Giraglia. 139 voiliers au départ de la 72e édition dans la baie de Pampelonne

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Le départ de la 72e édition de la Loro Piana Giraglia, la plus ancienne régate au large de Méditerranée a été donné pour les 139 voiliers avec un programme comprenant quatre jours de régates côtières à Saint-Tropez, du samedi 7 au mardi 10 juin, et l’étape hauturière à partir de midi le mercredi 11 juin.

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Saint-Tropez a offert des conditions idéales pour la première journée de courses côtières de la Loro Piana Giraglia, organisée par le Yacht Club Italiano en collaboration avec la Société Nautique de Saint-Tropez. Ces quatre jours de courses constituent la troisième des cinq épreuves du Mediterranean Maxi Inshore Challenge (MMIC) 2025 de l’International Maxi Association. La liste des engagés est complète, avec 139 yachts de toutes tailles et catégories. Le nombre de maxi yachts est impressionnant : 29 bateaux de plus de 60 pieds. En tête de la flotte se trouve le SWS 102′ Almagores II, propriété de Federico Borromeo, suivi de plusieurs 100 pieds tels que Scallywag, Magic Carpet E, Arca SGR, V, Galateia, et un groupe exceptionnel de 80 pieds, dont My Song (Pier Luigi Loro Piana), Capricorno, Nice, et le 72 pieds Jethou, Northstar, Proteus, le voilier à foils FlyingNikka, et un large éventail d’autres inscrits. Le plus petit de tous est le Figaro 1 Vox Sea, skippé par Gaia Pizzini, mesurant seulement 9,14 mètres.

Après un départ donné à midi, la flotte des maxis a disputé deux courses dans la baie de Pampelonne, la première dans un vent de sud de 10 nœuds avant que celui-ci ne tourne au sud-ouest et ne se renforce pour atteindre une quinzaine de nœuds. En trouvant la voie la plus dégagée à droite du parcours, s’enfoncer dans la partie ouest de la baie semblait être la stratégie gagnante aujourd’hui. Dans la première course, c’est le 100 pieds V de Karel Komárek qui a su tirer le meilleur parti de cette situation pour mener Galateia, de Chris Flowers et David M Leuschen, jusqu’à la première marque, suivi du champion en titre, le 77 pieds Jethou de Sir Peter Ogden, impressionnant troisième, devant plusieurs concurrents théoriquement plus rapides.

Au final, V l’a emporté de six secondes sur Jethou en temps compensé IRC, un résultat qui s’est inversé dans la deuxième course, où le 77 pieds britannique a terminé avec 29 secondes d’avance. La journée s’est terminée sur une note réjouissante, avec un mélange d’anciens Maxi 72 et de 100 pieds partageant le classement avec le JV80 Capricorno d’Alessandro Del Bono.

« Nous avons pris le départ près du bateau-comité, car nous voulions être parmi les premiers à nous placer à droite et à contrôler la situation, et je pense que c’était une bonne stratégie », a commenté Jean-François Cuzon, navigateur français de V, à propos de la première course. Les parcours au vent et sous le vent ont une ligne de départ située à mi-chemin du bord et une règle interdit aux bateaux de franchir cette ligne lorsqu’ils reviennent vers le vent. « C’est parfois difficile, surtout quand le vent tourne beaucoup, comme aujourd’hui. Nous avons livré une belle bataille avec Galateia. Nous passons beaucoup de temps à courir ensemble et c’est très sympa », a poursuivi Jean-François Cuzon. Dans la première course, V a profité du fait que Galateia a perdu le contrôle de sa ligne de spinnaker.

Pour la deuxième course, le vent a suivi les prévisions de la journée. « Le vent s’est levé, et avec la courbe autour de la côte et le décalage vers la droite, il fallait jouer avec ça », a poursuivi Cuzon. « Ce qui est difficile dans ces conditions, c’est de choisir la layline. Le gradient du vent n’est pas constant, donc en tant que navigateur, il faut beaucoup jouer avec les instruments pour obtenir les bonnes informations. » Dans cette course, Galateia a été le premier à atteindre la marque au vent, mais a ensuite commis une mauvaise manœuvre qui a permis à V de le dépasser.

Après les deux courses de la première journée, V mène devant Galateia et Capricorno dans la classe Maxi 100, tandis que Jethou devance North Star et Balthasar, skippé par Filip Balcaen, dans la classe Maxi Grand Prix. Alors que V et Jethou affichent un score parfait dans leurs classes respectives, ce n’est pas du tout le cas dans la classe Maxi Alpha, qui regroupe les croiseurs-course les plus rapides, où les deux courses d’aujourd’hui se sont soldées par une triple égalité entre le Botin 65 Spirit of Lorina de Jean-Pierre Barjon, le Wally 80 Sud de Maurits Van Oranje et le Mylius 60 Cippa Lippa X à quille relevable, vainqueur de la 151 Miglia, de Guido Paolo Gamucci.

