Duel à distance entre Dick et Thomson

Jean-Pierre Dick Virbac-Paprec 3
DR

Avec l’abandon officiel de Bernard Stamm, il ne sont plus que 12 bateaux en course. Le skipper de Cheminées Poujoulat, après un arrêt express hier soir dans l’île du Horn le temps de faire le plein de gasoil, de charger ses batteries, de monter dans son mât pour changer une drisse, et d’avaler un petit salé aux lentilles préparé par l’amie d’Unaï Bazurko, est reparti en mer, direction les Sables d’Olonne.

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Peu de temps après le départ de Bernard, Arnaud Boissières (AKENA Vérandas) puis Javier Sanso (Acciona 100% EcoPowered) doublaient le cap Horn, en 8e et 9e position. C’est une deuxième pour « Cali » et une première en solitaire pour « Bubi ». Après José Luis de Ugarte (BOC Challenge 1990-91 et Vendée Globe 1992-1993) puis Unai Basurko (Velux 5 Oceans 2006-2007), il est le troisième marin espagnol de l’histoire à doubler le cap Horn en solo et en course. Les deux marins naviguent pratiquement à vue dans l’est de l’île des Etats, dont la géographie ne devrait plus avoir de secrets pour Arnaud qui est passé à quelques dizaines de mètres de la côte.

 Un autre duel est en train de monter en intensité : celui qui oppose Virbac – Paprec 3 à Hugo Boss. Jean-Pierre Dick et Alex Thomson ont choisi deux routes divergentes pour entamer leur remontée de l’Atlantique Sud. Le premier s’attaque à l’anticyclone de Sainte-Hélène, au près dans 15 à 20 nœuds de vent, sur une route comparable à celle des leaders. Le second est au portant, à 300 milles seulement des côtes brésiliennes et ne cesse de conquérir du terrain. Leurs chemins devraient se rejoindre d’ici une petite semaine du côté de l’Equateur.

Les leaders bientôt dans les alizés
En tête, le combat entre MACIF et Banque Populaire est pour l’heure au point mort. Vers 13h30, François Gabart a été le premier à virer dans la dorsale de l’anticyclone de Sainte Hélène. Il navigue maintenant tribord amure dans un vent qui ne va cesser d’adonner (nord-est puis est). Il sera le premier à choquer les voiles et à accélérer. Du coup, l’écart de 85 milles qui sépare actuellement les deux hommes devrait encore augmenter.

Et puis il y a des navigateurs plus solitaires que d’autres. Au nord des Malouines, Jean Le Cam (SynerCiel), bien installé en 5e position, a pour seul adversaire de gros bancs d’algues. Ces dernières heures, il a dû faire trois marches arrière pour s’en dépêtrer. Il reste encore trois hommes dans le Grand Sud. Bertrand de Broc (Votre Nom autour du Monde avec EDM projets) et Tanguy De Lamotte (Initiatives-Cœur) se sont libérés de la dernière porte de sécurité Pacifique. La voie du Horn est dégagée et balayée par des vents de secteur ouest. Dans trois à quatre jours, ce sera l’Atlantique. Enfin, Alessandro Di Benedetto doit encore jouer les McGyver. Ces derniers temps, il n’a jamais refermé sa caisse à outils. Aujourd’hui, l’axe supérieur du son safran tribord de Team Plastique a cassé. Le Franco-Italien a opéré une réparation de fortune et devra changer cette pièce dès que ses conditions de navigation seront plus calmes…

Ils ont dit

Jean-Pierre Dick (Virbac Paprec 3) : « Le vent a molli doucement après un bon coup de vent la nuit dernière. On se rapproche du point de virement. Au niveau du routage, on utilise l’anticyclone et sa courbure pour viser l’équateur mais ça va être une route assez similaire avec les leaders. Alex (Thomson) part au portant et prend une très belle option, ça relance un peu tout. Ma stratégie était bonne mais avec mon petit souci technique (ndlr : étai de solent), je ne suis plus trop dans le bon timing. Mais c’est intéressant, il va y avoir de la bagarre. »

Bernard Stamm (Cheminées Poujoulat) : « Je n’ai pas profité de mon arrêt pour me reposer. Je pourrai le faire en mer en avançant. Maintenant, on a fait le plein donc ça va. J’ai profité de la présence d’Unaï (Bazurko) pour monter dans le mât et contrôler un peu. Puis la copine d’Unaï m’avait fait un petit salé aux lentilles avec des fruits. C’était comme une renaissance. Je vais faire ça (ndlr : la remontée de l’Atlantique) comme en course. Je vais essayer de mener le bateau proprement comme d’habitude. Là, il y avait un passage difficile au niveau navigation. Naviguer les yeux fermés dans ces endroits, c’est compliqué. Dans ma tête, ça fait longtemps qu’elle (la course) est terminée pour moi. On ne gagne pas une course avec tous les problèmes que j’ai eus. Depuis plusieurs jours, j’avais plutôt en tête une navigation destinée à une mise en sécurité du bateau. »

Arnaud Boissières (FRA, AKENA Véranda) : « Il fait super beau et figurez vous que j’ai un Espagnol (ndlr : Javier Sanso) sous mon vent. Après le cap Horn, il a fait à peu près la même route que moi. Du coup, vu que le temps s’est dégagé, j’ai aperçu mon petit chorizo espagnol avec sa pointe rouge. Grâce à nos logiciels de routage, on arrive à faire nos stratégies même si ce n’est pas toujours fiable. Il faut toujours garder nos stratégies et y rester fidèle. Ça se joue dans les changements de voile et plein d’autres petits éléments. Il faut toujours y croire et y croire passionnément car la météo peut souvent varier en fonction des positions et changer la donne. »

Classement de 16h
 1         François Gabart Macif à 4869.3 nm
 2         Armel Le Cléac’h Banque Populaire à 82.4 nm
 3         Jean-Pierre Dick Virbac Paprec 3 à 351.0 nm
 4         Alex Thomson Hugo Boss à 357.4 nm
 5         Jean Le Cam SynerCiel à 1550.3 nm
 6         Mike  Golding Gamesa à 1704.5 nm
 7         Dominique Wavre Mirabaud à 1899.7 nm
 8         Javier Sanso Acciona à 1993.3 nm
 9         Arnaud  Boissières Akena Verandas à 1999.2 nm
 10       Bertrand de Broc Votre Nom autour du Monde à 3343.2 nm