Deux courses dans la course…

Eric Drouglazet sur Luisina Trophée BPE 2007
DR

" 550 milles d’écart en latéral entre les Nordistes et les Sudistes. En pourcentage, par rapport à la distance total du parcours (3 436 milles ndr), c’est considérable ", analyse Jeanne Grégoire ("Banque Populaire"). Si cette distance continue d’augmenter, les écarts entre les concurrents des deux camps commencent, eux, à largement diminuer. Car si, jusqu’ici, les bateaux situés sur la route directe avaient l’avantage au classement, la tendance commence lentement à s’inverser. Pour preuve, au classement de 15 heures hier, jeudi, Yannick Bestaven ("Aquarelle.com") pointait en 10ème position à 44 milles du leader. Aujourd’hui à la même heure, il est troisième à 34,7 milles du leader. Et cela devrait devenir de plus en plus flagrant dans les heures et les jours qui viennent.

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En effet, les Sudistes naviguent dans un flux de Nord Nord-Est soufflant entre 10 et 20 nœuds. Tous ont parfaitement compris que la veine de vent fort se prolonge vers le Sud. " Je suis bord à bord avec Gildas Morvan. On a un peu papoté ensemble par VHF ce matin. On stresse un peu car le baromètre monte doucement… Actuellement, on a toujours une bonne douzaine de noeuds mais on essaye de revenir vers le Sud pour avoir plus de vent " commentait ce midi Marc Emig ("A.ST Groupe"). " Hier, j’ai failli partir extrême Sud pour aller chercher plus de pression après le 25e Sud. J’ai vraiment hésité mais ne voyant aucun bateau prendre cette option, j’ai décidé de ne pas m’échapper et de rester au contact de la meute " expliquait de son côté Yannick Bestaven. " On est une petite poignée de bateaux à se tirer la bourre dans le Sud. Ca tactique sec ! " a t-il poursuivi. Effectivement, chacun bataille dur pour rester accrocher au paquet, être dans le match " Ces deux derniers jours, j’ai beaucoup attaqué et un peu trop tiré sur le bonhomme. Je n’ai pas dormi pendant 48 heures. Quelquefois, tu n’as pas le choix : si tu lâches la barre, tu pars en vrac ! Résultat, je me suis mis dans le rouge. Heureusement, j’ai pu un peu récupérer cette nuit et reprendre mes esprits " avouait Charles Caudrelier ("Bostik"), en début d’après-midi. Et pour cause, Eric Drouglazet ("Luisina") mène le groupe des Sudistes à un train d’enfer depuis le début de la course. " Ma grande peine est d’avoir un peu décroché. Je dors beaucoup moins pour essayer de rattraper un peu mon retard et avancer au maximum. D’ici peu, il va y avoir des petits coups à jouer, j’ai une chance de recoller à mes camarades ! " positivait néanmoins Jeanne Grégoire.

La course côté sud…
Les sudistes vont en effet passer au niveau de Madère dans un vent de Nord-est entre 10 et 20 noeuds qui aura tendance à tourner vers l’Est Nord-Est. Il va leur falloir naviguer fin pour rester sur le bord de l’anticyclone en enchainant les empannages. Ils devraient ensuite continuer à glisser sous l’anticyclone, en descendant sous le 30ème Nord. " C’est exactement la route qu’empruntaient les grands voiliers du 19e siècle pour se rendre aux Antilles car ils ne pouvaient pas faire de près ! " rappelle Louis Bodin, le météorologue de la course. Ils pourront alors choisir un cap vers l’Ouest mais en restant  très près du centre de l’anticyclone ou un cap vers le Sud-Ouest pour gagner encore vers le Sud. Et c’est demain qu’ils devraient commencer à toucher les dividendes de leur option si elle s’avère bonne.
 
La course côté nord…
Du côté des Nordistes, on ne se démonte pas. Au contraire. " Il y a trois jours, ce n’était pas vendu mais là, ça se confirme dans le bon sens. Je ne dis pas que c’est joué mais je suis content ", commentait Eric Defert ("Suzuki Automobiles"), leader au classement de 15 heures. " Je crois toujours à mon option Nord. Je n’ai pas peur d’être isolé : je ne fais pas une course en solitaire pour me retrouver avec 25 bateaux autour de moi ! " lâchait de son côté Armel Tripon ("Gedimat"). Malgré tout, difficile de prévoir l’évolution du vent dans leur secteur. Auront-ils continuer vers l’Ouest ? Probablement car l’anticyclone des Açores sera juste sur l’archipel. Ils navigueront toujours dans son Nord avec un vent probable de secteur Sud. Mais les modèles donnent finalement des vents très instables sur leur zone. Tout dépendra donc de leur vitesse de progression. "De plus, à l’approche des Açores, il va falloir être vigilant pour ne pas se planter. Ce sont des îles assez hautes et pas forcèment faciles à négocier" prévient Eric Defert.  A suivre donc…