Black Rock la nuit dernière, l’île de Saint Kilda au large des Hébrides dès demain matin, la transition entre Irlande et Ecosse se fait actuellement en douceur par une mer belle, un ciel bleu et un soleil qui a réussi à prendre le dessus sur le brouillard. Des conditions de navigation parfaites pour une jolie glisse à 7/8 nœuds de moyenne. Une phase de vitesse pure où barreurs et régleurs se relayent sur le pont pour faire avancer au mieux « la machine ». « Nous faisons cap au près, proche de la route directe, explique Gildas Morvan (VM Matériaux). Il y a pas mal de réglages à faire pour s´adapter à ce vent qui est tout de même assez variable en force et en direction. Demain vendredi, il y a une zone de molle prévue sur la trajectoire. On devrait virer de bord en milieu d’après-midi pour se recaler ». Ce long bord pour rejoindre l’Ouest de l’Ecosse et l’île de Saint Kilda propose également quelques coups tactiques/stratégiques puisque dans un vent devant tourner vers la droite, se recaler de ce côté du plan d’eau peut s’avérer très payant. Sur Akena Véranda, positionné sur une trajectoire la plus au large de toute la flotte, il ne semble pas question de multiplier les virements de bord. « On s’est aperçu que chaque virement était très pénalisant. En plus, nous ne sommes pas bons en plomberie. Cela nous arrive de remplir les ballasts du mauvais côté, raconte avec humour Gérald Veinard. On apprend, mais nous sommes assez contents de nous en ce moment ». Après diffusion des positions établies à 16 heures, force était de constater que toute la flotte progressait encore cap au Nord, à quelque 20° de la route directe.
Le jeu du chat et de la souris
La nuit dernière, il a fallu sortir les bonnets de laine et les couches de vêtements polaires. La faute à 100% d’humidité qui accentuait la sensation de froid. Heureusement, comme par enchantement, le soleil est arrivé à percer cette masse d’air cotonneuse. « On passe du soleil au brouillard avec des phases de transition très rapides, décrit Sidney Gavignet sur Delta Dore, bien revenu dans le match, passant dans la nuit de la 8ème à la 5ème place. Nous avons de bonnes sensations, le bateau marche bien. Il n’y a pas grand-chose à tenter jusqu’aux Shetlands. Nous commençons à nous restreindre côté nourriture car il y a encore pas mal de route à faire ». Comme Roxy, Cheminées Poujoulat s’est donc fait doubler par le nouveau plan Farr de Jérémie Beyou. Les deux skippers, Samantha Davies et Bernard Stamm reconnaissaient tout deux la même erreur. « Nous étions tout à notre régate avec Cheminées, explique Jeanne Grégoire (Roxy) et nous sommes allés trop à la côte. On s’est fait empétoler comme des débutants ». De son côté, Bernard Stamm avouait avoir encore du mal à trouver toutes les manettes de son bateau qu’il découvre sur cette Calais Round Britain Race. « Quand nous avons la bonne carburation, le bateau est vraiment rapide, mais il y a du boulot, notamment, avec le réglage de la dérive. Heureusement, on est plusieurs à bord et on peut discuter pour trouver le meilleur compromis. On progresse… ».
Si le soleil et le brouillard joue au jeu du chat et de la souris, il risque d’en être de même cette nuit pour rejoindre l’île de Saint Kilda. Les concurrents vont sans doute profiter des quatre heures de nuit pour « tricoter » au mieux, cela à l’insu de leurs adversaires. Avec sans doute un souhait : que le brouillard soit à nouveau de la partie pour cacher leurs attaques. Une nouvelle fois, cette cinquième nuit sera importante. « Ceux qui passeront en tête aux Shetlands prendront à nouveau un gros avantage, analyse Yann Eliès (Generali). Ils descendront ensuite au portant alors que les autres seront encore à tirer des bords ». Soit un autre coup d’accordéon à l’horizon. Les concurrents n’en sont pas encore là, à eux de profiter de l’air ambiant, de tendre l’oreille pour peut être entendre au loin le son plaintif et profond de la cornemuse écossaise.