Epiogue

Snef cliptol
DR

« Au

- Publicité -

vu de cette Transat 2008 et compte tenu des émotions que vous nous

fournissez, je peux d’ores et déjà vous dire que l’AG2R Prévoyance sera

à vos côtés pour l’édition 2010 de cette Transat… » Yvon Breton,

directeur général délégué d’AG2R – ISICA, emporté par la vague

d’allégresse qui portait Gustavia à l’arrivée du voilier Concarneau –

Saint-Barth reflétait bien le sentiment général. Cette édition-là avait

du caractère, voire du chien. Difficile, éprouvante pour les nerfs,

indécise jusqu’au bout, elle a offert le spectacle de vingt-six

équipages qui ont usé de tout leur métier pour venir à bout de ce

casse-tête chinois. Est-ce la faute au réchauffement climatique ? Le

fait d’un dérèglement momentané ? Toujours est-il que l’édition 2008

était loin des canons habituels de ce genre de parcours : une traversée

du Golfe de Gascogne express, une descente le long du Portugal dans les

petits airs et pour couronner le tout, une traversée de l’Atlantique

inscrite aux alizés absents, tout au moins en apparence… Bref ! Tout

était en place pour offrir le scenario d’un film à grand spectacle :

des rebondissements, de l’action, de l’humour, de l’émotion, une pointe

d’angoisse parfois. Mais un bon scenario ne vaut rien sans ses acteurs.

Et ceux de 2008 ont été largement à la hauteur de leur rôle.

Taille patron, chiens fous et vieux roublards
Il

y eut tout d’abord dans le rôle du parrain, les duettistes de Financo,

Nicolas Troussel et Christopher Pratt : en tête depuis le Cap

Finisterre jusqu’à une semaine de l’arrivée, ils ont joué leur

partition avec brio. Muselant toutes les velléités des fines gâchettes

accrochées à leurs basques, ils ont, comme on dit en rugby, tenu la

baraque…. Avant de voir la cabane tomber sur le chien. La route du nord

a signé la fin d’un empire qui a vu nombre de ses troupes déserter pour

se soumettre à de nouveaux patrons.
Pour jouer les trouble-fête il

fallait des novices ou pour le moins, des acteurs peu connus du grand

public. Les deux outsiders de Concarneau – Saint-Barth ont endossé leur

rôle avec gourmandise. Vainqueurs du prologue contre toute attente, ils

se sont ensuite englués dans une stratégie un peu brouillonne jusqu’à

Porto Santo qui leur valut une place peu enviable devant Madère, avant

d’opter pour une trajectoire audacieuse qui les fit flirter avec les

îles du Cap-Vert. Comptant plus de 600 milles de retard sur la tête de

flotte, ils ne se sont jamais désunis. Ils ont aussi fait preuve d’un

optimisme volontaire qui les a autorisés à se propulser comme des

fusées jusqu’à la troisième marche du podium. Miguel Danet n’avait

aucune expérience de la course au large. Cornaqué avec subtilité par

Eric Péron, dont il faudra bien reconnaître un jour le talent, il a

croqué dans la course sans retenue. Miguel est en passe de devenir un

héros national sur l’île de Saint-Barthélemy.

Pour jouer les

vieux sages, il y avait foule aux auditions : Luc Poupon associé à

Ronan Guérin, inoxydable et taiseux, proposait de jouer sa partition

décalée à l’extrême sud de la flotte sur son Solar Inox et manquait de

remporter la mise. Jean Le Cam, associé à Gildas Morvan sur Cercle

Vert, démontrait à nouveau que, sous les faux airs de marin rustique

dont certains aimeraient bien l’affubler, il était capable de

trajectoires d’une sensibilité extrême. Enfin, Jean-Paul Mouren sur

SNEF & Cliptol Sport s’ingéniait  avec succès à canaliser la fougue

de son coéquipier de Laurent Pellecuer sur la route du sud. Opération

maraboutage réussie, puisque les deux compères emportaient au final

l’oscar de la meilleure réalisation de cette Transat AG2R 2008. Il ne

faut pas oublier non plus Bertrand de Broc qui, fort de son résultat à

l’arrivée promettait déjà de revenir en 2010 et Dominic Vittet qui

avait annoncé au départ que cette transat serait sa dernière. Armel

Tripon a peut-être été, à bord de Gedimat, le dernier des équipiers à

bénéficier des avis éclairés de Mino, mémoire vivante de la course au

large, intelligence vivace et charme confondus. Nul doute que quelque

chose risque de nous manquer sur la scène de l’Atlantique.

Bien

évidemment, il faudrait aussi citer tous les autres : ceux qui, du nord

au sud, se sont éparpillés sur plus de mille milles en latéral pour

faire vivre jusqu’au bout le suspense d’une course indécise. Jeanne

Grégoire sur Banque Populaire, toujours aussi lumineuse et franche,

dans le rôle de guide d’un jeune talent prometteur, Nicolas Lunven. Liz

Wardley, Nick Black, Phil Sharp ou bien encore David Krizek pour offrir

une pointe d’exotisme. Ou bien encore, les habitués du circuit Figaro,

les Thierry Chabagny, Franck Le Gal, Corentin Douguet et autres Thomas

Rouxel, sans qui la pièce manquerait sérieusement d’âme. Il faudrait

parler aussi de tous ceux qui ont passé des heures à la barre sous le

soleil à chercher une pointe de fraîcheur, des bonheurs retrouvés des

surfs dans les alizés. Il faudrait compter les heures passées à

déchiffrer compulsivement les fichiers météo, le plaisir indicible

d’une plâtrée de nouilles agrémentée d’une pointe de foie gras, les

rencontres impromptues avec des baleines derniers témoignages du

mystère des océans, les nuages, les oiseaux, la mer croisée, que

sais-je encore ? La Transat AG2R 2008 a tiré le rideau. La prochaine

pièce reste à écrire… Vivement l’année 2010.