, qui se classe premier en temps compensé devant de nombreux équipages professionnels. « Nous sommes venus ici pour gagner. Cela fait 30 ans que nous naviguons entre amis », commentait le skipper propriétaire d’Aurora.
 
Dans le groupe B, la bataille pour la première place a été très disputée dès la première journée. Synergy, le voilier russe d’Alexei Nikolaev et Despeinada, de l’italien Italo Borrini se départageaient pour 10 petites secondes. Ala Bianca, le Polaris 33 de Camillo Capozzi, contrataquait fort avec tout juste 11 secondes de retard sur le second, Despeinada. Les conditions lors de cette première manche ont été plus que favorables pour les petites unités. Un vent régulier entre 14 et 17 nœuds, une mer calme et un système de handicap qui leurs permettaient d’accéder aux premières places.
 
 
 
Confiants, les organisateurs ont décidé d’un parcours plus long que la veille pour la seconde manche. La flotte, qui a pris son élan dans un vent de secteur est de 10 nœuds, s’est retrouvée piégée, après quelques heures de course, sur un parcours à moitié achevé et un vent qui avait totalement faiblit. Après délibération, le comité de course a décidé de réduire le parcours. Les maxis et supers maxis ont été les seuls à sortir leur épingle du jeu et en ont profité pour refaire leur retard au classement général provisoire. Alfa Romeo s’offre, quant à lui, un très beau doublé : la victoire en temps réel et en temps compensé. Troisième de la régate du jour, Atalanta II accède à la première place du classement provisoire avec 11 points, devant Edimetra VI et Artemis.
« J’éprouve un réel plaisir à naviguer à Saint-Tropez. J’ai, à plusieurs reprises, régaté ici mais dans des conditions pareilles, jamais ! », confiait Russel Coutts, tacticien d’Artemis.
Avec 12 voiliers à l’arrivée sur 119 au départ, les concurrents du groupe B ont vraiment souffert au classement général. 3 IMX 40 occupent les premières places du classement, Clean Energy, Maluba et le français Magic Simca de Laurent Lavaysse.
 
La dernière journée aura très certainement offert les plus belles conditions et le parcours de 19 milles arrêté par un comité de course échaudé, a frustré plus d’un équipier qui aurait bien ajouté une dizaine de milles à cette superbe manche.
Au classement, Mad IV, le Grand Soleil de Clive Llewellyn, remporte la manche en temps compensé. Alfa Romeo termine la régate sous foc seul suite à la rupture d’une pièce de bastaque. Dans le groupe B, les russes de Synergy font le doublé et s’imposent comme les grands favoris pour la victoire finale à Gênes. Dans le groupe A, Carlo Puri Negri, sur Atalanta II, s’impose dans les régates côtières devant Edimetra et Brave.
 
Dès le lendemain matin, toute l’attention des skippers et des tacticiens s’est tournée vers la météo. Les conditions s’annonçaient idéales sur le parcours et devaient rapidement mener les 198 voiliers au départ vers Le Levant et la Giraglia. Bien décidé à battre son propre record, Neville Crichton affichait clairement ses ambitions.
« Nous avons optimisé le bateau de la meilleure façon. Nous sommes ici pour l’emporter en temps réel mais surtout pour établir un nouveau record sur la distance. Je ne sais pas à quelle place nous allons finir au classement en temps compensé mais peu importe, le record et une priorité. »
« Nous devons impérativement naviguer le plus vite et le plus loin possible car, à la tombée de la nuit, le vent disparaîtra », analysait très justement Crichton, car dans la nuit de mercredi à jeudi, les concurrents ont subi de plein fouet l’absence d’Eole.
A bord d’Artemis, Russell Coutts étudie la situation : « La stratégie est ici très importante. Le but est de naviguer, même à petite vitesse, en allant chercher les moindres risées. Si nous avons 5 nœuds de vent tandis que nos adversaires évoluent dans 2 nœuds, nous serons capables de creuser rapidement l’écart. »
 
Après une remontée mouvementée sur Gênes et une nouvelle zone de calme, 12 milles avant la ligne d’arrivée, Alfa Romeo coupait la ligne en vainqueur mais sans nouveau record. « Nous avons navigué à 20 nœuds maximum, mais glisser sur l’eau à 14 nœuds quand le vent souffle à 7 nœuds, c’est magique ! », s’amusait Michael Coxon, tacticien du team Alfa Romeo.
 
A l’arrière de la course et avec le retour d’un vent providentiel, le gros de la flotte faisait une belle remontée et allait créer la surprise. A 9h30, vendredi matin, Ala Bianca, un Polaris 33, coupait la ligne d’arrivée en grand vainqueur. En 1997, Camillo Capozzi avec ce même bateau et ce même équipage s’était déjà imposé. « Une victoire est toujours agréable mais remporter de nouveau cette course avec le même bateau et neuf ans plus tard, je ne sais franchement pas quoi dire… Je n’ai pas de mots pour dire ma satisfaction, c’est gigantesque ! » Cette victoire est le résultat d’une navigation dans des conditions optimales pour les unités de moins de 45 pieds.
 
Les maxis ont par deux fois été stoppés dans leur course, tandis que les plus petites unités ont pu allonger la foulée pour rejoindre Gênes sans difficulté majeure. Au classement général en temps compensé, Aurora de Paolo Bonomo accède à la seconde place avec une heure d’avance sur le premier voilier français, Teshipa XI qui se classe troisième. Le premier Maxi, Edimetra VI, termine quant à lui à la 22è place.
Cette 54è édition de la Giraglia Rolex Cup démontre une nouvelle fois que chaque voilier inscrit est susceptible de l’emporter.
 
Source Giraglia Rolex Cup

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