Sud a remporté la première course de la journée, sans doute aidé par Benoît de Froidmont, invité à bord. Le président de l’IMA est le champion en titre ici, mais il est actuellement sans bateau, son Wally 60 Wallyño étant en réparation suite à un incident survenu lors du récent championnat d’Europe IMA Maxi à Sorrente. Dans la première course, Spirit of Lorina a réalisé un premier bord fulgurant, mais c’est Sud qui s’est imposé en temps compensé. Ce résultat a été une petite surprise, car il s’agissait de la plus légère des deux courses. « Nous avons besoin d’un peu de vent, mais le bateau est globalement bien réglé maintenant, avec un bon équipage et un bon travail d’équipe, donc c’était sympa. Nous venons de modifier le réglage du gréement, donc aujourd’hui, le bateau semblait complètement différent », a commenté Van Oranje.

Depuis 1953

Organisée pour la première fois en 1953, la Loro Piana Giraglia débute officiellement demain avec l’ouverture du Village de la Course à Saint-Tropez. Le port commence déjà à « changer de tenue » : les superyachts à moteur qui y ont élu domicile cèdent la place à une flotte spectaculaire de voiliers, petits et grands, prêts à prendre part à cet événement emblématique.

Le parcours partira de Saint-Tropez, contournera l’îlot de la Giraglia au large de la Corse et se terminera à Gênes, soit un total théorique de 241 milles nautiques.

Programme
Jeudi 5 juin : Ouverture des inscriptions ;
Vendredi 6 juin : Inscriptions – Ouverture du Loro Piana Lounge ;
Samedi 7 – Mardi 10 juin : Courses côtières – Loro Piana Giraglia Race Village avec DJ sets, boissons et remise des prix quotidienne ;
Mercredi 11 juin : Départ de la régate au large ;
Jeudi 12 / Vendredi 13 juin : Arrivée des bateaux, accueil 24h/24, Happy Hour de 18h à 21h ;
Samedi 14 juin : Cérémonie officielle de remise des prix.

Cette année, le Loro Piana Giraglia Village présente un nouvel aménagement, s’étendant le long de la digue extérieure jusqu’à la Tour du Portalet. Conçu comme un village d’équipage, il deviendra le lieu de rencontre animé de l’événement, avec remise des prix quotidienne, DJ sets et boissons chaque soir pour tous les participants de cette nouvelle édition de la Giraglia.

La Loro Piana Giraglia
La première régate de la Giraglia eut lieu le 11 juillet 1953. 22 voiliers s’affrontèrent sur le parcours Cannes-Giraglia-Sanremo, couvrant 196 milles. Dix-sept bateaux franchirent la ligne d’arrivée, et un voilier français s’imposa en un peu plus de 31 heures. Lors de la deuxième édition, les ports de départ et d’arrivée furent inversés, mais le rocher de la Giraglia resta le point de repère central, un point de repère immuable qui allait devenir un pilier du yachting mondial. Au fil des décennies, la Giraglia est devenue légendaire. Cette course allie technicité et tradition poétique, et pour de nombreux marins, elle marque un rite de passage. « J’ai fait la Giraglia » reste un symbole d’honneur dans le monde de la voile.

La participation n’a cessé de croître, tandis que les temps de parcours ont chuté de façon spectaculaire. En 2016, un record de 302 voiliers ont pris le départ. La traversée la plus rapide à ce jour a été réalisée par l’Esimit Europa 2, skippé par Igor Simcic, qui a pulvérisé le précédent record en 2012 avec un temps de 14 heures, 56 minutes et 16 secondes.

Le format de la course est resté globalement le même. Dans les années 1970, l’événement attirait régulièrement plus de 100 voiliers, parfois jusqu’à 150, un chiffre remarquable dans le secteur de niche de la course au large. Jusque dans les années 1990, le départ et l’arrivée alternaient entre la France et l’Italie. Participer était une véritable aventure : les équipages dormaient à bord, géraient leurs transferts et régatent en équipe du début à la fin.

La Giraglia a été témoin de l’évolution du bois à la fibre de verre, des voiliers à déplacement lourd aux voiliers légers et performants. Depuis 1998, le format est resté stable : Saint-Tropez mi-juin, trois jours de régates côtières dans la baie, une fête sur la plage la veille de l’étape au large, puis la course de 241 milles nautiques jusqu’à Gênes via le rocher de la Giraglia, comme l’avaient imaginé les fondateurs en 1952.

Après son 70e anniversaire célébré en 2023, la Giraglia est entrée dans une nouvelle ère. En 2024, Loro Piana est devenu sponsor titre, confirmant le prestige de l’événement et lui insufflant une nouvelle énergie. Les régates côtières ont été étendues à quatre jours et le village de la course s’est agrandi pour favoriser encore plus la convivialité entre les équipages. La formule a fait ses preuves, attirant des équipes de plus en plus prestigieuses, notamment celles en quête de records. Le record de 2012 reste invaincu, même s’il a frôlé la chute ces dernières années. Comme toujours, ce sont le vent et la météo qui décideront en fin de compte. Comme en 1953.